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Artisanat marocain : L’INAIA dévoile sa feuille de route.

Avec un chiffre d’affaires de plus de 76,40 Milliards Dhs, grâce aux travaille laborieux des 1,3 millions d’artisans marocains, le secteur de l’artisanat est toujours à la traine. Il est loin de satisfaire les attentes. La crise de la pandémie n’a pas joué à sa faveur, non plus. La reprise, en ce premier trimestre 2022, est légèrement ambitieuse mais le il reste beaucoup à faire. Entouré des instances des professionnels, le ministère de tutelle s’efforce d’assurer le meilleur décollage de l’artisanat national. Au-devant de la scène, l’Instance nationale des artisans et de l’industrie artisanale (INAIA) active le pas. Dans ce reportage, son président, Mohamed Aityachou, et les membres de son bureau exécutif nous dévoile les dessous de ce secteur, mais surtout leur feuille de route…
 

Par. Rida ADDAM
 
Arrondissement Moulay Rchid à Casablanca. Il est 10h, devant la Msalla de la région. Une dizaine de femmes et d’hommes activent le pas. De loin, un photographe mémorise l’instant. C’est la délégation de l’Instance nationale des artisans et de l’industrie artisanale (INAIA) qui vient s’assurer des petits détails de l'organisation du 1er Festival national des artisans et de l’industrie artisanale, qui se déroule du 20 mai au 03 juillet 2022. Aujourd'hui, c'est l'ouverture officielle et tout doit être à la perfection.« Le choix n’est pas anodin. Nous sommes à quelques mètres de la faculté des lettres et des sciences humaines Ben M’Sik. C’est une invitation ouverte à tous les chercheurs du pays à mettre la main dans la pâte et contribuer au développement de l’artisanat marocain », lance Mohamed Aityachou. Aux yeux du président de l’ANAIA, les choses sont claires : « l’implication de tous les acteurs de l’économie nationale est fondamentale pour appuyer les efforts fournis par les professionnels et les responsables dans le but d’atteindre une maturité sensée placer l’artisanat marocain au-devant de la scène internationale ». Des mots forts qui résument la motivation de tous les professionnels dans l’organisation de leur premier festival qui réunira des centaines d’exposants, chercheurs et institutionnels. Quant aux visiteurs, l’INAIA s’attend à les recevoir par milliers. Depuis, quelques, des centaines de visiteurs s'y rendent déjà quotidiennement.
Quelques minutes sur place suffisent pour attirer des dizaines de curieux. Un échange bref et précis entre les membres de l’instance et les riverains ne tarda pas. La question des prix et des nouveautés s’impose. « Après deux années de confinement, les artisans comme les clients ont besoin d’échanger entre eux. Les premiers doivent satisfaire les attentes des visiteurs avant de penser à l’écoulement de leurs produits. Ce pacte éternel qui anime la relation entre les deux parties adonné le thème de cette édition : « L’économie solidaire, enjeu du développement » », explique un membre du comité d'organisation. 
Mêmes sons de cloches chez les autres membres de l’instance et des responsables élus rencontrés sur place. Pour Mohammed Aalioua, vice-président de l’instance, « toutes les conditions sont favorables pour le développement du secteur surtout que le gouvernement, via son ministère de tutelle et ses instances, fournit les efforts nécessaires pour réussir ce challenge national ». 
« Devenu une priorité nationale, la mise à niveau des conditions de travail des artisans et leur niveau de vie, le gouvernement n’a pas tardé à lancer une série de programmes et de mesures pour améliorer le quotidien de l’artisan marocain », dixit-il. 
 
Pourquoi un festival ?
La réplique de Aityachou ne tarde pas et vient réconforter nos interrogations. « Cette initiative vient répondre aux enjeux de promotion de l'économie sociale et solidaire, notamment les activités qui connaissent une forte implication de la femme, dans les filières des produits du terroir et de l'artisanat ». 
Et de poursuivre : « Ces deux secteurs souffrent d'un accès difficile aux réseaux nationaux de distribution ». Ce qui permet de qualifier le festival comme « un nouvel horizon de marketing équitable. Il est entièrement consacré à la vente des produits artisanaux », poursuit le communiqué de l’instance, rendu publique à cette occasion. 
Laissons derrière nous quelques ouvriers et des représentants de l’organisateur de cette première édition, un membre du bureau exécutif de l’INAIA nous invite à visiter quelques sites casablancais de l’artisanat. Une visite guidée pour nous faire dévoiler la réelle situation du secteur et le feuille de route de l’instance. Une feuille de route qui s’articule entre autres sur trois axes fondamentaux : « Soutenir l’artisan en lui assurant les meilleures conditions de travail ; améliorer son mode de vie quotidien et lui assurer les droits élémentaires ; lui ouvrir des marchés locaux et internationaux pour véhiculer sa marchandise avec les meilleures conditions possibles… », résume notre guide. Plusieurs actions sont en cours, tandis que d’autres verront le jour dans les mois à venir. 
 
Riche rencontre avec les artisans. 
Comme le stipule le communiqué de l’instance, « le choix de la ville de Casablanca pour accueillir cet évènement n’est pas un fruit du hasard, compte tenu du dynamisme commercial que connait la capitale économique du Royaume ; ce qui facilite, d’une part, l’accès au marché qui compte le plus de consommateurs à l’échelle nationale, et d’autre part, le positionnement et l’intégration de l’économie solidaire dans le tissu économique national ». 
Les artisans casablancais ne cachent pas leur amour et abnégation à leur art ancestral. Ni les crises occasionnelles, ni la rude concurrence à l’international ne les découragent. Quand le monde a arrêté de vivre pendant deux années, l’artisan marocain a continué à produire. Mais pour qui ? « Nous sommes des artistes. Nous travaillons en majorité chez nous. Un artiste n’a pas besoin de marchés pour travailler, mais pour survivre. L’offre est toujours importante même quand le marché est lent. », nous résume un artisan au quartier des Habbous, le plus populaire de la métropole. 
Un autre membre du comité d'organisation du festival, profite de ce témoignage pour argumenter son choix et son timing pour l’organisation de cette édition : « Ce festival est la première opportunité commerciale pour les professionnels après plus de deux années de confinement. Ce qui explique l’engagement de l’instance et tous les acteurs locaux et nationaux pour réussir cette édition qui s’attend à une forte participation ».
A en croire ses propos, « le festival exprime la vision et la volonté de l’instance pour développer le secteur et améliorer son rendement au sein du tissus économique national ».  
Pas loin du célèbre quartier des Habbous, une couturière, devenue styliste après plusieurs années de pratique et de stages de formation au Maroc et à Dubaï, nous donne sa propre vision des choses. « L’artisanat a besoin de la volonté du marché à la soutenir. La solidarité du consommateur marocain est demandée plus que jamais. Encourager le produit de terroir et le placer au centre des priorités d’achat du consommateur national nous permettra de changer rapidement le cap et améliorer la qualité de l’offre », dit-elle. D’où la volonté de l’INAIA de créer cette synergie entre l’artisan et le consommateur national avant l’étranger.    
Vivement la solidarité nationale.
Toutes catégories confondues, les dizaines d’artisans rencontrés lors de notre reportage, n’ont pas caché leur satisfaction de l’organisation du festival, ce marché solidaire qui leur permettrai de tourner, ne serait-ce que symboliquement, la page du Covid et ses retombées sur leur secteur. Ils vont jusqu’à inviter les responsables à multiplier ces initiatives dans toutes les régions du pays. « Pourquoi pas en Europe ou ailleurs dans les mois à venir. Nous avons de quoi satisfaire le marché local et international avec des prix très compétitifs », grogne un artisan entre deux coups de marteaux. 
A l’ancienne médina, l’ambition des artisans ne manque pas, non plus. Ils partagent les mêmes convictions avec leurs autres collègues. « Nous sommes des artistes et militants. Nous travaillons en silence, en attendant des jours meilleurs, mais nous luttons pour que ces jours ne tardent pas à venir. Certes, les responsables fournissent des efforts pour améliorer notre quotidien, en dépit de la crise internationale, mais le consommateur local doit faire preuve de solidarité et soutenir son artisan », crient-ils. 
Autrement dit, la solidarité, cet enjeu du développement de l’artisanat national s’impose plus que jamais. « D’où, le bon choix du thème de cette première édition du festival national des artisans et de l’industrie artisanale. », précise Aityachou. Et de conclure : « L’enjeu est de taille. Soyons à la hauteur au rendez-vous ! 
 

Langue
Français
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