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Une campagne de vaccination «criminelle» suscite la colère des Tunisiens

La réponse de la Tunisie à la pandémie de coronavirus est «criminelle», a affirmé mercredi le Premier ministre Hichem Mechichi après avoir limogé le ministre de la Santé Faouzi Mehdi.

(AFP) - Le pays est submergé par une vague de Covid-19. Le nombre de morts avoisine les 18 000, sur une population d'environ 12 millions d'habitants.

Le pays a enregistré 1,4 décès pour 100 000 habitants par jour au cours de la semaine dernière, le deuxième pire bilan après la Namibie.

Le nombre de morts en Tunisie est également le plus important d'Afrique du Nord, malgré sa population peu nombreuse. Les hôpitaux sont confrontés à de graves pénuries d'oxygène, de personnel soignant et de lits de soins intensifs, et moins de 8 % de la population est entièrement vaccinée.

«Le dysfonctionnement à la tête du ministère de la Santé a atteint des niveaux effarants», ajoute Mechichi.

Mehdi avait annoncé l’ouverture de centres de vaccination temporaires à tous les Tunisiens de plus de 18 ans mardi et mercredi, à l'occasion de la fête musulmane de l'Aïd al-Adha.

Mais l’annonce a créé des bousculades dans quelques-uns des 29 centres de vaccination, et les doses se sont vite épuisés.

Le ministère comptait initialement poursuivre la campagne au cours des prochains jours. Il a été toutefois contraint de faire machine arrière et limiter l’inscription aux 40 ans et plus le mercredi, afin d’éviter une nouvelle ruée.

Mechichi qualifie le programme hâtivement organisé de «populiste» et «criminel». «Ni le chef du gouvernement, ni les gouverneurs, ni les services de sécurité n'étaient au courant», selon lui.

L'analyste Selim Kharrat estime que le chef du gouvernement utilise ses ministres comme fusibles pour «absorber la grogne du public». «Mais pendant combien de temps?», se demande-t-il.

Le président Kaïs Saïd a ordonné mercredi à l'armée de prendre en charge la gestion de la réponse nationale au virus

L’unité médicale de l’armée tunisienne se chargera de la tâche, d’après son annonce sur la chaîne de télévision régionale Al-Arabiya.

Des soldats et des médecins militaires procèdent déjà à l’inoculation des résidents dans des régions reculées. Mardi, des camions militaires ont transporté de l'oxygène vers des hôpitaux au centre et du nord-ouest du pays qui souffrent de pénuries.

Le nouveau ministre de la Santé par intérim a pris ses fonctions mercredi.

L'Aïd Al-Adha, ou «Fête du Sacrifice», est généralement marquée par des prières collectives, de grands rassemblements sociaux, l'abattage de bétail et la distribution de viande aux nécessiteux. Cette année, les autorités tunisiennes ont restreint les rassemblements et mis en place un couvre-feu dans certaines régions où les infections sont élevées.

Le pays a également fermé certaines de ses plages méditerranéennes, un nouveau coup dur pour le secteur du tourisme en difficulté depuis des années.

Des pays étrangers ont acheminé des vaccins et du matériel médical vers la Tunisie.

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