
Après dix mois de négociations harassantes, l'Union européenne et le Royaume-Uni ont annoncé jeudi un accord sur leur future relation commerciale. De quoi éviter in extremis un «no deal» dévastateur.
(AFP) - Ursula von der Leyen a dit goodbye, jeudi au nom de l'Europe, au Royaume-Uni. Le Brexit étant enfin acté. «Cet accord protégera les intérêts européens et cet accord est aussi, je le crois, dans l'intérêt du Royaume-Uni», s'est félicitée la présidente de la Commission européenne en annonçant le terme des discussions. «Il posera les fondations solides d'un nouveau départ avec un ami de longue date», a-t-elle ajouté. Saluant un «bon accord», «équilibré» et «juste».
Les négociations étaient, depuis lundi, entre les mains d'Ursula von der Leyen et du Premier ministre britannique Boris Johnson, qui ont échangé à plusieurs reprises pour tenter de sortir de l'impasse sur la pêche, ultime point d'achoppement des discussions. Malgré son faible poids économique, le secteur revêt une importance politique et sociale pour plusieurs Etats membres, dont la France, les Pays-Bas, le Danemark ou l'Irlande. Mais les Britanniques, qui reprennent le contrôle de leurs eaux, en avaient fait le symbole de leur souveraineté retrouvée après le divorce.
L'accord entre la Commission européenne et le Royaume-Uni devra encore être validé par les Etats membres, un processus qui devrait prendre plusieurs jours. Il reste en théorie suffisamment de temps pour qu'un éventuel traité entre en application provisoire le 1er janvier, quand le Royaume-Uni, qui a officiellement quitté l'UE le 31 janvier dernier, aura définitivement abandonné le marché unique. Le texte, de près de 2.000 pages, serait alors validé a posteriori par le Parlement européen.
Sans accord, les échanges entre l'UE et Londres auraient été régis par les seules règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), synonymes de droits de douane, de quotas, ainsi que de formalités administratives susceptibles d'entraîner des embouteillages monstres et des retards de livraison. Un scénario noir pour le Royaume-Uni, déjà malmené par une variante plus virulente du coronavirus qui l'a isolé du reste du monde.
Sans accord, le Royaume-Uni aurait d'ailleurs perdu beaucoup plus que l'Europe: les Britanniques exportent 47% de leurs produits vers le continent, quand l'UE n'écoule que 8% de ses marchandises de l'autre côté de la Manche.
La conclusion d'un texte en à peine dix mois (quatre ans et demi après le référendum de juin 2016 sur le Brexit) constitue une prouesse pour Londres et Bruxelles. Deux ans et demi avaient été nécessaires pour négocier le traité de retrait scellant le départ britannique, conclu fin 2019, un texte fournissant une sécurité juridique aux expatriés des deux côtés de la Manche et des garanties pour le maintien de la paix sur l'île d'Irlande.
Accord sous conditions
Avec cet accord, l'UE offre à son ancien Etat membre un accès inédit sans droit de douane ni quota à son immense marché de 450 millions de consommateurs. Mais cette ouverture sera assortie de strictes conditions: les entreprises d'outre-Manche devront respecter un certain nombre de règles évolutives au fil du temps en matière d'environnement, de droit du travail et de fiscalité pour éviter tout dumping.
Des garanties existent aussi en matière d'aides d'Etat. Un mécanisme permettra aux deux parties d'activer rapidement des contre-mesures, comme des droits de douane, en cas de divergences sur ces normes.
Brexit: "L'unité et la fermeté ont payé", dit Macron
(Reuters) - L’accord conclu entre l’Union européenne et le Royaume-Uni sur leurs futures relations après le Brexit est essentiel pour protéger les citoyens, les pêcheurs et les producteurs français et la France va y veiller, a déclaré jeudi Emmanuel Macron.
“L’accord avec le Royaume-Uni est essentiel pour protéger nos citoyens, nos pêcheurs, nos producteurs. Nous nous assurerons que c’est bien le cas”, écrit le président français sur son compte Twitter, soulignant que “l’unité et la fermeté européennes ont payé”.
“L’Europe avance et peut regarder vers l’avenir, unie, souveraine et forte”, ajoute-t-il.
Dans un deuxième message, Emmanuel Macron a tenu à remercier le négociateur européen Michel Barnier “pour (sa) ténacité et (son) engagement à défendre les intérêts des Européens et leur unité”.
“Grâce à vous et (à la présidente de la Commission européenne Ursula) von der Leyen, la solidarité européenne a montré sa force”, insiste le président français.
Dans un communiqué conjoint, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, et le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Clément Beaune, indiquent pour leur part que “des progrès importants ont pu être obtenus, y compris dans les toutes dernières heures” de la négociation.
“Il nous faut à présent vérifier que nos points essentiels ont été pleinement pris en compte”, ajoutent-ils.