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Syrie : les défis de la transition après la chute de Bachar el-Assad

Syrie-HTC

Maglor - Alors que les chancelleries occidentales intensifient leurs démarches diplomatiques, la Syrie entre dans une nouvelle ère complexe marquée par des tensions internes et des préoccupations internationales. Le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Cham (HTC), désormais au pouvoir, fait face à des enjeux majeurs de légitimité et de gestion, alors que le pays tente de se reconstruire après des années de conflit.

Un nouvel équilibre politique en construction

Mourhaf Abou Qasra, chef militaire de HTC, a déclaré l’intention de dissoudre les groupes armés pour les intégrer dans une future institution militaire nationale. Cependant, cette annonce suscite des doutes quant à la capacité réelle de HTC à s’adapter aux exigences d’un pouvoir centralisé. Par ailleurs, HTC a appelé les puissances occidentales à le retirer de la liste des organisations terroristes, espérant ainsi gagner en reconnaissance internationale.

Le rejet du fédéralisme et l’objectif affiché d’étendre l’autorité du gouvernement central sur les zones kurdes du nord-est de la Syrie pourraient raviver les tensions entre les différentes factions ethniques et politiques du pays.

Une diplomatie occidentale en mouvement

La réouverture de l’ambassade de France à Damas et l’envoi de délégations européennes signalent une volonté de reprendre pied en Syrie. Jean-François Guillaume, envoyé spécial français, a souligné la nécessité pour la France d’être aux côtés des Syriens durant cette période de transition. De son côté, l’Union européenne s’est dite prête à rouvrir sa délégation à Damas, affirmant qu’il était crucial d’assurer une présence dans le pays pour éviter un vide diplomatique.

Ces démarches ne se font pas sans précaution. Paris a rappelé que son engagement dépendra de la poursuite de la lutte contre Daech et de la prévention de la dissémination des armes chimiques.

Israël et les craintes sécuritaires

Israël suit de près l’évolution de la situation en Syrie, avec notamment une visite du Premier ministre Benyamin Netanyahou au sommet du mont Hermon. Les autorités israéliennes s’inquiètent de la montée en puissance d’Abou Mohammed al-Joulani, leader de HTC, qualifié par la vice-ministre des Affaires étrangères israélienne de « loup déguisé en agneau ».

Des défis humanitaires immenses

Le retour des réfugiés syriens reste un sujet délicat. L’ONU a déconseillé tout retour massif dans l’immédiat, arguant que les infrastructures syriennes ne pourraient supporter un tel afflux. Cependant, elle estime qu’environ un million de réfugiés pourraient rentrer au pays d’ici mi-2025.

Par ailleurs, des membres de minorités religieuses fuient le pays, craignant des persécutions potentielles. La Syrie, riche de sa diversité religieuse, pourrait voir cette richesse s’éroder davantage sous la pression des tensions communautaires.

Vers une stabilisation incertaine

La transition syrienne est loin d’être assurée. Entre les ambitions d’HTC, les attentes des puissances internationales et les défis internes, la reconstruction du pays s’annonce complexe. Si certains y voient une opportunité de refonte politique, d’autres redoutent une fragmentation accrue et une nouvelle vague d’instabilité.

La communauté internationale est à un tournant : soutenir un processus de stabilisation fragile ou risquer de voir la Syrie sombrer dans un nouveau cycle de chaos.

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