
Maglor- Madrid – En pleine recomposition géopolitique autour de la Méditerranée occidentale, les déclarations du chef d’état-major de la défense espagnole, l’amiral Teodoro López Calderón, viennent dissiper les rumeurs d’une menace militaire en provenance du Maroc sur les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, situées au nord du Royaume chérifien.
S'exprimant devant une commission parlementaire, l'amiral a été catégorique : « Il n'existe aucun plan, ni aucun signe d’une volonté marocaine d’envahir Ceuta et Melilla. » Des propos qui se veulent apaisants, dans un contexte où certains cercles politiques ou médiatiques en Espagne agitent régulièrement le spectre d’une tension avec Rabat, notamment en période électorale ou lors de mouvements migratoires massifs.
Une relation stratégique, malgré les tensions
L’amiral López Calderón a insisté sur l’importance de préserver la relation de confiance avec le Maroc, partenaire clé dans la lutte contre le terrorisme, l’immigration irrégulière et les trafics transfrontaliers. « Nos services coopèrent étroitement, notamment au niveau des renseignements militaires et sécuritaires », a-t-il précisé.
Si les villes de Ceuta et Melilla, héritage colonial de l'Espagne sur le continent africain, demeurent un point de friction historique entre les deux pays, aucun signe concret ne laisse penser à une escalade militaire. Le Maroc revendique régulièrement ces territoires, mais à travers des canaux diplomatiques, et non par une stratégie de confrontation.
La diaspora marocaine d’Espagne attentive
Les Marocains résidant en Espagne, estimés à plus de 900 000, observent avec vigilance ce type de déclarations. Les crispations autour de Ceuta et Melilla peuvent parfois alimenter un discours politique anxiogène, voire stigmatisant, à l’égard des Marocains d’Europe.
Nombreux sont ceux qui rappellent que les relations humaines, économiques et culturelles entre les deux rives restent profondes et enracinées. Le commerce, le tourisme, les échanges éducatifs ou encore les projets portés par les Marocains du monde témoignent d’un lien fort que les tensions diplomatiques ponctuelles ne remettent pas en cause.
Un appel au réalisme
En écartant toute menace d’« invasion », l’armée espagnole envoie un signal de désescalade et de confiance, dans un contexte régional complexe mais maîtrisé. C’est aussi un appel au réalisme politique, dans un climat où certaines voix extrémistes exploitent les peurs identitaires ou sécuritaires.
Alors que les deux pays œuvrent depuis le sommet de Rabat en 2022 à une normalisation durable de leurs relations, cette sortie du chef des armées espagnoles pourrait contribuer à stabiliser davantage les perceptions et rappeler que les intérêts stratégiques entre Madrid et Rabat convergent bien plus qu’ils ne s’opposent.