Maglor - Aziz Rabbah, une figure politique respectée au Maroc et ancien Ministre de l’Équipement, du Transport, de la Logistique et de l’Eau, a récemment exprimé ses préoccupations quant à la gestion de l'eau dans le pays. Dans un article reçu pour publication, Rabbah souligne l'importance vitale de cette ressource et appelle à des mesures concrètes pour préserver sa disponibilité et sa qualité.
L'article commence par mettre en lumière l'abondance historique de l'eau au Maroc, illustrée par des monuments tels que le musée de l'eau à Marrakech. Cependant, il attire également l'attention sur les défis actuels auxquels le pays est confronté en matière de sécurité hydrique.
Rabbah souligne l'initiative du gouvernement marocain de lancer un programme d'urgence sur la période 2020-2027, avec un budget substantiel dépassant les 120 milliards de dirhams, ainsi qu'un plan à plus long terme s'étendant jusqu'en 2050, représentant 400 milliards de dirhams. Ces programmes visent à accélérer la mise en œuvre de projets essentiels pour répondre à la demande croissante en eau et faire face aux défis posés par la sécheresse persistante.
Le ministre met également en avant l'implication personnelle du roi Mohammed VI dans la gestion de cette crise, soulignant sa rigueur et sa clarté dans l'approche du problème. Il insiste sur l'importance de ne pas politiser la question de l'eau et d'éviter toute escalade des tensions sociales liées à sa gestion.
Monsieur Rabbah exprime sa conviction que, après avoir étudié et acquis de l'expérience, les priorités les plus importantes de leur pays se trouvent dans différents domaines tels que l'éthique, l'unité territoriale, la sécurité, l'eau, l'alimentation, l'éducation, la santé, l'emploi, l'énergie, la justice, la famille et la gouvernance. Ces domaines sont essentiels pour assurer le bien-être et le développement de la nation.
Aziz Rabbah présente ensuite une série de recommandations concrètes pour une gestion responsable de l'eau au Maroc.Voici un aperçu de ses suggestions :
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Soutenir et valoriser les initiatives de l'État dans tous les projets liés à l'eau, en mettant l'accent sur la rationalisation de la consommation, qui est majoritairement dirigée vers l'agriculture dans une proportion de 85%, et vers les zones urbaines et les agglomérations pour les 15% restants.
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Étudier les expériences d'autres pays, notamment en Amérique latine, qui ont encouragé l'agriculture d'exportation et les industries tout en préservant la ressource en eau, afin d'en tirer des enseignements et de planifier l'avenir.
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Être vigilant face aux investisseurs qui exploitent la ressource en eau dans un pays avant de passer à un autre, en veillant à ce qu'ils ne compromettent pas la sécurité de cette ressource ou n'utilisent pas des pratiques agricoles nuisibles.
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Établir un fonds de solidarité pour l'eau, en augmentant le coût de la consommation d'eau tout en tenant compte du pouvoir d'achat des ménages à faible revenu et de la classe moyenne.
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Conditionner le soutien aux activités économiques et agricoles à une utilisation rationnelle de l'eau, en mettant en place des incitations financières pour les investisseurs qui adoptent des pratiques responsables.
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Appliquer des normes strictes pour les projets d'exploitation des terres, en veillant à ce qu'ils respectent des pratiques durables et économes en eau.
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Encourager l'utilisation d'espèces végétales moins consommatrices d'eau, en s'inspirant notamment de l'expérience réussie de l'Australie.
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Promouvoir la conversion des activités agricoles vers des pratiques moins consommatrices d'eau, en offrant un soutien financier similaire à celui accordé pour des initiatives écologiques.
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Accélérer la mise en œuvre d'un programme de recyclage des eaux usées, en permettant au secteur privé de s'impliquer dans leur exploitation.
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Mettre en place un programme obligatoire de certification des espaces verts, en privilégiant les plantes et les arbres adaptés à une consommation d'eau minimale.
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Prioriser la maintenance du réseau de distribution d'eau pour réduire les pertes, qui peuvent atteindre jusqu'à 20%.
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Lancer des campagnes annuelles de sensibilisation à la rationalisation de la consommation d'eau, impliquant tous les acteurs de la société.
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Réviser les programmes éducatifs pour renforcer les valeurs de responsabilité, d'éthique et de préservation des ressources naturelles, notamment de l'eau.
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Donner l'exemple en matière de gestion responsable de l'eau aux plus hauts niveaux de l'État, afin d'inspirer la société dans son ensemble.
M. Rabbah insiste sur l'importance de préserver et de ne pas gaspiller l'eau, même en période d'abondance, ainsi que l'importance de la surveillance stricte de son utilisation. Il souligne également que cette préoccupation pour la conservation de l'eau doit être présente même dans les pratiques religieuses, telles que l'ablution, ce qui reflète l'enseignement et l'exemple du Prophète Mohammad (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui).
Notre Seigneur nous a mis en garde : "Les gaspilleurs sont les frères des diables", qu'ils soient citoyens, responsables, surveillants ou professionnels. Cette mise en garde nous rappelle l'importance de la modération et de la responsabilité dans l'utilisation des ressources, y compris l'eau. Conclut Aziz Rabbah.
En adoptant ces recommandations et en mettant en œuvre des politiques et des initiatives concrètes, le Maroc peut prendre des mesures significatives pour assurer la durabilité de ses ressources en eau et garantir un avenir meilleur pour tous ses citoyens.