
Maglor- Les expulsions des Algériens en situation irrégulière en France pourraient connaître un tournant décisif dans les prochains jours. Une réunion inédite entre préfets français et consuls algériens, prévue la semaine prochaine, marque une volonté des deux États de rétablir une coopération migratoire longtemps restée au point mort.
Un dialogue relancé après des tensions diplomatiques
Après plusieurs mois de crispations, Paris et Alger affichent désormais une volonté claire de normaliser leurs relations migratoires. Cette relance intervient à la suite d’un échange téléphonique entre le président algérien Abdelmadjid Tebboune et son homologue français Emmanuel Macron. Les deux chefs d’État ont acté le besoin d’un dialogue "fiable, fluide et efficace" sur la gestion des flux migratoires entre les deux rives de la Méditerranée.
Ce réchauffement diplomatique ne se limite pas à la seule question migratoire, mais il s’inscrit dans une dynamique plus large de rapprochement entre les deux pays, avec des implications concrètes sur la gestion des expulsions des Algériens de France.
L’accord de 1994 remis au centre des discussions
Au cœur des négociations figure l’application effective de l’accord bilatéral de 1994, qui encadre les procédures d’expulsion des ressortissants algériens en situation irrégulière sur le territoire français. Jusqu’ici, cet accord n’a été que partiellement appliqué, en raison d’un manque de coopération consulaire, notamment sur l’émission des laissez-passer consulaires indispensables aux reconduites à la frontière.
La France souhaite obtenir des garanties de la part de l’Algérie pour que cet accord soit pleinement respecté, en particulier pour les personnes visées par une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF). Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a récemment insisté sur la nécessité de traduire cette coopération en actions concrètes.
Une réunion inédite pour lever les blocages
La réunion entre les préfets français et les consuls algériens, qui doit se tenir dans les prochains jours, vise à instaurer un cadre opérationnel plus efficace pour accélérer les procédures d’expulsion. Les préfets, en première ligne dans l’application des décisions administratives, auront ainsi l’opportunité de dialoguer directement avec les représentations diplomatiques algériennes afin de lever les blocages existants.
Cette rencontre devrait également aborder d’autres sujets liés à la migration, notamment les régularisations ciblées et l’intégration des Algériens en situation régulière, dans une approche de coopération bilatérale renforcée.
Une mise en œuvre encore incertaine
Si la volonté politique de part et d’autre semble affichée, la concrétisation des engagements reste incertaine. Les divergences de vues entre les deux gouvernements sur la politique migratoire, ainsi que les contraintes internes propres à chaque pays, pourraient ralentir les avancées espérées.
Toutefois, cette réunion représente une étape clé. Si elle débouche sur un cadre d’application clarifié et des mécanismes plus transparents, elle pourrait poser les bases d’un nouveau chapitre dans la gestion des expulsions des Algériens en France.
Dans un contexte où la pression politique s’accentue en France sur la question migratoire, le gouvernement cherche à afficher des résultats concrets, notamment sur l’application des OQTF. De son côté, l’Algérie entend préserver un équilibre diplomatique tout en répondant aux préoccupations liées au traitement de ses ressortissants à l’étranger.
Cette initiative pourrait ainsi redéfinir durablement les relations migratoires entre les deux nations et ouvrir la voie à une coopération plus pragmatique et fluide à l’avenir.