L'Espagne a renvoyé le 23 août vers le Maroc 116 migrants entrés clandestinement hier dans l'enclave espagnole de Ceuta, lors d'une expulsion collective aussitôt critiquée par des défenseurs des droits humains. "Les 116 migrants subsahariens entrés hier (mercredi) en Espagne de manière illégale à travers la frontière de Ceuta ont été réadmis par le Maroc", a annoncé la préfecture de Ceuta dans un communiqué.
(AFP) - Cette opération se base sur "la réactivation" d'un accord bilatéral conclu il y a 26 ans par l'Espagne et le Maroc, selon la préfecture. Elle évoque "un procédé administratif de remise au cas par cas" qui comprend "une identification dans des locaux de la police" des migrants, "informés de leurs droits, avec l'assistance juridique nécessaire".
Une porte-parole du ministère espagnol de l'Intérieur a défendu "la légalité" de "cette expulsion", en assurant à l'AFP que "toutes les conditions requises par la loi espagnole sur les étrangers avaient été remplies". "Une fois que le Maroc s'est montré disposé à accepter ces personnes (...), la police nationale est allée les chercher au centre de rétention des étrangers, elles ont été transférées à un commissariat, identifiés - avec nom, nationalité, empreintes digitales - et toutes ont eu un avocat, un interprète et une aide médicale", a-t-il plaidé. "Il a été proposé à tous la possibilité de solliciter l'asile et ils ne l'ont pas fait", a assuré l'Intérieur, soulignant que "les deux mineurs présents dans le groupe sont restés en Espagne".
Sur Twitter, l'ONG Caminando Fronteras (Walking borders) a qualifié l'opération d'"énorme violation des droits humains par le gouvernement espagnol". Sa militante Helena Maleno a condamné une "expulsion collective" en disant, dans un tweet: "L'ONU l'interdit, le gouvernement espagnol l'applique".
En octobre 2017, la Cour européenne des droits de l'Homme avait condamné l'Espagne pour avoir renvoyé immédiatement et collectivement vers le Maroc, sans aucune décision administrative ou judiciaire, des migrants arrivés dans l'enclave espagnole de Melilla.
Mercredi matin, 116 étaient passés en force en escaladant la double barrière de Ceuta - haute de six mètres et hérissée de barbelés - alors que certains jetaient "sur les agents des récipients en plastique remplis d'excréments, de sang, de chaux vive et d'acides", selon la Garde civile Sept gardes-frontières avaient été blessés.
Ceuta et Melilla présentent les seules frontières terrestres de l'Union européenne avec l'Afrique. Depuis le début de l'année, quelque 3.100 migrants y sont entrés, selon l'Organisation internationale pour les migrations. Par ailleurs, plus de 25.000 migrants sont arrivés par la mer en Espagne en 2018, faisant de ce pays la première porte d'entrée de l'immigration clandestine en Europe, devant l'Italie et la Grèce.