Le patrimoine culturel a été la cible ces dernières années de conflits armés ; sa réhabilitation est aujourd’hui un élément essentiel de la reconstruction sociale et culturelle des pays concernés. ALIPH est le seul fonds mondial dédié à la protection du patrimoine culturel dans les zones en conflit.
ALIPH, dont l'acronyme désigne la première lettre de l'alphabet arabe, a pour vocation d’agir en faveur du patrimoine culturel dans les zones en conflit, grâce à un programme de subvention qui lui permet flexibilité et réactivité.
Une initiative française
À la suite de la destruction massive de monuments, musées et sites patrimoniaux dans les zones en conflit, le président-directeur du musée du Louvre, Jean-Luc Martinez, a rendu publiques en novembre 2015, à la demande du Président de la République française, Cinquante propositions pour protéger le patrimoine de l’humanité. Parmi celles-ci figurait la création d’un fonds international pour la sauvegarde du patrimoine en situation de conflit armé. À l’initiative de la France et des Émirats arabes unis, cette idée est devenue réalité, au lendemain de la conférence internationale d’Abou Dabi de décembre 2016 sur le patrimoine en danger, avec la création d’ALIPH en mars 2017. Depuis, cette initiative a été rejointe par plusieurs pays et partenaires privés.
Les trois missions
Les trois domaines d’intervention d’ALIPH sont : la protection préventive pour atténuer les risques de destruction, les mesures d’urgence pour assurer la sécurité du patrimoine, et les actions post-conflits pour que les populations puissent à nouveau jouir de leur patrimoine culturel.
« Par ces interventions, nous affirmons notre engagement à contribuer à préserver l’histoire collective de l’humanité et à aider ceux qui vivent dans des pays touchés par des conflits à construire un sens renouvelé d’espoir, de communauté et de dignité », a déclaré Thomas S. Kaplan, Président du Conseil de Fondation d’ALIPH.
Cette nouvelle annonce de financements renforce l’engagement d’ALIPH dans trois domaines d’intervention : la protection des monuments et des sites, la sauvegarde des musées et de leurs collections et la documentation et l’interconnexion du patrimoine. L’Alliance financera également, pour la première fois, un projet sur le patrimoine immatériel en Afghanistan, en vue de sauvegarder la fabrication de carreaux décoratifs, de tapis et d’un instrument de musique.
Avec le nouveau cycle de financements, la présence d’ALIPH va passer de 7 à 12 pays : Afghanistan, Erythrée, Géorgie, Irak, Liban, Libye, Palestine, Pérou, Somalie, Soudan, Yémen, ainsi qu’un projet au Danemark pour numériser des documents sur le patrimoine de Palmyre (Syrie).
L’ampleur et la portée de cette action est aujourd’hui possible grâce au soutien déterminé de ses États membres et de ses donateurs privés. Les projets en cours d’ALIPH ont déjà franchi plusieurs étapes importantes, en particulier l’initiative de long terme « Mosaïque de Mossoul », qui vise à réhabiliter des sites représentatifs de la diversité culturelle et religieuse de la vieille ville (Irak).
Par exemple, le musée de Mossoul a été stabilisé, une partie de ses collections sécurisée et son plan d’action de réhabilitation finalisé. La prochaine étape vient d’être approuvée par ALIPH : elle portera sur la restauration des collections, la formation des équipes et la préparation de la reconstruction du bâtiment.
Deux mesures d’urgence ont également été menées à bien en Afrique : au Mali, le personnel de la Bibliothèque Al-Aqib de Tombouctou a été formé à la restauration des 3 000 manuscrits ; à Abidjan, la protection des collections du Musée des Civilisations de Côte d’Ivoire a été renforcée. « Cet excellent projet est une première en Afrique de l’Ouest. En effet, grâce au grand soutien d’ALIPH, les collections de ce musée sont dorénavant bien protégées », a estimé Silvie Memel-Kassi, Directrice du Musée des Civilisations de Côte d’Ivoire.
ALIPH est l’expression d’une « alliance » entre plusieurs États, partenaires privés et experts, garantissant ainsi une vision pluraliste. Ces États, institutions et personnalités ont choisi de s’unir pour financer cette initiative.
La France, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, le Koweït, le Maroc, le Luxembourg et la Chine ont apporté leur soutien financier. ALIPH a également reçu le soutien de la Suisse, et des contributions de la part de la The Andrew W. Mellon Foundation et des philanthropes M. Thomas S. Kaplan et M. Jean-Claude Gandur.