Lakhdar Bouregaa, 87 ans, était atteint par le coronavirus. Ce vétéran de l’indépendance était aussi une figure pour le mouvement de contestation du Hirak qui réclame un changement de système à la tête du pays.
Lakhdar Bouregaa était très respecté par les jeunes du Hirak. Ils voyaient en lui un pont entre la révolution de 1954 pour mettre fin à la colonisation et celle du Hirak pour se libérer d’un système qui a, selon les militants, étranglé le pays et sa jeunesse.
Son arrestation, il y a un an et demi, avait provoqué l'indignation en Algérie. Il avait alors déclaré : « Je plains le juge qui m'a mis en prison sans pouvoir me regarder dans les yeux ». Ses partisans considéraient que sa condamnation était en soi le symbole des dérives de la justice en Algérie, et qu’il était l’une des nombreuses victimes d’un système judiciaire instrumentalisé pour faire taire ceux qui s’opposent au régime.
Opposant, il l’était depuis toujours, ce qui lui avait valu huit ans de prison du temps du président Boumediène. Avec sa parole franche, ses positions tranchées, et son opposition au cinquième mandat de Bouteflika, bien avant le Hirak, l’ancien commandant est resté fidèle à lui-même. En 1963, il avait participé à la fondation du Front national de libération, parti d’opposition qui n’a cessé de défendre la démocratie et les libertés en Algérie.
Atteint du coronavirus, au même moment que le président Tebboune, il était resté se faire soigner à Alger, contrairement à ce dernier évacué en Allemagne. Une situation qui n’avait pas manqué de faire réagir sur les réseaux sociaux.