
Maglor - Sous le haut patronage du président Emmanuel Macron, le Festival du Livre de Paris 2025 s’est ouvert avec faste au Grand Palais, célébrant la richesse culturelle d’un Maroc invité d’honneur. Littérature arabophone, amazighophone, francophone, anglophone ou hispanophone : le Royaume y est présenté comme un creuset de diversité et de créativité.
Mais derrière l'effervescence des discours et la beauté des vitrines, un grand vide saute aux yeux : l'absence flagrante des écrivains Marocains du Monde (MDM). Ces femmes et ces hommes de lettres, qui écrivent depuis l’exil, les marges ou les carrefours de cultures, sont les grands oubliés de cette édition.
Des voix célébrées… en leur absence
Comble de l’ironie, plusieurs orateurs venus du Maroc n’ont eu de cesse de disserter, dans les débats officiels, sur la migration, la diaspora et "l’expérience des MDM". Mais sans qu’aucun écrivain de la diaspora ne soit véritablement représenté sur scène. Une parole confisquée, déléguée à des spécialistes ou officiels, alors même que ceux qui vivent cette expérience en sont exclus.
C’est un paradoxe douloureux pour un pays qui revendique l’attachement à ses ressortissants à l’étranger. Oublier ses écrivains MDM, c’est nier une part de sa mémoire, de sa langue, et de son imaginaire collectif. Plus encore, c’est une insulte à leur intelligence, à leur contribution réelle à la culture marocaine, ici et ailleurs.
Une littérature en mouvement... mais invisible
Une rencontre a pourtant été organisée le 12 avril à 15h, à l’Espace Maghreb, sous le thème : "L’écriture de la migration : une littérature en mouvement", en partenariat entre le Ministère de la Culture et le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME). Une initiative louable sur le papier, mais qui semble bien tardive et marginale dans une programmation dominée par des voix venues exclusivement du Maroc.
Pourtant, la diaspora regorge de talents littéraires. Des écrivains marocains vivent, créent et publient aux quatre coins du monde : en France, en Belgique, au Canada, en Espagne, en Italie, aux États-Unis… Pourquoi leur parole n’est-elle pas plus présente ? Que faut-il pour que ces écrivains de la traversée soient reconnus comme des acteurs à part entière de la scène culturelle marocaine ?
Pour un avenir littéraire inclusif
Le Festival du Livre de Paris aurait pu être le moment idéal pour ouvrir un nouveau chapitre, plus juste, plus inclusif, dans les relations culturelles entre le Maroc et sa diaspora. Malheureusement, il reste cette année encore une vitrine sélective, où les Marocains du Monde sont plus objets de discours que sujets de leur propre parole.
Maglor.fr, fidèle à sa vocation de mettre en lumière les talents et les initiatives des Marocains d’ici et d’ailleurs, espère que les futures éditions sauront intégrer pleinement ces voix diasporiques, riches, diverses et profondément marocaines.
En attendant, le public peut profiter de nombreuses animations, rencontres, lectures et expositions, ainsi que du village culturel marocain éphémère sur la place Saint-Michel à Paris, organisé par le Consulat général du Royaume du Maroc en partenariat avec la mairie du 6e arrondissement. Une belle immersion dans le patrimoine vivant du Maroc.