La neutralité et la transparence prônées par le président de la FIFA, Gianni Infantino, depuis son arrivée à la tête de la FIFA, ne sont en fait que de la poudre aux yeux. En plus de ses déclarations en faveur de la candidature nord-américaine et son comportement quasi policer à Casablanca lors du congrès de la CAF où il a fait barrage à l’appui publique de l’instance du football africain à la candidature marocaine. Le comble du comble est que M. Infantino a permis, quelques jours après, aux Américains de faire la promotion de leur candidature devant la COSAFA (Council of Southern Africa Football Associations).
L’autre indice qui met à mal le slogan de transparence et de neutralité prôné par l’Instance de football mondial est la composition du groupe de travail chargé de l’évaluation des candidatures (une commission ad hoc).
Un groupe du travail trillé sur le volet
Qui sont les membres de ce groupe de travail ? Sur quels critères ont été choisi ? Et pourquoi s’agit-il de ces personnes en particulier et non pas d’autres ? Autant de questions légitimes auxquelles la FIFA n’apporte aucune réponse.
Mais d’après les révélations du journal allemand «le Suddeutsche Zeitung», les personnes qui composent la Task Force sont loyaux à Gianni Infantino. «Ce groupe est composé des loyalistes d'Infantino, avec Tomaž Vesel (Slovénie), chef de la commission d’audit et de la conformité, et Mukul Mudgal de l'Inde», chef de la commission de la gouvernance, a-t-il écrit. Les trois autres membres sont le Suisse Marco Villiger, secrétaire adjoint de la FIFA, le Croate Zvonimir Boban, également secrétaire général adjoint de la FIFA, le Macédonien Ilcho Gjorgioski, membre de la commission des compétitions. On relève qu’aucun membre de la commission d’éthique de la FIFA ne figure dans ce groupe du travail. En plus de la composition de ce groupe qui fait jaser, le journal allemand se pose également des questions sur la nature des critères techniques que ce groupe va retenir au moment de faire son évaluation ? Les critères de 2018 ou ceux de 2026. Plusieurs infrastructures au Maroc ne sont pas encore sorties de terre, sachant que la Coupe du monde aura lieu d’ici 8 ans.
Un système de notation plus que suspect
La FIFA a publié sur son site Internet la méthodologie de l’évaluation technique et du système de notation. Ce document de 54 pages a, soi-disant, pour objectif de garantir que le système de notation de la FIFA pour l’évaluation technique soit appliqué de façon globalement uniforme. Mais ce système est pour le moins tendancieux. L’exemple des infrastructures est édifiant à cet égard. Ledit document stipule qu'«un nombre insuffisant de sites proposés conformes aux exigences minimales de la FIFA (par exemple douze pour les stades), sur la base du nombre de sites prévus par les exigences de candidature et d’organisation, se traduira par une note globale inférieure à 2,0 pour le critère concerné». Le même document indique : «Lorsqu’un site proposé reçoit une note supérieure ou égale à 2,0, sans toutefois être conforme à une exigence minimale fondamentale, il reçoit automatiquement une note de 1,9. Par exemple, si un stade proposé reçoit une note de 2,8, mais ne respecte pas une exigence minimale fondamentale (par exemple la capacité d’accueil brute), alors la note attribuée à ce stade proposé tombe automatiquement à 1,9». Il s’agit d’un petit exemple de notation loin d’être équitable.
Gianni Infantino semble être clairement en faveur du dossier nord-américain, même s’il a tenté, plusieurs fois, de rectifier le tir. Le pouvoir sans limites accordé à la Task Force (groupe du travail chargé de l’évaluation des candidatures en lice), la composition dudit groupe (ad hoc), le système de notation des dossiers techniques plus que tendancieux sont autant d’indices qui mettent à mal le credo de neutralité et de transparence prôné par l’instance mondiale de football. À cela s’ajoute la procédure de vote qui a instauré une nouvelle option : ne voter pour aucun des deux candidats. Cette absurdité pourrait affaiblir la position du Maroc.