Maglor - La France se trouve confrontée à une crise sanitaire d'une ampleur sans précédent, exacerbée par une grave pénurie de personnel médical qualifié. Pour remédier à cette situation, le gouvernement français a récemment lancé un programme de recrutement ciblé de médecins étrangers, avec une attention particulière portée aux pays francophones d’Afrique, parmi lesquels figure le Maroc.
Selon des sources rapportées par Le Figaro, le président Emmanuel Macron a confié au Premier ministre Gabriel Attal la tâche de désigner un envoyé spécial chargé de prospecter des professionnels de santé à l’étranger. L'objectif principal est de pallier le déficit médical criant qui sévit dans les hôpitaux français, particulièrement dans les zones rurales et les quartiers défavorisés.
Pour faciliter ce recrutement, le gouvernement français a entrepris de simplifier les procédures de reconnaissance des diplômes et des compétences des médecins issus de pays tiers à l’Union européenne. Parmi les quelque 300 000 médecins inscrits au Conseil de l’Ordre, plus de 25 000 proviennent de pays européens ou non européens, dont plus de 5 000 sont diplômés hors de l’UE, principalement en Afrique du Nord.
Toutefois, cette initiative a suscité des préoccupations au sein des pays d’origine des médecins sollicités. Le Maroc, en particulier, craint une fuite des cerveaux de ses professionnels de la santé, attirés par des opportunités offertes par des institutions et des entreprises étrangères. Cette migration pourrait aggraver l’affaiblissement du système de santé marocain, déjà fragilisé par la pandémie de Covid-19.
Les syndicats et les directeurs d’hôpitaux français ont également exprimé leur inquiétude, soulignant que le recours aux médecins étrangers ne pouvait constituer qu’une solution temporaire. Ils ont appelé à investir davantage dans la formation et l'attractivité des carrières médicales en France pour garantir une solution pérenne à la crise actuelle.
Le Maroc, pays fortement touché par l'exode de ses médecins vers la France, subit les conséquences de cette émigration. Plus de 7 000 médecins marocains exercent actuellement en France, représentant près de 20% du total des médecins marocains. Cette situation engendre une perte de compétences et de savoir-faire pour le Maroc, déjà confronté à une pénurie de ressources humaines et matérielles dans le secteur de la santé.
Afin d'inciter les médecins à rester ou à revenir au pays, le Maroc a mis en place plusieurs mesures, telles que l'amélioration des conditions de travail, la création de postes dans les régions déficitaires et la simplification des procédures administratives.
En parallèle, le Maroc renforce sa coopération avec la France pour réguler les flux migratoires des professionnels de santé et favoriser les échanges de bonnes pratiques. Un accord-cadre en ce sens a été signé en 2018 pour réguler cette migration et mutualiser les compétences médicales entre les deux pays.
Dans ce contexte, la question de la migration des médecins entre le Maroc et la France reste un enjeu crucial, avec des implications profondes pour le système de santé des deux pays et pour le développement économique de la région.