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L’Iran et le monde condamnent le régime des mollahs

L’Iran et le monde condamnent le régime des mollahs

La vague de contestation déclenchée par le meurtre de la jeune Mahsa Amini par la milice des moeurs iranienne a gagné tout le pays et a même provoqué des manifestations dans plusieurs pays étrangers. Opposants au régime des mollahs, féministes, défenseurs des droits humains… le monde entier bouillonnait mercredi. A Paris, Istanbul, New York on manifestait, alors qu’à l’Assemblée générale de l’ONU plusieurs dirigeants internationaux sont montés au créneau pour fustiger Téhéran, à commencer par le président Biden qui a apporté " son soutien aux courageuses iraniennes ".

(AFP) - A la tribune de l’ONU mercredi, le président des Etats-Unis Joe Biden s’est dit solidaire des " femmes courageuses d’Iran " après qu’au moins huit personnes ont été tuées lors de la répression de manifestations dans la République islamique déclenchées par le décès d’une femme arrêtée par la police des moeurs.

Avant Joe Biden, son homologue iranien Ebrahim Raïssi a dénoncé l’hypocrisie de l’Occident et s’est montré intransigeant devant l’Assemblée générale des Nations unies, alors qu’il est sous pression sur le programme nucléaire de son pays et sur les droits des femmes, et qu’il est visé par une plainte de dissidents à New York.

Dans nombre de villes de la République islamique, surtout dans le nord-ouest à Urmia et Sardasht, des manifestations nocturnes ont encore éclaté mercredi soir pour la cinquième nuit consécutive.

Elles se succèdent dans une quinzaine de villes depuis l’annonce du décès de Mahsa Amini, vendredi, jusqu’à la ville sainte de Qom, au sud-ouest de Téhéran, cité natale du guide suprême iranien Ali Khamenei.

Ce dernier s’est exprimé mercredi à Téhéran mais sans rien dire de ces troubles.

Le bilan s’établit pour l’instant à six morts selon les autorités iraniennes, auxquels il faut ajouter deux personnes tuées dans la nuit de mardi à mercredi selon un groupe kurde basé en Norvège.

Amnesty International a également dénombré la mort de six hommes, une femme et un enfant. L’organisation a dénoncé une " répression brutale " et " le recours illégal aux tirs de grenailles, billes d’acier, gaz lacrymogène, canons à eau et coups de bâton pour disperser les manifestants ".

Dans le sud, des images vidéo datant apparemment de mercredi montrent des manifestants brûler un portrait immense du général Qassem Soleimani, tué par une frappe américaine en Irak en janvier 2020.

Ailleurs dans le pays, des manifestants en colère ont bloqué la circulation, incendié des poubelles et des véhicules de police, lancé des pierres sur les forces de sécurité et scandé des slogans hostiles au pouvoir, selon l’agence officielle Irna. La police a fait usage de gaz lacrymogène et procédé à nombre d’arrestations pour disperser la foule, a précisé l’agence.

D’autres images montrent des manifestants ripostant en arrachant des bombes lacrymogènes aux forces de l’ordre et en les empêchant de procéder à des arrestations.

Les plus virales sur les réseaux sociaux sont celles où l’on voit des femmes mettre le feu à leur foulard.

Des hommes et des femmes, dont beaucoup avaient ôté leur foulard, se sont rassemblés à Téhéran et dans d’autres grandes villes du pays, selon Irna.

" Non au foulard, non au turban, oui à la liberté et à l’égalité! "

" Non au foulard, non au turban, oui à la liberté et à l’égalité! ", ont crié des manifestants à Téhéran, dont les slogans ont été repris en solidarité à New York ou à Istanbul.

Les informations circulent toutefois difficilement en Iran où les médias sociaux étaient très perturbés mercredi soir.

Agée de 22 ans et originaire du Kurdistan (nord-ouest), Mahsa Amini a été arrêtée le 13 septembre à Téhéran pour " port de vêtements inappropriés " par la police des moeurs, une unité chargée de faire respecter le code vestimentaire strict dans la République islamique.

Selon des militants, la jeune femme avait reçu un coup mortel à la tête, une allégation officiellement démentie par des responsables, qui ont annoncé une enquête.

Les femmes en Iran doivent se couvrir les cheveux et la police des moeurs leur interdit en outre de porter des manteaux courts au-dessus du genou, des pantalons serrés, des jeans troués ainsi que des tenues de couleurs vives.

Outre la colère en Iran, l’annonce du décès de la jeune femme, dont le prénom kurde est Jhina, a suscité de vives condamnations internationales: de l’ONU, des Etats-Unis et de la France notamment.

" Nous sommes aux côtés des courageux citoyens et des courageuses femmes d’Iran, qui manifestent en ce moment même pour défendre leurs droits les plus élémentaires ", a lancé le président Biden devant les Nations unies. Le nouveau ministre britannique des Affaires étrangères, James Cleverly, avait évoqué mercredi matin, dans un entretien à l’AFP, un " autre chemin " possible pour les dirigeants iraniens.

Le président Raïssi a aussitôt accusé l’Occident d’appliquer un " deux poids, deux mesures " en matière de droits humains, évoquant la mort de femmes de peuples autochtones au Canada ou la répression israélienne dans les territoires occupés palestiniens.

Ces manifestations constituent " une secousse très importante " en Iran, " c’est une crise sociétale ", a déclaré à l’AFP David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), spécialiste de l’Iran.

Ces manifestations sont " peut-être le début d’un grand changement ", estime aussi le directeur de l’ONG Iran Human Rights (IHR), Mahmood Amiry Moghaddam, interrogé à Oslo.

A New York, le président Raïssi est également la cible d’une plainte censée avoir été déposée mardi par des dissidents iraniens et d’anciens prisonnier politiques, le poursuivant pour la condamnation à mort de milliers de personnes quand il était juge dans les années 1980.

Enfin, M. Raïssi, sous pression des Occidentaux pour relancer l’accord encadrant le programme nucléaire de Téhéran, a assuré devant l’ONU que la République islamique ne cherchait pas à se doter de l’arme atomique.

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