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Guerre : La Russie coupe le gaz à la France et à ses voisins

Guerre : La Russie coupe le gaz à la France et à ses voisins : quelles conséquences ?

Après la Pologne, la Bulgarie, la Finlande, les Russes coupent le robinet du gaz à la France. Le débit est fortement réduit vers l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie. Un chantage de dictateur qui contrarie l’Europe dans son projet de stock pour préparer l’hiver.

(Avec AFP) - « C’est une nouvelle escalade dans une économie de guerre. Ils jouent toutes leurs armes », déplore Anna Creti, professeur d’économie à l’Université Paris Dauphine et spécialiste des énergies. Le géant gazier russe continue de couper le robinet du gaz un à un aux Européens. Ce vendredi 17 juin, le gestionnaire du réseau français de transport, GRTgaz, a annoncé ne plus recevoir de gaz russe par gazoduc depuis le 15 juin. En France, Engie avait annoncé s’y préparer début mai.

La France comptait sur la Russie pour environ 17 % de son gaz, qui peut arriver par gazoduc (la grande majorité) ou sous forme liquide par navires méthaniers.

Certains pays comme la Finlande avaient cessé de sentir le gaz russe le 21 mai, après avoir refusé de payer le fournisseur Gazprom en roubles.

Cette semaine, Gazprom a aussi réduit de 60 % ses livraisons de gaz vers l’Allemagne via le gazoduc Nord Stream 1. Même constat en Italie qui dépend à 40 % de la Russie. La compagnie italienne Eni n’a reçu ce vendredi 17 juin que 50 % du gaz russe demandé. Le chef du gouvernement italien, a dénoncé une « utilisation politique du gaz ». Le ministre allemand de l’Économie parle d’une « épreuve de force avec Poutine ».

Officiellement, Gazprom invoque des problèmes techniques sur des turbines fournies par Siemens, qui sont en maintenance au Canada, mais ne reviennent pas pour cause de sanctions contre la Russie. « Ce n’est pas exclu mais ils ont bien des systèmes de secours. On n’arrive jamais à ces extrêmes », relève Anna Creti, spécialiste du gaz naturel.

« L’inquiétude va monter »

La France et l’Allemagne veulent éviter la panique et rassurer leurs citoyens : les stocks des deux pays augmentent et en sont à 56 % sur un objectif de 80 % avant l’hiver. Car la manœuvre de Poutine intervient pile au moment où les pays profitent de l’été pour constituer leurs stocks. « La maximisation d’importation de gaz naturel liquéfié (GNL) doit nous permettre d’atteindre l’objectif à 80 % en septembre mais l’inquiétude va monter si toute l’Europe doit refaire ses stocks en même temps », observe Anna Créti.

Et Poutine l’a bien compris. L’exportation du gaz a beau être une manne financière pour la Russie, le Kremlin n’a pas peur de couper lui-même sa source de financement. « On l’a sous évalué sur ce point. Nous aussi, nous avons beaucoup à perdre », juge Anna Creti.

En plein été, les besoins en gaz sont moins importants et servent « en partie pour produire l’électricité et l’industrie ». Si les particuliers ont peu de soucis à se faire pour cet hiver « car le stockage stratégique les vise en priorité », les industries gourmandes en gaz ont plus à craindre. « Elles pourraient subir des interruptions tournantes cet hiver, sans parler de l’augmentation de leurs coûts de production ». En effet, la baisse des livraisons russes a déjà fait grimper le cours de référence du gaz naturel en Europe à 130 € le mégawattheure (MWh) ce vendredi 17 juin, contre environ 100 € mercredi. Il se vendait autour de 30 €, il y a un an.

 

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