
Maglor- Face à une demande exceptionnelle de l'Algérie pour un million de moutons en prévision de l'Aïd el Adha, l'Espagne se mobilise pour assurer la livraison dans les délais impartis. Les autorités agricoles espagnoles et les éleveurs, notamment ceux de la région d’Estrémadure, accélèrent les démarches afin de satisfaire cette commande massive.
Une réaction rapide pour garantir les exportations
La fédération professionnelle Asaja Extremadura, qui représente environ 5000 éleveurs, a sollicité une intervention urgente du ministère espagnol de l’Agriculture. L'objectif est d'obtenir rapidement les certificats sanitaires ASE, indispensables à l’exportation d’animaux vivants vers l’Algérie. Sans ces documents, les échanges commerciaux ne peuvent avoir lieu.
Cette démarche vise à éviter tout retard susceptible de compromettre les livraisons avant la fête religieuse, période où la demande en bétail ovin atteint son apogée. En réagissant rapidement, l’Espagne entend jouer un rôle clé dans l’approvisionnement du marché algérien.
Une flambée des prix en Algérie à l’origine de cette importation
Cette initiative algérienne s’explique par la flambée des prix du mouton sur le marché national. En 2024, les tarifs ont atteint des sommets, dépassant les 15 millions de centimes par tête (environ 1050 euros selon le taux officiel). Cette hausse est due à plusieurs facteurs : une réduction du cheptel national, l’augmentation des coûts de l’alimentation animale et une inflation persistante.
Afin de garantir l’accessibilité des sacrifices rituels aux citoyens, les autorités algériennes ont décidé de se tourner vers l’importation, notamment depuis l’Espagne et la Roumanie. L’objectif est d’éviter toute pénurie et d’atténuer la pression sur les prix locaux à l’approche de l’Aïd.
Une opportunité économique pour les éleveurs espagnols
Cette demande massive représente une aubaine pour les éleveurs espagnols, particulièrement ceux d’Estrémadure, dont l’économie repose en grande partie sur l’élevage ovin. L’exportation vers l’Algérie leur offre un débouché commercial important dans un contexte où la consommation européenne de viande ovine reste parfois fluctuante.
Toutefois, la rapidité du traitement administratif est essentielle. Tout retard dans la délivrance des autorisations sanitaires pourrait mettre en péril une partie des expéditions et priver les producteurs espagnols de contrats lucratifs.
Un défi logistique de grande ampleur
Au-delà des formalités administratives, l’opération implique une logistique rigoureuse. Acheminer plusieurs centaines de milliers de têtes de bétail en un temps limité nécessite une coordination optimale entre éleveurs, vétérinaires, transporteurs et services douaniers. Le respect des normes de bien-être animal et des exigences sanitaires constitue un autre défi à relever.
Grâce à son expertise en exportation de bétail, l’Espagne dispose des infrastructures nécessaires pour mener à bien cette mission. Cependant, la réussite de l’opération dépendra de la fluidité des procédures et de la capacité des acteurs impliqués à respecter les délais.
Un marché agricole méditerranéen de plus en plus interdépendant
Cette mobilisation illustre l’interdépendance croissante entre les marchés agricoles méditerranéens. L’Algérie, confrontée à des déséquilibres structurels dans sa production ovine, s’appuie sur l’Espagne pour assurer son approvisionnement. De son côté, l’Espagne y voit une opportunité d’exportation précieuse.
En répondant rapidement à la demande algérienne, l’Espagne confirme son rôle de fournisseur clé dans la région. Cette dynamique pourrait ouvrir la voie à un renforcement des échanges agricoles entre les deux pays à l’avenir, dans un contexte de fluctuations économiques et climatiques qui affectent durablement le secteur de l’élevage.