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La situation des travailleurs sans-papiers en France : une crise qui s’aggrave

Maglor - En France, la situation des travailleurs sans-papiers se détériore, marquée par un gel quasi total des régularisations et un durcissement des politiques migratoires. Associations, syndicats et collectifs tirent la sonnette d'alarme face à des conditions de vie de plus en plus précaires pour ces travailleurs occupant pourtant des postes essentiels dans l'économie française.

Un gel des régularisations préoccupant

Depuis plusieurs mois, les régularisations, autrefois encadrées par la circulaire Valls de 2012, sont au point mort. Cette circulaire, qui régularisait environ 30 000 personnes chaque année sur des critères de travail et d’intégration, est aujourd’hui fragilisée. L’arrivée de Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur a coïncidé avec une remise en question de ce texte, mais sa démission avant de finaliser une réforme a laissé un vide administratif.

Dans les préfectures, des consignes strictes sont appliquées, et les réunions permettant aux syndicats de défendre les dossiers de régularisation sont suspendues. À Paris, les militants de la CGT dénoncent l’absence d’audiences depuis novembre. Pire, des demandes sont rejetées pour des motifs jugés secondaires, tels que de vieilles obligations de quitter le territoire (OQTF), amplifiant l’incertitude des travailleurs.

Une précarité accrue par de nouvelles lois

La récente loi sur l’immigration, portée par Gérald Darmanin, durcit encore les règles. Elle permet désormais de refuser des titres de séjour en cas d’usage de faux documents ou d’anciennes infractions administratives. Pour les travailleurs sans-papiers, souvent contraints de recourir à des moyens informels pour trouver du travail ou se loger, ces nouvelles mesures rendent leur situation encore plus vulnérable, les exposant davantage à l’exploitation et au travail dissimulé.

Mobilisation nationale : la solidarité en action

Face à ces restrictions, une mobilisation nationale s’organise. La Marche des solidarités, soutenue par près de 300 organisations, appelle à manifester dans plusieurs villes de France, en particulier à l’occasion de la Journée internationale des migrants, les 14 et 18 décembre. Les revendications principales incluent :

  • La régularisation massive des sans-papiers,
  • La fermeture des centres de rétention,
  • L’accès aux droits fondamentaux comme la santé, le logement, et un travail décent.

Gérard Delahaye, militant à la CGT, souligne l’hypocrisie de la situation : « Ces travailleurs occupent des postes dans des secteurs essentiels comme le BTP, la restauration ou le nettoyage, mais n’ont aucune reconnaissance ni stabilité. »

La dématérialisation : un obstacle supplémentaire

Claire Hédon, défenseure des droits, a récemment dénoncé la dématérialisation des démarches administratives via l’ANEF (plateforme numérique). Selon elle, ce système accentue les inégalités d’accès aux droits, privant de nombreux étrangers, y compris des personnes en situation régulière, d’un traitement équitable de leurs demandes.

Un enjeu moral et économique

Alors que ces travailleurs jouent un rôle crucial dans de nombreux secteurs de l'économie, leur exclusion administrative et sociale soulève des questions éthiques et politiques majeures. La France, pays des droits de l’homme, est mise au défi de réconcilier ses valeurs avec une politique migratoire de plus en plus restrictive.

Dans un climat de tensions sociales, cette crise illustre la nécessité d’un débat national sur la régularisation des travailleurs sans-papiers, qui ne sont pas seulement des migrants, mais aussi des contributeurs essentiels à la société française.

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