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Circulaire Collomb sur l'immigration : des oppositions virulentes, mais aussi des soutiens de gauche efficaces

La circulaire Collomb sur l'accueil des immigrés en France suscite beaucoup de protestations, notamment parmi les associations qui oeuvrent au service des populations migrantes. Mais ces cris d'opposants ne doivent pas couvrir les voix de ceux qui soutiennent cette circulaire, y compris à gauche. Cela d'autant plus que le Conseil d'Etat a débouté les associations qui avaient demandé son annulation.

La plupart des élus de gauche en situation de responsabilités municipales du Grand Nancy ont pris position depuis longtemps. Ils soutiennent la circulaire Collomb et demandent son application pour que soit régulée une situation devenue ingérable dans les grandes villes avec notamment l'afflux de demandeurs d'asile venus d'Albanie.

Stéphane Hablot, maire socialiste de Vandœuvre, rejoint par quatre autres maires de gauche de l’agglomération nancéienne, n’y va pas par quatre chemins pour caractériser la position de ses « camarades » du PS hostiles à la circulaire Collomb. Bertrand Kling, maire de Malzéville, Michel Breuille, maire d’Essey, Henri Chanut, maire de Seichamps, Christophe Choserot, maire de Maxéville, se joignent à lui pour écrire officiellement : « Nous, maires de gauche de l’agglomération nancéienne, ne comprenons pas la position dogmatique de certains responsables politiques de gauche qui se mettent le doigt dans l’œil sur la circulaire Collomb ». (Source : Est Républicain du 28 décembre 2017).

« Ne pas faire de politique dans des salons de thé »

Les maires signataires ajoutent à l'intention de ceux qui tomberaient dans une forme d'angélisme à l'égard d'une partie des demandeurs d'asile : « Nous invitons d’ailleurs ces responsables à venir visiter ces centres où l’on mélange des trafiquants de toutes sortes aux enfants de la guerre ». « La France des Lumières est celle dont on doit être fière, celle des droits de l’Homme et du droit d’asile ; mais si l’accueil des réfugiés de guerre est un devoir absolu, il doit se faire dans de bonnes conditions, respectueuses de la dignité des personnes et en mobilisant des moyens qui permettent leur parfaite intégration ».

Les quatre signataires abordent évidemment le cas de la caserne Faron qui cristallise l'inquiétude de la population : « Il y a un centre d’hébergement d’urgence situé à Vandœuvre-lès-Nancy, commune de 32.000 habitants, deuxième ville de Meurthe-et-Moselle et de la Métropole du Grand-Nancy. Dans ce centre transitoire d’hébergement, installé dans le périmètre d’une ancienne caserne désaffectée et réquisitionnée par le préfet, on parque des centaines de personnes, dans des conditions indignes, et cela, malgré la mobilisation d’associations comme l’ARS, les Restos du cœur… »

« Olivier Jacquin sénateur PS de Meurthe-et-Moselle, est venu visiter le centre de Vandœuvre-lès-Nancy. Nous faisons confiance à son sens du discernement et nous invitons les responsables politiques à abandonner les postures idéologiques, à écouter les élus de terrain, à ne pas faire de politique dans des salons de thé, et à revoir leur position qui, paradoxalement, renforce l’inhumanité. Les visions sectaires participent à la ghettoïsation de ces centres ». Et de conclure que « la circulaire Collomb doit permettre d’humaniser l’ensemble du dispositif et d’améliorer les conditions d’accueil des réfugiés de guerre ».

 

Circulaire Collomb : le Conseil d'État confirme le recensement des migrants

La « circulaire Collomb » restera bel et bien en vigueur. Le Conseil d'État a refusé de suspendre la mesure qui permet, à l'heure actuelle, de recenser les migrants en hébergement d'urgence. Une décision prise à la veille d'un conseil des ministres durant lequel doit être présenté le projet de loi controversé du gouvernement sur l'immigration et le droit d'asile. La circulaire du 12 décembre 2017 ne confère « aucun pouvoir de contrainte » aux équipes chargées du recensement, qui ne pourront rencontrer les personnes hébergées que sur la base du volontariat, a estimé la plus haute juridiction administrative, selon qui aucun élément concret ne permet de conclure à une « situation d'urgence » justifiant une suspension. Le Conseil d'État, qui statuait en référé à la demande de 28 associations, a également été saisi au fond, et il rendra sa décision « dans de brefs délais ».

Du côté des plaignants, qui espéraient une réécriture ou une suspension du texte, on se console et on tire la décision du Conseil d'Etat à soi, quitte à dénaturer un peu les choses. Pour eux, « Le Conseil d'État neutralise les effets les plus nocifs » du texte, en précisant que les équipes mobiles envoyées par l'administration « ne peuvent intervenir qu'avec l'accord des gestionnaires (des centres, ndlr) et que les personnes ne peuvent faire l'objet de mesures de contrainte », a affirmé à l'AFP Florent Gueguen, de la Fédération des acteurs de solidarité (Fnars). « C'est plutôt un encadrement qui va protéger les personnes et les associations qui les accompagnent », a-t-il ajouté.

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