Des centaines de migrants ont été interpellés dans le nord de Maroc, dans le cadre d’une opération lancée par le gouvernement pour « lutter contre les réseaux mafieux ».
(AFP) - Le Maroc a lancé une opération de déplacements de migrants subsahariens destinée à « lutter contre les réseaux mafieux » qui développent leurs activités dans le nord de ce pays, a-t-on appris jeudi 30 août de source gouvernementale.
Des centaines de migrants subsahariens qui se trouvaient dans le nord du Maroc dans l’espoir de pouvoir rallier l’Europe ont été interpellés et déplacés vers plusieurs destinations dans le cadre de cette opération lancée le 22 août, selon la même source.
« L’objectif est de les soustraire aux réseaux mafieux qui se sont développés dans le pays depuis la fermeture de la route via la Libye », selon la même source qui n’a pas voulu donner de chiffres précis, l’opération étant « toujours en cours ».
Procédures de retour dans leur pays d'origine
L’opération de déplacement a été lancée après l’assaut du 22 août contre la clôture séparant l’enclave de Ceuta (Espagne) du Maroc, selon cette source. Ce jour-là, 116 migrants subsahariens sont passés en force en escaladant la double barrière de Ceuta, alors que certains jetaient des plastiques remplis d’excréments, de sang, de chaux vive et d’acides. Ils avaient été renvoyés au Maroc le lendemain, suscitant de vives critiques des ONG.
Le 26 juillet, plus de 600 migrants avaient déjà franchi la clôture de Ceuta en employant la même méthode. Deux Sub-sahariens accusés d’avoir organisé l’assaut ont depuis été arrêtés par la police espagnole.
Début août, l’AMDH, une association locale de défense des droits de l’Homme, avait dénoncé des opérations de déplacements dans le nord du Maroc en critiquant leur caractère « illégal ». Entre 1 600 et 1 800 personnes avaient été à l’époque « déplacées vers des villes où les conditions de vie sont meilleures », selon les autorités locales.
Selon la source gouvernementale, les personnes déplacées depuis le 22 août font l'objet de procédures de retour dans leur pays d'origine, en lien avec les ambassades concernées et avec l'Organisation internationale pour les Migrations (OIM).
« Cadre légal »
Pour le Comité national des droits de l’Homme (CNDH), ces déplacements respectent le « cadre légal », comme l’a dit à l’AFP son président Driss El Yazami.
Les autorités marocaines ont organisé jeudi deux réunions d’information avec des ambassadeurs marocains et européens pour leur faire savoir que « le Maroc ne jouera pas le rôle de gendarme mais respecte ses engagements vis-à-vis de la politique migratoire », selon la source gouvernementale. Cette politique migratoire a notamment conduit le Maroc à régulariser environ 50.000 migrants en situation illégale -soit 82% des 60 000 dossiers déposées, selon le CNDH.
L’Espagne est devenue la première porte d’entrée pour l’immigration clandestine en Europe, avec plus de 32 000 arrivées par terre et par mer depuis le début de l’année, dont plus de 4 000 via les enclaves de Ceuta et Melilla, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Ces deux enclaves espagnoles en Afrique du Nord sont les seules frontières terrestres de l’Union européenne avec l’Afrique.
Un récent rapport du département d'Etat américain notait que le Maroc menait « régulièrement des déplacements forcés de migrants en situation irrégulière à l'intérieur de son territoire » et évoquait ses « efforts limités » pour « poursuivre les trafics criminels » et identifier activement les « victimes ».