Le pouvoir en Algérie s'est lancé dans une répression des manifestations qui secouent actuellement le pays, constate « El Watan ».
L'Algérie a refermé « la parenthèse de 2011 » : c'est-à-dire un mouvement contestataire plus ou moins toléré, sauf à Alger, après la levée de l'état d'urgence. Certes, l'Algérie n'avait pas suivi la Tunisie et le pouvoir était resté en place. Toutefois, les Algériens avaient eu une petite lueur d'espoir. « Mais, écrit El Watan, le naturel revient au galop. » Depuis quelques mois, le pouvoir a durci son dispositif répressif contre les mouvements sociaux et politiques.
Pour le quotidien, l'amendement constitutionnel de 2016, qui garantissait la liberté de manifester pacifiquement, « est remis en cause quotidiennement ». Et la situation s'aggrave, comme en témoigne la répression du mouvement de médecins à l'entrée d'un CHU à Alger et d'autres manifestations au cours des dernières semaines.
« El Watan » cite ainsi la violente répression contre les retraités et les invalides de l'Armée nationale populaire (ANP). Le dialogue promis en janvier dernier avec les représentants des vétérans n'a débouché sur aucune solution. Conséquence, des interdictions par les autorités, certaines manifestations se transformant en émeutes, comme dans le Sud qui souffre d'un sous-développement endémique. Dans d'autres régions, des manifestants « n'hésitent plus à couper les routes et les autoroutes pour faire entendre leurs voix ».
La crainte, désormais, est que « l'implosion sociale devienne incontrôlable ».Récemment, devant la presse diplomatique française (APDF), à Paris, Bernard Bajolet, l'ancien patron de la DGSE et ancien ambassadeur en Algérie, évoquait la « momification du pouvoir algérien ». Alger prend en tout cas le risque de s'enfermer dans la répression face à la contestation.