
Ce documentaire de Jean-Paul Miotto (2005, 60 min) retrace la carrière du célèbre auteur et interprète Algérien Idir. Il est aujourd'hui accessible en vidéo libre.
Idir est l'auteur de la chanson Avana Inouva qui a fait le tour du monde. Plusieurs chanteurs, notamment Jean-Jacques Goldman, Maxime Le Forestier et des membres du groupe Zebda, y apportent leurs témoignages.
Véritable monument de la culture kabyle, le musicien Idir est mort le 2 mai 2020. Sa première chanson "A Vava Inouva" qui l’avait fait connaître en 1973, devenue un tube planétaire, a été reprise dans plusieurs langues. Tout le monde connaît l’air de cette berceuse, mais que raconte-t-elle au juste ?
De son vrai nom Hamid Cheriet, Idir était né le 25 octobre 1949 dans le village d’Aït Lahcène, près de Tizi-Ouzou, capitale de la Grande-Kabylie. « Je suis arrivé au moment où il fallait, avec les chansons qu’il fallait », racontera en 2013 à l’AFP Idir pour résumer ses débuts dans la chanson. Cheveux bouclés qui tombent sur les épaules et lunettes carrées, le jeune chanteur en herbe qui débarque dans le studio de Radio Alger en ce jour de printemps de 1973 porte un jean patt’ d’éph comme les jeunes de son époque et un burnous blanc comme les ancêtres kabyles.
En jeune algérien moderne et respectueux des traditions ancestrales, Idir remplace au pied levé la grande chanteuse kabyle Nouara dans une émission de variétés de la radio algérienne en langue Kabyle. Accompagné de sa guitare il chante pour la première fois « A Vava Inouva », berceuse berbère qui évoque les veillées dans les villages kabyles. A la fin de cette émission, content de son coup mais sans se douter un instant de l’énorme succès qui l’attend, le jeune étudiant en géologie retourne dans son village pour faire ses valises et aller accomplir ses deux ans de service militaire.
On connaît la suite, alors qu’il accomplit son service, la chanson devient un tube monumental en Algérie où pour la première fois une chanson en langue kabyle devient un tube national. Après le service militaire, Idir rejoint Paris en 1975 pour enregistrer son premier album, également intitulé « A Vava Inouva ». Ce 33 tours comporte d’autres berceuses tout aussi efficaces que le tube qui l’a fait connaître dont le très précieux Assendu. Si cet album mythique produit par la maison de disques Pathé Marconi va définitivement faire connaître Idir dans le monde entier, son succès va peser lourd dans la carrière de l’artiste.
"A Vava inouva", une chanson inspirée d'un conte Kabyle
Mais que raconte la chanson A Vava Inouva? Inspirée, dit-on d’un conte kabyle « Le Chêne et l’Ogre », qu’on retrouve dans l’oeuvre de Taos Amrouche, le propos de l'auteur Ben Mohammed est proche des contes classiques de Charles Perrault et des frères Grimm. Evoquant les veillées dans les villages des montagnes Kabyles, la chanson se présente comme un dialogue entre un homme et une femme : - Je t'en prie père Inouba ouvre-moi la porte
- O fille Ghriba fais tinter tes bracelets
- Je crains l'ogre de la forêt père Inouba
- O fille Ghriba je le crains aussi.
Le vieux enroulé dans son burnous
A l'écart se chauffe
Son fils soucieux de gagne pain
Passe en revue les jours du lendemain
La bru derrière le métier à tisser
Sans cesse remonte les tendeurs
Les enfants autour de la vieille
S'instruisent des choses d'antan
- Je t'en prie père Inouba ouvre-moi la porte
- O fille Ghriba fais tinter tes bracelets
- Je crains l'ogre de la forêt père Inouba
- O fille Ghriba je le crains aussi
La neige s'est entassée contre la porte
L'"ihlulen" bout dans la marmite
La tajmaât rêve déjà au printemps
La lune et les étoiles demeurent claustrées
La bûche de chêne remplace les claies
La famille rassemblée
Prête l'oreille au conte
- Je t'en prie père Inouba ouvre-moi la porte
- O fille Ghriba fais tinter tes bracelets
- Je crains l'ogre de la forêt père Inouba
- O fille Ghriba je le crains aussi