AFP - Le Maroc a annoncé ce mardi la rupture de ses relations diplomatiques avec l’Iran, qu’il accuse d’avoir facilité une livraison d’armes au Front Polisario, mouvement indépendantiste au Sahara occidental, via son allié du Hezbollah libanais.
Le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita a précisé que cette décision n’avait rien à voir avec « les développements régionaux ou internationaux » actuels, en référence notamment aux tensions entre l’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite qui soutiennent des camps opposés dans des conflits et des crises au Moyen-Orient.
Le Hezbollah libanais nie
Le Hezbollah libanais, qui a rejeté les accusations de Rabat, a imputé la décision marocaine à des « pressions » étrangères.
Les Etats-Unis, Israël et l’Arabie saoudite, deux alliés historiques de Washington, n’ont de cesse de critiquer les ingérences et « l’ambition » dominatrice de l’Iran au Moyen-Orient. L’Iran et l’Arabie saoudite ont rompu leurs relations diplomatiques en janvier 2016 et sont engagés dans une lutte d’influence régionale. Les deux pays soutiennent des camps opposés en Syrie, au Yémen ainsi qu’au Liban.
« Des preuves irréfutables »
Lors d’une conférence de presse à Rabat, Nasser Bourita a assuré qu’une « première livraison d’armes avait été récemment fournie au Polisario », le mouvement indépendantiste sahraoui soutenu par l’Algérie, via un « élément » à l’ambassade iranienne à Alger. « Le Maroc dispose de preuves irréfutables, de noms identifiés et de faits précis qui corroborent cette connivence entre le Polisario et le Hezbollah contre les intérêts suprêmes du royaume », a affirmé le chef de la diplomatie marocaine.
L’ambassadeur du Maroc à Téhéran a « quitté mardi l’Iran et je vais demander au chargé d’affaires de l’ambassade d’Iran de quitter le royaume sans délai », a ajouté Nasser Bourita, qui s’exprimait à son retour de Téhéran, où il dit avoir informé son homologue iranien Mohammad Javad Zarif de la décision marocaine.
Le Maroc avait déjà rompu ses relations avec l’Iran début 2009, pour protester notamment contre « l’activisme » religieux de Téhéran dans le royaume. Ces liens avaient été rétablis en 2014.
« Accusations infondées »
Dans un communiqué, le Hezbollah a jugé « regrettable que le Maroc lance des accusations infondées sous pressions américaines, israéliennes et saoudiennes », trois pays hostiles à l’Iran. « Il aurait été préférable que les Affaires étrangères marocaines trouvent un prétexte plus convaincant pour rompre leurs relations avec l’Iran », a ajouté ce puissant mouvement chiite libanais, soutenu par Téhéran.
Le Sahara occidental, étendue désertique de 266.000 kilomètres carrés, est le seul territoire du continent africain dont le statut post-colonial n’est pas réglé. Il est revendiqué par le Maroc -qui en contrôle la majeure partie- et par le Front Polisario, qui réclame un référendum d’autodétermination. Rabat rejette toute solution autre qu’une autonomie sous sa souveraineté. Un cessez-le-feu était intervenu en 1991 après des années de conflit armé.
Le Conseil de sécurité de l’ONU avait adopté vendredi une résolution appelant les parties en conflit au Sahara occidental à des « négociations sans préconditions » et prolongeant de six mois seulement le mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso).