Alors que s’est ouverte la parenthèse ramadanienne à forte valeur spirituelle, il se trouve toujours quelqu’un, quelque part sur ce Vieux Continent agité par ses vieux démons, pour ne pas respecter la sacralité de ce mois béni et s’employer à briser la trêve des polémiques passionnelles, à des fins bassement politiciennes.
Au pays des fjords, c’est l’abstinence de l’intelligence qu’observe Inger Stojberg, la ministre danoise de l’Immigration et de l’Intégration, avec une rare constance, plus lamentable qu’admirable…
Faisant montre d’une fausse bienveillance qui n’a leurré personne, cette farouche opposante à l’accueil des réfugiés sur le territoire national, coutumière de saillies verbales abjectes, n’a rien trouvé de plus délétère à faire que de déclencher une controverse sur l’incompatibilité entre le jeûne et une activité professionnelle.
« Je respecte que l’on souhaite pratiquer sa religion et les traditions qui l’accompagnent, mais je pense que c’est une affaire privée et qu’il est nécessaire d’avoir un débat pour savoir comment faire en sorte que cela ne devienne justement pas une affaire publique », a-t-elle déclaré en espérant mettre le feu aux poudres.
« Il peut très concrètement être dangereux pour nous tous que le conducteur d’un bus ne mange ni ne boive de la journée », a poursuivi cette pyromane de la paix sociale qui ignore que le Ramadan impose aussi de pratiquer le jeûne de la parole, surtout quand elle est pleine de fiel, ce qui, dans son cas, s’avérerait particulièrement salutaire…
Egale à elle-même, Inger Stojber a encore une fois perdu une belle occasion de se taire, à la consternation de la population danoise qu’elle s’évertue à diviser, mais aussi de la presse du royaume qui n’a pas manqué de rappeler la photo provocatrice qu’elle avait postée sur sa page Facebook en 2017, sur laquelle figurait un gâteau dont les bougies célébraient ses 50 mesures restrictives contre l’immigration.
Déplorant que son but pernicieux ait été atteint, le quotidien Information a fustigé la ministre de l’Immigration, cette « championne du monde dans l’art de faire sa publicité avec des raccourcis sur la minorité musulmane », dont le Danemark ne tire aucune gloire.