La calligraphie, art vivant à part entière, fascine depuis des siècles, de la Chine jusqu’à l’Andalousie. Une universalité dont les fondements reposent pourtant exclusivement sur l’alphabet arabe.
A travers des oeuvres choisies, l'exposition organisée par l'Institut du Monde Arabe (IMA) à Paris retrace l'itinéraire dans cet art majeur du calligraphe irakien Ghani Alani, titulaire d’une ijâza (licence) du grand maître Hachem el-Baghdadi.
Ghani Alani se rappelle très précisément de sa rencontre avec son maître, Hachem Mohamad, plus connu sous le nom de Baghdadi, à l’âge de treize ans. C’est à l’école de Bagdad, ville où il est né en 1937, que le maître lui enseignera son savoir durant trois ans, la capitale irakienne étant une des grandes écoles de la calligraphie arabe classique.
Plus qu’une technique, il lui transmettra la conscience du lien entre l’être humain et la lettre. « Il y a dans la calligraphie quelque chose qui a à voir avec l’âme. La plume du calligraphe n’est que le prolongement même de son bras, de tout son être », avait-il déclaré au site de l’Unesco, en février 2010. La tradition proverbiale, transmise par Baghdadi, est également une constante dans ses œuvres.
Titulaire d’un doctorat en droit obtenu à Paris, Ghani Alani n’en a pourtant jamais fait son métier. Après l’obtention de ce diplôme, il retourne ainsi en Irak et intègre l’institut des Beaux-Arts de Bagdad. Il reviendra ensuite en France pour, à son tour, transmettre son savoir aux étudiants de l’université d’Aix-en-Provence ou de l’Institut national des langues orientales (Inalco). Continuer à pratiquer la calligraphie, il en avait fait la promesse à Al Baghdadi.
En 2009, il reçoit le prix Unesco-Sharjat pour la culture arabe, que le graffeur El Seed a reçu pour l’année 2016. En plus de reconnaître la calligraphie arabe en tant qu’art majeur, l’attribution de ce prix est pour lui l’occasion de « montrer un autre visage de l’Irak, différent des images de guerre et de violence qui ont envahi les écrans ». Il décrit lui-même la calligraphie arabe comme « un art vivant, ouvert sur le présent, combinant la tradition et la modernité ».
Auteur de nombreux ouvrages sur la calligraphie arabe, dont Calligraphie arabe : Initiation (2001) ou Diwan des lettres amoureuses (2007), Ghani Alani incarne pour beaucoup de calligraphes une référence de la discipline, voyageant avec les lettres comme on voyage avec les vers.
Les Calligraphies de Ghani Alani s'exposent à l'Institut du Monde Arabe à Paris du 8 mars 2018 au 1er avril 2018. Bibliotèque (Niveau 1), entrée libre.
Mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi, dimanche, jours fériés :13 h - 19 h