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Remaniement du gouvernement Akhannouch : Qui sont les nouveaux ministres ?

Maglor - Le gouvernement dirigé par Aziz Akhannouch a connu un remaniement majeur, marqué par l'arrivée de nouveaux visages à la tête des ministères stratégiques : l'Éducation nationale, l'Enseignement supérieur, la Santé et l'Agriculture. Ce changement, officialisé le mercredi 23 octobre par le roi Mohammed VI, reflète une volonté de donner un nouveau souffle aux secteurs en crise ou en pleine réforme. Voici un portrait des nouveaux ministres et des défis qui les attendent.

Mohamed Saad Berrada : Un homme d'affaires à l'Éducation nationale

La nomination de Mohamed Saad Berrada à la tête du ministère de l'Éducation nationale est une surprise plus d'un. Homme d'affaires connu pour son rôle dans la success-story de la marque de confiserie Michoc, Berrada n'a que très peu d'expérience dans la gestion publique. Il succède à Chakib Benmoussa, désormais Haut-commissaire au plan, et hérite d'un portefeuille ministériel crucial, où les attentes sont colossales.

Proche de Aziz Akhannouch, Berrada est davantage reconnu pour ses compétences dans le monde des affaires, notamment au sein du groupe immobilier TGCC et dans l'industrie pharmaceutique. Cependant, sa nomination à ce poste est perçue comme un pari risqué, compte tenu des enjeux de l'éducation au Maroc, où la mise en œuvre des réformes déjà planifiées nécessite rigueur et vision à long terme.

Azzedine El Midaoui : Un universitaire à la tête de l'Enseignement supérieur

À la tête du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l'Innovation, Azzedine El Midaoui arrive avec un solide bagage académique. Président de l'Université Ibn Tofail de Kénitra et membre du Conseil supérieur de l'éducation, il a joué un rôle clé dans les réformes du système universitaire marocain.

Sa spécialité dans le dessalement de l'eau de mer, avec deux brevets internationaux à son actif, la place au croisement des questions académiques et de la recherche appliquée. Mais son plus grand défi sera de résoudre la crise persistante des étudiants en médecine, en grève depuis plusieurs mois contre une réforme qui peine à convaincre. La relance du secteur universitaire, devenue une « fabrique de diplômés chômeurs », sera également une de ses priorités.

Amine Tahraoui : Un parcours atypique pour la Santé

La nomination d'Amine Tahraoui au ministère de la Santé et de la Protection sociale est, elle aussi, inattendue. Ancien directeur général du groupe Aksal, propriété de l'épouse du Chef du gouvernement, Tahraoui n'a aucune expérience dans le secteur de la santé. Cette nomination pourrait être mal perçue par la communauté médicale, étant donné l'importance de ce ministère dans un contexte où la réforme du système de santé marocain est en pleine phase de mise en œuvre.

Malgré ses compétences dans le secteur privé, sa mission sera délicate. Il devra poursuivre les réformes entamées par son précédent, Khalid Aït Taleb, et faire face aux attentes croissantes des citoyens en matière de protection sociale et de couverture médicale.

Ahmed Bouari : Un expert en gestion de l'eau pour sauver l'Agriculture

Ahmed Bouari prend les rênes du ministère de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et forêts, un secteur clé dans un Maroc frappé par des sécheresses répétées. Ancien directeur de l'irrigation au ministère, Bouari est reconnu pour son expertise en gestion de l'eau, un atout précieux dans un contexte où les ressources hydriques sont sous pression.

Il succède à Mohamed Sadiki, un fidèle d'Akhannouch, et devra répondre aux critiques liées à l'inefficacité de certaines stratégies agricoles, comme le Plan Maroc Vert, qui n'a pas atteint tous ses objectifs. Le nouveau ministre devra également s'attaquer à la flambée des prix des produits agricoles, en particulier ceux des viandes, et renforcer l'aide aux petits agriculteurs, souvent laissés pour compte.

Un remaniement sous le signe de l'efficacité

Le remaniement ministériel de l'équipe Akhannouch a mis en lumière une volonté de renouveler les compétences et d'apporter un vent de fraîcheur dans des secteurs en pleine mutation. Cependant, la nomination de profils issus du secteur privé ou sans grande expérience dans la gestion publique suscite des interrogations. Les nouveaux ministres auront à prouver leur capacité à relever des défis colossaux, qu'il s'agisse de la mise en œuvre des réformes, de la gestion des crises ou de la reconstruction de la confiance des citoyens envers les institutions publiques.

Ce rémaniement, bien que surprenant dans ses choix, reflète une quête d'efficacité à travers des profils réputés pour leur rigueur et leur dynamisme dans leurs domaines respectifs. Les prochains mois seront cruciaux pour mesurer l'impact de ces changements sur le paysage politique et socio-économique marocain.

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