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Funérailles royales à Londres : le coût pharaonique des obsèques. On parle de "milliards"

Funérailles royales à Londres : le coût pharaonique des obsèques

Ce lundi 19 septembre se déroulent les obsèques de la reine Elizabeth II à Londres. Une cérémonie exceptionnelle, qui a un coût exceptionnel qui sème malaise et colère parmi la population.

Le prix de l’opération n’a toujours pas été dévoilé par le gouvernement. Mais dans les médias, les spéculations vont bon train. Les funérailles de la reine présentent un coût estimé pour l'instant à 35 millions d’euros, d'après CNEWS.D’autres sources évoquent carrément plusieurs « milliards », The Economic Times allant jusqu’à avancer la somme de 6 milliards de Livres serling, soit 6,85 milliards d'euros.

Ce qui est en cause c'est le protocole des obsèques qui reflète le fossé qui sépare la famille royale de la population anglaise.

Ce chiffre impressionnant peut s’expliquer. Tout le cérémonial entourant le deuil et la succession (procession, enterrement, couronnement) coûtera une fortune. On parle de 6,5 millions de livres (7,42 millions €), rien que pour le dispositif de sécurité prévu pour les funérailles, qui impliquera 10 000 policiers et le concours de l’armée.

On estime par ailleurs que le congé national, décrété lundi pour les funérailles, privera l’économie britannique de plusieurs millions, même si des revenus touristiques en compenseront une partie. Sans parler des multiples coûts liés aux changements sur les billets de banque, les pièces de monnaie, les passeports, les timbres, etc.

Fait à noter : les dépenses de ces obsèques nationales – les premières depuis celles de Winston Churchill en 1965 – seront assurées par l’État. La note sera donc refilée aux contribuables.

Une inflation historique

En d’autres temps, cela aurait été moins choquant. Mais il faut savoir que le Royaume-Uni traverse actuellement une crise du coût de la vie historique, avec une inflation frisant les 10 %, un record depuis 40 ans.

Les prix du gaz et de l’électricité sont en voie d’exploser (hausse annoncée de 80 % du plafond tarifaire !) et la pauvreté est plus visible que jamais, tandis que la grogne sociale commence à monter.

Malgré les aides gouvernementales promises il y a 10 jours par la nouvelle première ministre Liz Truss, l’institut anglais Legatum estime que 1,3 million de Britanniques pourraient glisser sous le seuil de pauvreté au cours de l’hiver, portant le total à plus de 16 millions (une personne sur cinq) au Royaume-Uni.

Bref, les funérailles de la reine ne feront rien pour aider une économie déjà fragilisée par la flambée des prix. Selon les projections du groupe de réflexion Pantheon Economics et rapportées par Global News cette semaine, l’évènement pourrait même achever de pousser le pays vers une « récession technique » au cours des prochains mois.

Contraste dérangeant : selon une enquête du magazine Forbes parue l’an dernier, la fortune de la famille royale s’élèverait à 24 milliards de livres (36,7 milliards CAN), soit environ le prix de quatre célébrations de funérailles nationales. Et ses finances, opaques, continuent de susciter des questions, notamment en ce qui a trait à ses privilèges fiscaux (impôts sur l’héritage).

Un meilleur usage de cet argent

Au Royaume-Uni, l’heure n’est pourtant pas à la critique, comme le souligne lapresse.ca. On attend manifestement que la poussière soit retombée pour débattre de ce sujet sensible.

Signe d’un malaise : les organismes caritatifs, tout à fait disposés à commenter la crise du coût de la vie il y a encore une semaine, ont systématiquement décliné nos demandes d’entrevues concernant les dépenses somptuaires de l’évènement.

Il s’en trouve malgré tout pour dénoncer cette injustice. C’est le cas d’Ann Murphy, responsable d’une banque alimentaire dans Vauxhall (centre de Londres), rencontrée mercredi sur l’heure du midi.

Cette travailleuse communautaire, qu’on surnomme Nanny Ann parce qu’elle est un peu la maman de tout le monde dans le quartier, côtoie la pauvreté au quotidien depuis des années. Elle voit augmenter la misère, la maladie mentale et constate que le nombre de « clients » pour la banque alimentaire de Vauxhall ne cesse de grandir à cause de la situation économique.

Dans ce contexte, elle se dit « outrée » par l’ampleur des funérailles et considère que le palais de Buckingham aurait dû se garder une petite gêne.

« Elle méritait quelque chose de gros. Mais peut-être pas aussi gros, lance-t-elle, en grillant une cigarette. On sait que c’était Sa Majesté la reine. On sait que 70 ans sur le trône, c’est un exploit. Mais est-ce qu’on ne pourrait pas faire un meilleur usage de cet argent ? Pourquoi ne pas en donner un peu aux sans-abri et aux gens qui galèrent pour payer leurs factures ? »

« Les gens qui sont ici, ils se demandent d’où vient tout cet argent », ajoute Emily Duff, bénévole à la banque alimentaire.

 

En savoir plus

En 2020-2021, la famille royale a dépensé 102,4 millions de livres, soit plus de 117 millions d’euros selon Statista, dont la majorité pour l’entretien de ses propriétés et le salaire de ses employés. De ces 117 millions d’euros, plus de 99 millions sont financés par les impôts payés par la population. La somme a augmenté de 17% entre 2020 et 2021. Une augmentation des dépenses qui intervient alors même que le Royaume-Uni fait face à une inflation croissante, qui a contraint la Première ministre à plafonner les prix du gaz.

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