
Israël et les Palestiniens s’accusent mutuellement d’être responsables d’un tir qui a fait des centaines de victimes et provoqué des manifestations devant des ambassades occidentales, alors que Joe Biden est attendu à Tel Aviv mercredi.
(AFP) - Une explosion dans un hôpital de Gaza, mardi soir, a fait des centaines de morts, potentiellement plus de 500, selon des reponsables palestiniens. Le Hamas a aussitôt accusé une frappe israélienne, tandis que l'Etat hébreu assure qu'il s'agit d'une roquette du Djihad islamique qui est retombée sur l'hôpital.
De nombreux pays arabes ont accusé et condamné Israël, et des manifestations de colère ont eu lieu devant les ambassades de France en Iran, au Liban et en Tunisie.
Après l’attaque meurtrière du Hamas, le 7 octobre dernier, le sang continue de couler, et le brouillard de guerre s'épaissit. Mardi, une violente explosion a partiellement détruit un hôpital du centre-ville de Gaza. Les autorités palestiniennes ont fait état d’un bilan de plusieurs centaines de morts et ont accusé Israël. Les Israéliens, en retour, jugent une roquette du Djihad islamique responsable, et disent avoir partagé des éléments de renseignement avec Washington, qui sont en cours d’analyse.
Que s’est-il passé ? Comment ont réagi les pays arabes et la communauté internationale, alors que Joe Biden arrive en Israël face à un Proche-Orient au bord de l’embrasement ? 20 Minutes fait le point sur la situation en fin de nuit.
Que s’est-il passé ?
A la nuit tombée, l’hôpital Ahli Arab, situé dans le centre-ville de Gaza, a été sécoué par une explosion particulièrement violente suivie d'un épais nuage de fumée. Sur une vidéo vérifiée par le Washington Post, on entend un vrombissement de l’air suivi de l’explosion.
Le ministère de la Santé du territoire palestinien, contrôlé par le Hamas, a d’abord évoqué « 200 à 300 martyrs » tués par la frappe, puis 500 morts. « Des centaines de victimes se trouvent dans les décombres », a ajouté le ministère du Hamas. Le directeur d’un hôpital voisin traitant des blessés a estimé que le bilan pourrait dépasser les 500 morts.
Qui est responsable de l’attaque ?
Le mouvement islamiste Hamas au pouvoir à Gaza a accusé Israël d’être à l’origine de cette frappe, imputée par l’armée israélienne à un tir de roquette du Djihad islamique, autre groupe armé palestinien, tombé sur l’hôpital.
L’armée israélienne a assuré qu’elle n’avait pas procédé à des tirs sur cette zone, et a partagé une vidéo d’un direct d’Al-Jazeera qui semble montrer un tir de barrage de roquettes, avec l’une d’entre elles qui explose dans le ciel —soit car elle a été interceptée, soit car elle a mal fonctionné — et retombe dans la zone de l’hôpital. Une première explosion suit cinq secondes plus tard, puis une seconde, beaucoup plus importante, dans la foulée, qui pourrait être celle de l'hôpital. A ce stade, aucune analyse indépendante n'a identifié le parti responsable.
Quelles sont les réactions du monde arabe ?
Les condamnations ont été unanimes dans le monde arabe. Le président iranien Ebrahim Raïssi a décrété une journée de « deuil public » mercredi et a prédit que l’attaque contre l’hôpital allait se retourner contre Israël et son allié américain. Le ministère jordanien des Affaires étrangères a condamné le tir contre l’hôpital, qu’il a imputé à Israël.
Le sommet quadripartite qui devait réunir mercredi à Amman le président américain Joe Biden et les dirigeants de Jordanie, d’Egypte et de l’Autorité palestinienne a été reporté sine die et se tiendra « lorsque la décision d’arrêter la guerre et de mettre fin à ces massacres sera prise », a dit le chef de la diplomatie jordanienne Ayman Safadi.
Le Hezbollah libanais, allié du Hamas, a appelé à observer une « journée de colère » mercredi. Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a condamné avec la plus grande fermeté « le bombardement israélien » de l’hôpital Ahli, qui a entraîné « la mort de centaines de victimes innocentes » parmi les citoyens palestiniens. Il a qualifié ce « bombardement délibéré » de « violation manifeste du droit international ». Poids lourd régional, l’Arabie saoudite a dénoncé une « violation de toutes les lois et normes internationales », dénonçant la poursuite par Israël « des attaques contre les civils ».
Quelles sont les réactions de l’Occident ?
Le chef de l’ONU Antonio Guterres s’est dit « horrifié » par les « centaines de civils palestiniens tués dans une frappe » sur l’hôpital, qu’il a « condamné avec force » mais sans en imputer à quiconque la responsabilité. Idem pour Joe Biden qui s’est dit « indigné et profondément attristé par l’explosion » et par « les terribles pertes qui en ont résulté », sans aller plus loin.
Le président Emmanuel Macron a souligné que « rien ne peut justifier de prendre des civils pour cibles ». Il a également appelé à l’ouverture « sans délai » de l’accès à la bande de Gaza pour l’aide humanitaire. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a déploré qu' » une nouvelle fois, des civils innocents payent le prix le plus élevé ». « La responsabilité de ce crime doit être clairement établie et ses auteurs devront rendre des comptes », a-t-il écrit sur le réseau social X.
Des centaines de manifestants se sont rassemblés devant les ambassades de France et du Royaume-Uni à Téhéran dans la nuit. « Mort à la France et à l’Angleterre », ont crié des manifestants à Téhéran, en lançant des oeufs sur les murs de l’enceinte de l’ambassade de France.
Près de 3.000 Tunisiens ont manifesté devant l’ambassade de France. « Les Français et les Américains sont les alliés des sionistes », ont scandé les manifestants. « Le renvoi de l’ambassadeur est un devoir », « pas d’ambassade américaine sur le territoire tunisien » ont-ils crié, entouré d’un dispositif policier.
Des heurts ont eu lieu devant l’ambassade américaine à Beyrouth, avec des engins incendiaires lancés par les manifestants. Des centaines de personnes se sont également rassemblées devant l’ambassade de France, brandissant des drapeaux palestiniens et lançant également des pierres contre l’entrée principale de l’ambassade.