Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika a adressé, à l'occasion de la commémoration de cet date historique, un message qui a été lu en son nom par le ministre des Moudjahidines à la Maison de la Culture "Ahmed Chami" de Naâma dont voici la traduction :
"Au nom d'Allah clément et miséricordieux,
"Que les prières et la paix d'Allah soient sur son Messager,
"Mesdames, Messieurs,
Mémorable est la journée qu'a vécue, un 19 mars il y a cinquante-six ans, le peuple algérien dans un même élan de sacrifice pour sa cause juste, un élan digne d'un grand peuple qui a aligné des convois et des convois de vaillants moudjahidine et moudjahidate et sacrifié un million et demi de valeureux Chouhada. Des sacrifices consentis après avoir enduré d'insoutenables épreuves et subi toutes formes de répression, matérielle et morale, par un colonialisme qui ne lésinait pas sur les moyens pour asseoir son hégémonie et imposer sa tyrannie à un peuple libre et à une nation souveraine, spoliant les richesses, asservissant les hommes et œuvrant à oblitérer l'identité nationale.
Durant plus d'un siècle d'occupation, les Algériens ne se sont jamais résignés, ni soumis aux envahisseurs. Leur parcours historique, foisonnant de soulèvements, de révoltes et de luttes, a abouti à une maturité politique qui a forgé une profonde conscience nationale à l'origine du déclenchement d'une grande Révolution, saluée à ce jour par la majorité des peuples du monde et glorifiée par le peuple algérien.
Ce peuple a transformé l'impossible en victoire et changé le cours de l'histoire en affrontant d'égal à égal l'ennemi en dépit d'un déséquilibre de forces. Il a forcé l'admiration du monde entier par sa performance révolutionnaire hissant ainsi sa Révolution au rang d'exemple et de modèle.
Je saisis cette opportunité pour me recueillir, au nom du peuple algérien et en mon nom personnel, à la mémoire de nos glorieux chouhada priant Dieu, Tout-Puissant de les accueillir en Son éternel paradis.
J'adresse, par la même occasion, un message de fraternité et de révérence à mes compagnons moudjahidine et moudjahidate, leur renouvelant mes vœux de santé, de bonheur et de longue vie pour assister à davantage de progrès de notre Algérie indépendante, fruit de leur noble combat.
Mesdames, Messieurs,
Nul besoin de s'étaler ici sur les forfaits et les crimes perpétrés, contre notre peuple, par l'ennemi et ses plans visant à saper notre projet de libération, les pages de l'Histoire étant chargées de ses crimes contre l'humanité, ses crimes de guerre et ses vils complots contre le peuple qu'il a vainement cherché à faire fléchir par l'usage excessif de la force et par des manœuvres politiques et de renseignement.
Le colonialisme n'aurait pas accepté de s'asseoir, d’égal à égal, à la table des négociations sans la constance de la Révolution et la foi de ses dirigeants quant au droit légitime de leur peuple à disposer de lui-même et à arracher l’indépendance.
Aujourd’hui, les Algériennes et Algériens peuvent s'enorgueillir de leur histoire et renouer avec la confiance en soi en étant fiers de leurs exploits et réalisations. Ils doivent protéger ce legs prodigieux car de lui dépend leur grandeur et leur prospérité ainsi que la préservation de leurs droits moraux et matériels.
Mesdames, Messieurs,
L'esprit de la glorieuse Révolution de Novembre a continué à guider l’Algérie vers d'autres victoires après le recouvrement de la souveraineté de notre chère patrie.
En effet, l’esprit de la Révolution de Novembre et l’attachement du peuple algérien à une indépendance complète, non réduite, a conduit l’Algérie à la nationalisation progressive des biens de notre peuple, spoliés par le colonialisme, à commencer par les terres agricoles, les mines et enfin les hydrocarbures, une réalisation accomplie en moins d’une dizaine d’années.
Parallèlement à ces pas vers une totale émancipation économique, l’Algérie a su faire aboutir la libération de sa terre précipitant la fin de la présence militaire, terrestre et maritime, de l'ancienne puissance coloniale.
C’est cet esprit nationaliste élevé qui a présidé au processus de construction et d’édification qui a distingué l’Algérie et transformé une ancienne colonie sous-développée sur tous les plans en un pays prospère en termes de savoir, d’industrialisation et de progrès socio-économique.
Telle est l'Algérie indépendante, fruit de la victorieuse Révolution de Novembre mais également de la fête de la Victoire que nous célébrons aujourd’hui. Cette Algérie qui a su faire entendre sa voix au niveau mondial, devenant la Mecque des opprimés et la locomotive d'une dynamique de consécration d’un nouvel ordre économique mondial, plus juste et plus équitable, une dynamique enclenchée en Algérie et défendue par elle dans le concert des nations.
Il est vrai que l'extraordinaire processus de l’Algérie indépendante a été impacté par des bouleversements économiques mondiaux, puis par une douloureuse tragédie nationale. Néanmoins, le vaillant peuple algérien, toujours mû par l’esprit de Novembre, a su mobiliser ses énergies et forces de lutte et de résistance pour préserver l’Etat algérien indépendant. Les courageux moudjahidine et l’Armée nationale populaire (ANP), digne héritière de l’Armée de libération nationale (ALN), ont eu un rôle crucial dans la consécration de cette résistance et dans la protection de la République Algérienne Démocratique et Populaire.
Et grâce à Dieu, l'Algérie a repris le processus de construction et d'édification en s'inspirant de nos valeurs sacrées pour faire prévaloir la réconciliation sur la Fitna et l'intérêt suprême du pays sur nos intérêts personnels.
Des hommes et des femmes de la génération du glorieux Novembre ont eu à porter, durant deux décennies, le flambeau et à mobiliser les générations de l'indépendance en faveur de l'édification de l'Algérie de la fierté et de la dignité. Une Algérie où l'ignorance recule de plus en plus. Une Algérie devenue une citadelle de stabilité au niveau régional et un espace de prospérité et de développement pour son peuple.
Aujourd'hui, et face aux fluctuations du marché international (du pétrole) qui ont entrainé la perte de la moitié de ses recettes extérieures, l'Algérie s'accommode de la situation et veille, dans le cadre de la souveraineté nationale, à mobiliser ses capacités pour sortir de ce tournant difficile, maintenir le processus d'édification et s'orienter vers une économie affranchie de la dépendance excessive aux hydrocarbures.
Mesdames, Messieurs,
En cette journée de célébration de notre grande victoire, j'exhorte tous les enfants de ma patrie à suivre l'exemple de nos glorieux chouhada et de nos vaillants moudjahidine et à méditer les différents évènements que l'Algérie a surmontés avec succès depuis le recouvrement de notre indépendance et de notre souveraineté nationale.
Notre pays est capable de sortir, indemne et victorieux, de nos difficultés financières actuelles et conjoncturelles.
De même qu'il est nécessaire que notre société continue à promouvoir la culture des droits et des libertés et la préservation de ses intérêts collectifs et suprêmes.
Dans le même ordre d'idées, la scène politique doit connaitre une diversité, une confrontation de programmes et une course au pouvoir, cependant il est du devoir de tout un chacun de contribuer à ce mouvement démocratique pluraliste en plaçant l'Algérie et les intérêts suprêmes de son peuple au dessus de toute autre considération.
Mesdames, Messieurs,
La fête de la Victoire doit nous inspirer d'autres victoires sur le sous-développement, la régression et la division pour surmonter les crises et les situations difficiles à travers le resserrement des rangs et la mobilisation des énergies et en prenant exemple sur nos glorieux ancêtres pour la préservation de l'unité nationale et la souveraineté de nos décisions, dans tous les domaines, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur.
Félicitations aux enfants de l'Algérie pour cette célébration renouvelée d'une victoire éclatante et félicitations aux moudjahidine et aux moujahidate pour cette journée qu'ils ont marquée par leurs sacrifices.
Gloire à nos valeureux Chouhada
Vive l'Algérie libre et souveraine".
Fête de la Victoire: fin d'une guerre de libération gagnée à la force des armes
ALGER- La célébration du 56e anniversaire de la fête de la Victoire proclamée au lendemain de la signature des accords d'Evian, marque la fin d'une longue guerre de libération et d'un combat courageux et héroïque des Algériens contre le colonialisme français.
Consacrée fête nationale de la Victoire en Algérie, le 19 mars 1962 signait la fin d`une guerre de libération gagnée à la force des armes et de la détermination des millions d`Algériens, qui ont souffert, pendant plus d'un siècle, des affres de l'ordre colonial avec un lourd tribut fait de martyrs innombrables, de milliers de veuves et d’orphelins, de centaines de milliers de prisonniers, de détenus et d’invalides, ainsi que de destruction de milliers de villages et de hameaux.
L'annonce officielle du cessez-le-feu conclu le 18 mars à Evian, a été ainsi accueillie avec une immense et incommensurable joie par les moudjahidine des maquis de l`Armée de libération nationale (ALN) et par l`ensemble du peuple algérien, qui venait de retrouver sa liberté et sa souveraineté.
Avant d'aboutir au paraphe des Accords d`Evian, signés le 18 mars 1962 consacrant l`indépendance du pays, la délégation algérienne avait rejeté tout au long de ces négociations "toutes les propositions présentées par la France hypothéquant la souveraineté nationale après l`indépendance", témoignait feu Rédha Malek, porte-parole de la délégation du Gouvernement provisoire de la république algérienne (GPRA), dirigée par Karim Belkacem.
Les négociations d`Evian, qui avaient débuté le 20 mai 1961 et suspendues à plusieurs reprises, ont été marquées par l`obstination de la partie française qui avançait trois propositions rejetées par la délégation algérienne.
Ces propositions concernaient le maintien du Sahara algérien et la base navale de Mers El-Kébir (Oran) sous domination française, et la question du million de Français établis en Algérie.
Mais devant les propositions françaises, la délégation algérienne avait campé sur sa position au sujet du Sahara qu'elle était déterminée à défendre coûte que coûte, avant de convenir avec la délégation française du maintien des investissements français au Sahara pendant une durée de trois ans, notamment après la découverte de pétrole.
Pour ce qui est du statut des Français d`Algérie après l`indépendance, les deux parties sont parvenues à un accord accordant un délai de trois ans aux Français pour choisir la nationalité algérienne ou de garder leur nationalité française et être traités conformément aux lois qui régissent les étrangers en Algérie.
S`agissant de la Base navale de Mers El-Kébir, la proposition présentée par la partie française selon laquelle la France exploiterait la Base pendant 99 ans. Le rejet de cette proposition par la délégation algérienne étant catégorique, il a été convenu d`accorder une concession de 15 ans à la France.
Dans l'euphorie de l'indépendance, le pays a été appelé à s'engager dans un nouveau et long processus historique, celui du combat pour la construction du pays qui puisera l`intégralité de son essence dans l'esprit qui a marqué le processus de recouvrement de la souveraineté nationale pour soustraire le pays de l`occupation étrangère.
Dans cette logique, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika a exhorté, les Algériens, à l'occasion du 55e anniversaire de la fête de la Victoire, à être, à l'instar de leurs aïeux et ancêtres, les artisans des événements et des réussites, les bâtisseurs d'une Algérie forte et solide sur les plans économique et sécuritaire.
Il avait souligné, par la même occasion, que "c'est le jour où notre vaillant peuple a sonné le glas d'une très longue période coloniale se dressant fièrement et dignement au terme de la Glorieuse guerre de Novembre dont les artisans ont été les enfants de ce peuple. Une génération armée d'une volonté et d'une foi inébranlables et qui a consenti un lourd tribut de sacrifices en millions de martyrs, d'invalides, de veuves et d'orphelins nonobstant la destruction et les tragédies ayant touché toutes les familles à travers le pays".
Pour le président Bouteflika, "si le 19 mars 1962, date du cessez-le-feu, a été arraché grâce aux sacrifices des chouhada et moudjahidine, c'est aussi le fruit d'âpres négociations menées par la délégation de l'Algérie combattante qui a fait montre d'une grande intelligence et compétence en négociant avec l'occupant. Mue par la loyauté et la fidélité à la patrie, la délégation algérienne a pu, en dépit des références et ressources de l'ennemi, arracher le droit intégral de notre peuple à sa liberté et à sa souveraineté sur son territoire tout entier".
"A travers cette épopée, de combat et de négociations, notre peuple a donné, par sa glorieuse révolution, une image admirable de son parcours militant qui fait aujourd'hui et fera demain notre fierté", a-t-il encore ajouté.