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La trahison médicale au Maroc : quand la conscience se vend au prix du médicament



Le Dr Wahid Abdessamad adresse un message fort aux médecins du Royaume : « Réveillez vos consciences, la médecine est une mission, pas un commerce »

Le docteur Wahid Abdessamad, figure connue pour sa franchise et son engagement éthique dans le monde médical, a récemment suscité un vif débat à travers une lettre ouverte adressée à ses confrères marocains.
Dans ce texte percutant, largement relayé sur les réseaux sociaux, il dénonce avec courage certaines dérives qu’il qualifie de « trahison médicale et morale », mettant en cause la perte de repères éthiques dans l’exercice d’une profession censée être au service de la vie et de la dignité humaine.

Quand la médecine devient un marché

Dans sa lettre, le Dr Abdessamad décrit avec lucidité un ensemble de pratiques inquiétantes qui minent la confiance entre patients et soignants :

  • Des médecins qui cèdent aux pressions ou aux avantages des laboratoires pharmaceutiques, prescrivant certains médicaments plus coûteux en échange de cadeaux, d’argent ou de voyages, alors qu’il existe des alternatives tout aussi efficaces et moins onéreuses.
  • D’autres qui envoient systématiquement leurs patients vers des laboratoires ou centres d’imagerie spécifiques, non par souci de qualité, mais pour percevoir une commission.
  • Des césariennes injustifiées pratiquées pour des raisons purement financières, alors qu’un accouchement naturel serait possible.
  • Des praticiens qui négligent le service public en réservant leurs interventions chirurgicales aux cliniques privées, à des tarifs parfois inaccessibles aux familles modestes.
  • Des nouveau-nés placés inutilement en couveuse dans le seul but d’alourdir la facture.
  • Et même, déplore-t-il, certains chauffeurs d’ambulance orientant les patients vers des établissements précis en échange d’une rémunération.

Une profession noble, défigurée par l’appât du gain

Pour le Dr Abdessamad, ces comportements ne sont pas de simples fautes professionnelles : ce sont des trahisons humaines.
Ils détruisent l’essence même de la médecine, dont la mission est de soulager et de protéger, non de tirer profit de la souffrance.

« A-t-on étudié la médecine pour élever l’humanité et soigner les malades, ou pour leur briser le dos à coups de factures ? » interroge-t-il avec amertume.

Il rappelle que le médecin véritable agit par vocation, non par intérêt, et qu’il porte dans son cœur un code d’honneur bien plus fort que n’importe quelle loi.

Un hommage aux médecins intègres

Malgré la sévérité de son message, le Dr Abdessamad n’oublie pas de saluer les médecins honnêtes et dévoués qui exercent leur métier avec intégrité, souvent dans des conditions difficiles et sans moyens suffisants.
Ces praticiens, dit-il, incarnent encore la conscience vivante du corps médical, et leur récompense, bien plus que financière, est spirituelle et humaine.

« La conscience est la plus haute autorité morale. Interroge la tienne, car elle est la clé de toute œuvre acceptée auprès de Dieu. »

Un appel à la réforme et à la responsabilité

Le message du Dr Wahid Abdessamad ne vise pas à accuser, mais à réveiller les consciences et à provoquer une réflexion collective.
Il invite les instances sanitaires à renforcer les mécanismes de contrôle et de transparence, et les praticiens eux-mêmes à se rappeler que la médecine n’est pas un commerce, mais un serment moral et humain.

En définitive, cette lettre résonne comme un cri du cœur :

La médecine ne doit jamais perdre son âme, car quand le médecin trahit son serment, c’est toute la société qui en paie le prix.

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