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A Figari, en Corse, les ouvriers marocains font vivre la vigne

Depuis de nombreuses années, les vignerons corses, confrontés au manque de main-d’œuvre locale, font venir des travailleurs saisonniers du Maroc.

Nombreux sont les vignerons français qui ont recours au Maroc pour recruter des ouvriers agricoles. Jean-Baptiste de Peretti dont le vignoble s’étend sur 15 hectares vallonnés en Corse-du-Sud a, lui aussi, opéré ce choix. En janvier 2019, il a recruté des saisonniers ayant « une vraie connaissance de la vigne » dans la région viticole de Meknès pour son exploitation labellisée AOC et en conversion bio, fait savoir Le Monde. On les appelle des Marocains de Figari. Deux de ses ouvriers sont Morad, 38 ans et Abdou, 45 ans, (ils ont requis l’anonymat). Le premier a travaillé pendant trois saisons avant de signer un CDI à temps plein au domaine de Peretti della Rocca.

« C’est quelqu’un de très important pour moi », insiste le vigneron corse. « Jean-Baptiste, c’est comme la famille », lui retourne l’ouvrier. Son collègue Abdou, 45 ans, effectue sa deuxième saison d’affilée au domaine de Peretti della Rocca. C’est par l’entremise de son frère Tareq, installé sur l’île depuis 2008 qu’il a pu décrocher son premier contrat saisonnier. Leur père fut un ouvrier agricole. Il avait travaillé cinquante ans dans la vigne en France. « Il n’y a que des Marocains qui font [ce travail]. C’est dur », explique Abdou.

Jean-Baptiste de Peretti compte recruter trois saisonniers l’an prochain, mais est inquiet à l’idée de ne pouvoir le faire, non pas par manque de volonté mais à cause des restrictions de visa français. La France avait décidé fin septembre 2021 de réduire de 50 % l’octroi des visas pour les Marocains et les Algériens et de 30 % pour les Tunisiens, au motif que ces trois pays refusent de délivrer des laissez-passer consulaires nécessaires au retour de leurs ressortissants expulsés de France. Une décision qui pénalise les Marocains mais aussi les exploitants agricoles français déjà confrontés à une pénurie de main-d’œuvre.

Jean-Baptiste de Peretti se lève tôt. Et le jour, peu avant lui. Au volant de son pick-up, l’esprit encore cotonneux, il descend le long de son vignoble, qui s’étend sur 15 hectares vallonnés. En piémont de la splendide chaîne montagneuse de l’Omu di Cagna, en Corse-du-Sud, il détaille les vignes qu’il a commencé à planter en 2013 et qu’agite un timide vent venu de la mer.

Entre les rangées des plus jeunes ceps, le vigneron de 52 ans salue ses deux ouvriers agricoles marocains, Abdou et Morad (ils ont requis l’anonymat). Depuis 6 heures, les deux hommes s’affairent à installer un système de goutte à goutte qui viendra rafraîchir la vigne naissante. Il n’a pas plu depuis trois mois à Figari. Chemin faisant, Abdou et Morad se courbent pour fixer les tuteurs des pieds encore frêles, d’un geste répétitif. Enfin, ils arrachent à la main les rares mauvaises herbes qui s’accrochent encore à la terre granitique tout juste labourée. Dans peu de temps, il fera plus de 30 °C sous le soleil.

Le quotidien Le Monde a consacré un reportage aux ouvriers marocains de Figari.

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