Maglor - Les relations entre l’Algérie et la France connaissent une nouvelle crise diplomatique majeure. Ce dimanche 15 décembre, l’ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet, a été convoqué par le ministère des Affaires étrangères algérien. Alger accuse Paris de pratiques hostiles et d’ingérence visant à déstabiliser le pays. Ces accusations, portées dans un contexte déjà tendu, soulignent une escalade des tensions entre les deux nations.
Des accusations graves
Selon plusieurs médias algériens, notamment le quotidien gouvernemental El Moudjahid, la convocation de l’ambassadeur fait suite à un documentaire diffusé par la télévision publique algérienne. Dans ce film, un ancien membre d’un groupe terroriste affirme avoir été contacté en 2022 par une organisation française pour participer à des activités subversives. Ces accusations visent directement les services de renseignement français (DGSE), accusés par Alger d’actes d’ingérence inacceptables.
Le ministère algérien des Affaires étrangères a fermement condamné ces présumées actions hostiles. Dans un communiqué, Alger avertit que de telles pratiques pourraient entraîner des mesures de rétorsion, accentuant ainsi la gravité de cette crise.
Une crise aux racines profondes
Cette affaire s’inscrit dans un climat déjà tendu entre les deux pays. Depuis plusieurs mois, l’Algérie accuse la France de soutenir des groupes jugés terroristes, notamment le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) et le mouvement islamiste Rachad. La récente saisie d’armes au port de Béjaïa, présentées comme provenant de France, a encore renforcé la suspicion d’Alger envers Paris.
Par ailleurs, l’arrestation récente de Boualem Sansal, écrivain franco-algérien, a ajouté une couche supplémentaire de tension. Les autorités françaises dénoncent une atteinte à la liberté d’expression, tandis que l’Algérie y voit une nouvelle tentative d’interférence dans ses affaires internes.
Des enjeux stratégiques majeurs
Cette crise ne se limite pas aux accusations récentes. Les relations franco-algériennes sont historiquement marquées par des différends récurrents, notamment autour de questions sensibles comme le Sahara occidental, la coopération sécuritaire, et la gestion des flux migratoires. Alger accuse Paris de chercher à affaiblir sa stabilité interne tout en poursuivant des intérêts propres dans la région.
Dans ce contexte, l’Algérie interprète les récentes accusations et actes comme des tentatives françaises de détourner l’attention des problèmes internes en France, en particulier les tensions sociales et politiques. Cette stratégie de déplacement des responsabilités risque, selon Alger, d’ériger le pays en bouc émissaire.
Vers une rupture diplomatique ?
Le rappel de l’ambassadeur français par Alger pourrait être l’avant-goût d’une rupture diplomatique totale. Bien que des intérêts stratégiques partagés, comme la sécurité régionale et les échanges économiques, pourraient justifier un maintien du dialogue, les mécanismes actuels semblent insuffisants pour résoudre les désaccords.
Les deux parties devront faire preuve d’une volonté politique forte pour désamorcer cette crise. Dans un contexte international troublé, une dégradation prolongée des relations pourrait avoir des conséquences régionales majeures, notamment dans le Maghreb et le Sahel.