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France : La communauté musulmane, une minorité incomprise ?

Les Français sont plus tolérants envers les musulmans en 2017 qu'en 2016, mais des efforts restent à accomplir pour leur meilleure intégration.

Autorité administrative indépendante, la Commission nationale consultative des Droits de l'Homme (CNDH) est une structure de l'Etat qui assure en toute indépendance, auprès du gouvernement et du Parlement, un rôle de conseil consultatif dans le domaine des droits de l’homme, du droit et de l’action humanitaire et du respect des garanties fondamentales accordées aux citoyens pour l’exercice des libertés publiques. 

Chaque année, cet organisme mesure l’indice de tolérance à l’altérité c’est-à-dire « la perméabilité de la société aux opinions racistes, antisémites et xénophobes, grâce à une batterie de questions posées par sondage », précise le rapport. 

Dans son dernier rapport, consulté par Maglor, il est mis en avant le fait que « les Français sont plus tolérants envers les musulmans en 2017 qu'en 2016 ». Cependant, la Commission souligne que « la méfiance est grandissante à l’encontre de l’islam ». Toujours, dans ce rapport, il est souligné que l’évolution récente de l’opinion à l’égard des musulmans va dans le sens d’un moindre rejet contrairement à la communauté Roms qui n'est pas du tout acceptée. 

D'après l'analyse du rapport, il y a deux situations qui expliquent cette amélioration de l’indice qui sont le renouvellement des générations et la façon dont un événement est « cadré » par les responsables politiques et les médias. 

Néanmoins, la CNCDH évoque le terme de « cristallisation » car « l'Islam et l'ensemble de ses fidèles sont rejetés », affirme-t-elle. « L’essor de l’islamisme radical, la multiplication des attentats commis en son nom, les débats autour des signes religieux dans l’espace public ont progressivement mis l’islam au cœur du débat politique, en contribuant à créer, au sein de la société, un malaise général », reconnaît la Commission. 

Ainsi, 44 % des sondés de ce rapport, estiment que « l’islam est une menace pour l’identité de la France ». Parmi cette tranche, 61 % pensent que le port du voile, même non intégral, peut « poser problème pour vivre en société ». Par ailleurs, pour 33 % des sondés, le sacrifice d'un animal lors de l’Aïd El-Kébir n’est pas compatible avec la société française, tout comme les prières et ce, pour 30 % des personnes interrogées. 

Le rapport pointe également du doigt « le mélange entre immigrés et musulmans ». En effet, c’est en premier lieu un sentiment anti-immigré, plutôt que l'attachement aux valeurs laïques qui ressort de l'analyse de la commission. 

« Certes, il existe des sondés pour lesquels, les pratiques de l’islam rebutent sans être hostiles aux immigrés pour autant, mais ils ne sont qu'une minorité avec 15 % et deux fois moins nombreux que ceux qui rejettent à la fois les immigrés et l’islam », précise la CNCDH. 

D'ailleurs, la commission souligne la part importante des actes racistes envers des individus originaires d'Afrique. « Les personnes étrangères, ressortissantes d’un pays d’Afrique n’ayant pas acquis la nationalité française, sont les plus concernées : elles représentent à elles seules 17 % des victimes alors qu’elles sont moins de 3 % dans l’ensemble de la population », conclut le rapport. 

Une méfiance à l'égard des musulmans qui n’est pas surprenante, selon plusieurs figures des sphères médiatique et journalistique. 

« C’est le contraire qui serait étonnant vu le matraquage médiatique de journaux comme Le Figaro, Marianne ou Valeurs actuelles, qui sautent sur la moindre occasion pour criminaliser les musulmans ou montent en épingle le moindre écart de tout musulman avéré ou supposé », analyse Fateh Kimouche, responsable du site Al-Kanz, spécialisé dans l'actualité autour de la communauté musulmane, qui attire plus de 10 000 visiteurs quotidiennement et tente de « casser la désinformation autour du fait religieux lié à l’Islam ».

 

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