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Vague de froid : à Strasbourg, les Restos du cœur au chevet des SDF

A Strasbourg, ce lundi soir, le thermomètre est descendu à -7°C, de quoi intensifier les maraudes des associations d'aide aux SDF, comme les Restos du cœur.

Une volontaire des Restos du Coeur apporte un repas à un sans-abri à Strasbourg, où la température est descendue à -7 degrés en soirée le 26 février 2018.

« Cette fois, ça caille vraiment ! » Soulagé, Mohamed vient d’apprendre qu’il va pouvoir dormir au chaud. Les bénévoles des Restos du cœur, en maraude à Strasbourg, lui ont réservé un hébergement, quand d’autres sans-abri vont affronter dehors la nuit glaciale.

Ce lundi 26 février, au soir, dans la capitale alsacienne, la température est de -7°C, elle se ressent comme un cinglant -12°. En quelques minutes, doigts et orteils sont engourdis.

Café, produits d’hygiène et vêtements chauds

« Le souci est que l’on ne peut pas dire oui à tout le monde, il faut parfois faire des choix qui ne sont pas simples », explique Claude Hecht, retraité, l’un des quatre bénévoles à faire cette visite hebdomadaire auprès des personnes à la rue.

Pour cette nuit hivernale, quatre places d’hébergement pour hommes et deux pour femmes sont réservées à ceux croisés par la maraude strasbourgeoise.

Soupe chaude, café fumant, bouteilles d’eau, produits d’hygiène, mais aussi une ration augmentée de gants, bonnets, chaussettes, polaires, sacs de couchage. Des couvertures de survie viennent compléter le chargement des deux véhicules de l’organisation de Coluche, qui vont sillonner la ville.

 

Des volontaires des Restos du Coeur parlent avec un sans-abri à Strasbourg, où la température est descendue à -7 degrés en soirée le 26 février 2018 

« Les passants se sentent plus concernés »

« La soupe et le café sont un prétexte pour aller à la rencontre des personnes. L’objectif n°1 est d’être un lien social avec ceux qui dorment dehors », explique Gaëlle, 32 ans, responsable adjointe de la maraude des Restos du cœur.

Avec l’arrivée de températures négatives, les signalements au numéro d’urgence pour les sans-abri, le 115, se multiplient. « Les passants se sentent plus concernés quand il fait froid comme ça », raconte Gaëlle, qui, en cours de route, fait le point avec le Samu social.

A peine partie, l’équipe bénévole a déjà trois signalements supplémentaires à ajouter à sa tournée de plusieurs heures.

Il y a ces nouveaux venus, précipités dans la rue pour diverses raisons, et puis il y a les « habituels », à qui ils rendent visite chaque semaine. Comme Mohamed, dans la rue depuis 22 mois, ou Ivan, un homme aux cheveux gris parlant allemand, qui ne veut pas quitter sa pile de couvertures placé dans le renfoncement d’une banque.

Le plan Grand Froid déclenché dans 68 départements

Le déclenchement du plan Grand froid dans le Bas-Rhin, comme dans 67 autres départements, s’est notamment traduit à Strasbourg par l’ouverture d’un gymnase pour accueillir des sans-abri. Un des rares lieux d’hébergement où les chiens sont acceptés.

Mais Jonathan, 21 ans dont quatre à la rue, ne veut pas y aller avec ses deux chiens. « J’en ai marre de me faire voler mes affaires », explique-t-il entre deux gorgées de café. Cette nuit, il ira squatter un garage abandonné, dit-il.

« Si cela ne va vraiment pas, appelez le 115 », insiste Gaëlle en douceur.

Un message répété aussi à Marguerite, 58 ans, qui dort depuis des années dans sa voiture dans un parking du stade de la Meinau, dans le sud de la ville. Elle laisse sa portière arrière entrouverte pour éviter que les vitres gèlent.

« On n’a pas choisi. Cela fait si longtemps, cela n’a plus d’importance », lâche la femme blonde sous ses couvertures.

« Pour une seule nuit ? »

Retour dans le centre de Strasbourg. La maraude part à la recherche d’une famille qui leur a été signalée. Emmitouflés, un couple d’Arméniens et leurs deux enfants se dirigent vers la camionnette des Restos du cœur pour avaler un bol de soupe en silence, après avoir cherché un peu de répit dans un centre commercial à proximité.

En France depuis presque quatre ans, leur fils de 11 ans et leur fille de 8 ans vont à l’école le jour mais la nuit, cela fait six mois qu’ils n’ont plus de logement où dormir.

Ce soir ils vont finalement pouvoir coucher dans deux chambres d’hôtel qui leur ont été réservées.

« C’est pour une seule nuit ? », demande la mère de famille, le regard épuisé. « Malheureusement oui », lui répond Gaëlle. « Demain, il faudra rappeler le 115. »

Source : © 2018 AFP

En savoir plus

Vague de froid : -14° dans le Doubs et -12° dans les Vosges au petit matin

Du soleil, mais un froid glacial. C'est en somme le menu ce matin alors que les températures négatives semblent s'installer fermement sur tout l'Est de la France. En Lorraine et Franche-Comté, le mercure est descendu jusqu'à -14° !

Ce matin, il faisait -7,6° à Nancy où les fontaines de la place Stanislas sont désormais gelées. Photo ER/J.L.

Le vent de Nord-Est venu de Sibérie ne s'est pas fait prier et a bien déferlé sur une partie du pays. Et nos deux régions ne sont pas en reste. À 8h du matin, on relevait ainsi -14,2° aux Fourgs dans le Doubs, et -12,6° à la station de Basse-sur-le-Rupt, dans les Vosges, selon les relevés des météorologues amateurs du site infoclimat.

Dans le reste du territoire, le temps est tout aussi frais. Selon Météo France, il faisait -7,6° à 8h à Nancy (avec un ressenti à -16°) où les fontaines de la place Stanislas sont désormais gelées et -7,3° à Besançon (avec un ressenti à -13,2°).

On est encore assez loin des records puisqu'à Nancy, Météo France a déjà relevé une minimale à -24,8°C. C'était le 21 février 1956. A Besançon, la minimale record est de -20,7°C. Pour connaitre pareil froid, il faut remonter au 9 janvier 1985.

Un froid persistant

À Épinal, dans les Vosges, l'institut a relevé -8° et une minimale de -6,1° à Luxeuil-les-Bains, en Haute-Saône

Et pour le reste de la journée, ça ne va pas s'améliorer. Météo France annonce des températures minimales "glaciales", qui varient de -6 à -10 degrés dans le Grand-Est et en Bourgogne-Franche-Comté. "Les maximales restent négatives sur un grand quart Nord-Est avec -4 à 0 degrés", poursuit l’institut. "Sur une grande moitié Nord, le vent de secteur Nord-Est, qui se renforce jusqu’à 60 à 70 km/h, accentue nettement la sensation de froid", précise-t-il. C'est ce phénomène qui porte le nom de "Moscou-Paris".

VisActu

Photo HDVisActu

Le plan "grand froid" déclenché

Les autorités ont déclenché dans 37 départements le plan « grand froid », avec plus de 3 100 places temporaires d’hébergement supplémentaires pour les sans-abri, dont 500 à Paris.

"Nous avons donné pour consigne aux préfets d’ouvrir les lieux d’accueil", a rappelé le ministre de l’Intérieur Gerard Collomb dimanche soir lors d’une maraude à Paris avec le préfet de police Michel Delpuech et la brigade d’assistance aux personnes sans abri (Bapsa) de la préfecture de police.

Dans les rues de la capitale, le ministre et le préfet ont surtout croisé des migrants qui, sans savoir à qui ils s’adressaient, tendaient des papiers d’identité parfois périmés.

Source : JL de estrepublicain.fr

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