
L'élan de générosité envers le peuple ukrainien suscite des questionnements de la part des associations et militants qui viennent habituellement en aide aux exilés. Favorables à l'accueil de réfugiés, certains dénoncent une différence de traitement entre les migrants venant de l'Europe de l'Est et ceux venant d'Afrique.
C'est le cas de Cédric Herrou, agriculteur de la vallée de la Roya, poursuivi pour avoir convoyé des migrants venus d'Italie et organisé un camp d'accueil en 2016, avant d'être relaxé.
"Ce qui choque beaucoup, c'est les deux poids, deux mesures entre les réfugiés africains et les réfugiés ukrainiens", déclare-t-il, au micro de BFM Nice Côte d'Azur.
L'agriculteur et militant s'indigne de voir "des gens et des gamins dormir à la rue", "maltraités à Calais, dans le Briançonnais ou dans la vallée de la Roya, parce qu'ils sont Africains". "Ça fait un petit peu mal au coeur, j'ai l'impression que ce racisme anti-noir s'exécute par la position du gouvernement français sur l'accueil des Ukrainiens", ajoute-t-il.
Pourtant, Cédric Herrou est "tout à fait d'accord" avec la politique d'accueil des réfugiés ukrainiens, mais il reconnaît que "cette différence de traitement" est "assez dérangeante".
Mea culpa du maire de Béziers sur ses propos passés sur les réfugiés irakiens et syriens
Le maire de Béziers Robert Ménard, proche de la candidate RN Marine Le Pen, a dit jeudi, en pleine guerre en Ukraine, avoir "honte" de ses propos passés sur l'arrivée de migrants fuyant la guerre en Syrie et en Irak.
"Quand j'ai été élu maire, deux trois ans après il y a eu la crise en Syrie et j'ai fait des déclarations, le journal municipal a fait des unes, des affiches aussi, que je ne referais plus, pour tout vous dire que j'ai honte d'avoir faits", a-t-il déclaré sur Public Sénat.
Une affiche publiée alors, montrant des migrants africains et nord-africains devant une église, proclamait "L'Etat nous les impose. Ca y est ils arrivent... Les migrants dans notre centre-ville !"
Robert Ménard, dont l'épouse Emmanuelle Ménard, par ailleurs députée, a apporté médicaments, produits d’hygiène et nourriture début mars à la frontière entre la Pologne et l’Ukraine, a estimé que l'accueil de réfugiés ukrainiens, "c'est le minimum qu'on doit faire".
La veille, l'ancien président de Reporters sans frontières avait estimé sur LCI que ses déclarations passées, "c'est pas une erreur, c'est une faute". "Il n'y a pas deux sortes de victimes, des Européens chrétiens qu'il faudrait défendre et des gens pas européens qui seraient au Moyen-Orient et qu'on aurait eu raison de ne pas accepter chez nous", avait-il ajouté, regrettant un "deux poids deux mesures pas glorieux".
Il a par ailleurs critiqué jeudi "le discours" du candidat d'extrême droite Eric Zemmour - "je ne sais pas s'il faut dire ami; on était amis" - qu'il a jugé "dur, cassant, sans beaucoup de traces d'humanité" et "insupportable", tandis que la candidate RN Marine Le Pen "fait une meilleure campagne".
Quant à Emmanuel Macron, "il fait le job" sur le dossier russo-ukrainien et "on se doit d'être derrière lui", a estimé M. Ménard, qui avait déjà salué la gestion de la crise sanitaire par le chef de l'Etat en approuvant l'instauration du pass vaccinal.