Maglor - Les tensions diplomatiques entre Alger et Paris ont désormais des répercussions économiques tangibles. Un rapport publié en novembre 2025 par la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale française révèle que l’Algérie a cessé toute importation de blé français depuis 2023, mettant fin à une coopération commerciale historique.
Un revirement aux lourdes conséquences
Pendant des décennies, l’Algérie a été l’un des plus fidèles clients de la France dans le domaine agricole. Entre 2018 et 2022, elle importait en moyenne 5 millions de tonnes de blé tendre français par an, soit près de la moitié des exportations françaises de ce produit stratégique.
Mais depuis 2023, les importations algériennes de blé français ont totalement cessé, une décision qui, selon le rapport parlementaire, s’inscrit dans un contexte de fortes tensions diplomatiques. Cette rupture a provoqué un choc dans l’industrie céréalière française, fortement dépendante du marché algérien.
Le commerce, nouveau levier politique
Le rapport de l’Assemblée nationale indique clairement que la décision d’Alger a été motivée par des considérations politiques. En se détournant du blé français, l’Algérie a envoyé un signal fort à Paris : la coopération économique ne peut être dissociée du climat diplomatique.
Les tensions, alimentées par des désaccords sur les questions mémorielles, migratoires et régionales, ont trouvé un prolongement dans le champ économique. L’Algérie a diversifié ses approvisionnements en se tournant vers d’autres partenaires, notamment la Russie et l’Argentine, renforçant ainsi son indépendance vis-à-vis de la France.
Cette rupture a entraîné une chute significative du surplus commercial agricole français en 2024, un secteur jusque-là bénéficiaire grâce aux échanges avec l’Algérie.
Des répercussions sur tout le continent africain
Au-delà de la seule relation bilatérale, la fin des importations algériennes a eu un effet domino sur les exportations françaises en Afrique.
L’Algérie jouait en effet un rôle de plateforme régionale, facilitant l’entrée de produits agricoles français sur d’autres marchés africains. En rompant ce lien, Paris perd non seulement un client stratégique, mais aussi un relais d’influence économique sur le continent.
Le rapport parlementaire alerte ainsi sur la vulnérabilité du commerce extérieur français face aux évolutions géopolitiques, et appelle à une diversification urgente des débouchés agricoles en Afrique subsaharienne et au Moyen-Orient.
Des réactions politiques contrastées
Cette crise économique et diplomatique a suscité des réactions divergentes au sein de la classe politique française.
Le député Maxim Lesné (La France Insoumise) a dénoncé les « démarches hostiles » de la diplomatie française envers Alger, qu’il juge responsables de la rupture. Selon lui, Paris devrait « réévaluer sa position et renouer un dialogue sincère avec l’Algérie ».
À droite, le ton est tout autre. Le député Alexandre Allègre-Billot (Les Républicains) estime que cette rupture doit conduire à une remise à plat de l’accord de 1968 sur la circulation et le séjour des ressortissants algériens en France. Pour lui, « la fin des importations de blé français illustre le déséquilibre persistant dans les relations franco-algériennes ».
Un bras de fer diplomatique aux conséquences économiques
Alors que les relations politiques entre les deux pays restent tendues, la question du commerce extérieur s’impose désormais comme un enjeu central.
La perte du marché algérien dans le secteur du blé représente un signal d’alerte : les relations diplomatiques influent directement sur la performance économique.
La France tente aujourd’hui de repositionner ses exportations vers de nouveaux partenaires, notamment en Afrique de l’Ouest et au Moyen-Orient, mais la transition s’annonce longue et coûteuse.
Cette situation illustre, une fois de plus, la fragilité du modèle commercial français face aux réalités géopolitiques contemporaines, où les relations politiques déterminent de plus en plus les flux économiques.