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Espagne-Maroc : des commerçants tentent de mettre fin au phénomène des “mulets”

AFP - Les commerçants de Ceuta, enclave sous administration espagnole dans le nord du Maroc, ont lancé une initiative pour que les femmes ne transportent plus des marchandises sur leur dos mais sur des chariots, a-t-on appris lundi de sources concordantes.

Sur les quelque 2.200 femmes ayant traversé lundi le poste-frontière pour aller récupérer toutes sortes de marchandises dans l’enclave espagnole, environ 40% étaient munies de chariots à roulettes, selon une source au sein de la préfecture de Ceuta.

Cette source a assuré que les femmes utilisaient des chariots “sur suggestion des commerçants” de la zone et avec l’aval des autorités espagnoles.

Des milliers de porteurs marocains – hommes ou femmes selon le jour – traversent chaque jour la frontière, payés quelques dizaines d’euros par des commerçants marocains pour transporter vêtements, produits ménagers ou alimentaires destinés à être revendus au Maroc.

Les porteurs ne paient pas de taxes sur les marchandises qu’ils transportent à pied et sur leurs dos, contrairement aux véhicules traversant le poste-frontière, ce qui explique l’énorme poids des chargements – plusieurs dizaines de kilos.

Chaque année, certains trouvent la mort dans des bousculades.

Mohamed Benaïssa, président de l’Observatoire du nord pour les droits de l’Homme, au Maroc, a assuré à l’AFP que du côté espagnol, “les femmes qui transportent des marchandises sont obligées depuis aujourd’hui d’utiliser des chariots si elles veulent transporter la marchandise”.

Ana Rosado, porte-parole de l’ONG espagnole APDHA, craint de son côté que les porteurs ne soient obligés une fois revenus au Maroc de charger à nouveau les marchandises sur leur dos.

En savoir plus

Chaque jour, des milliers de femmes appelées femmes mulets traversent la frontière entre le Maroc et l’Espagne, en transportant sur leur dos, des énormes paquets pesant jusqu’à 80 kilogrammes. Fernando del Berro a photographié leurs déplacements. Un choc de voir ceci au 21 siècle…

Chaque matin, c’est la même noria : Dès 7h du matin,  environ 10 000 femmes s’affairent pour récupérer des marchandises à Ceuta, enclave espagnole ceinturée de barbelés et de murs. Pourquoi ? Depuis des années, la douane marocaine, autorise le passage de biens par la frontière de Ceuta, qu’une personne peut transporter elle-même, sans camion. Mais – tenez-vous bien –  la charge ne doit jamais toucher le sol.

Ce « métier » de femmes mulets, complètement d’un autre âge, complètement indécent, indigne et révoltant concerne à 80%, les femmes car c’est un moyen pour elles de gagner de l’argent et de nourrir leur famille. Le dos plié sous le poids de la marchandise, elles acheminent les marchandises vers les souks du Nord marocain.

Ces marchandises appartiennent à des commerçants marocains, qui gagnent ainsi des millions d’euros par an – on parle de 6 millions d’Euros annuels. Si les marchandises transitaient officiellement par une douane, ils devraient s’acquitter de taxes. Alors, il est bien plus économique de fermer les yeux sur ces pratiques… Les autorités espagnoles refusent de parler de contrebande, puisque la marchandise est vendue par des commerçants légaux. Aucun contrôle n’est effectué sur la nature des paquets.

Ces femmes mulets, véritables bêtes de somme, gagnent juste un salaire quotidien oscillant entre 40 et 50 euros, en portant ces mastodontes de marchandises et beaucoup souffrent de troubles musculo-squelettiques, certaines même meurent sous .

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