Le 31 octobre marque le vingt-troisième anniversaire de la publication de la résolution n° 1325 de 2000 du Conseil de sécurité des Nations Unies, la première résolution à reconnaître le rôle pionnier des femmes dans l'instauration de la paix et de la sécurité internationale. , ainsi que leurs contributions à la prévention et à la résolution des conflits. Afin de discuter de cette résolution et de l'engagement des femmes dans la paix et la sécurité, nous avons eu le privilège d'échanger avec deux personnalités éminentes. D'une part, Aicha Duihi, une figure Sahraouie réputée dans le domaine de la diplomatie parallèle, de la paix et des droits de l'homme, reconnue internationalement pour son implication dans la participation des femmes aux processus de paix et de sécurité. D'autre part, Karima Rhanem, spécialiste de la communication et des médias sociaux, chercheuse en gouvernance et politiques publiques, journaliste et militante sociale. Notre entretien avec ces deux femmes vise à explorer leurs expertises respectives et à recueillir leurs points de vue sur le rôle des femmes dans ces domaines et les défis actuels à surmonter.
Maglor : L'adoption de la résolution 1325 par le Conseil de sécurité des Nations Unies en 2000 a marqué un tournant dans la reconnaissance du rôle des femmes dans la paix et la sécurité. En tant que présidente de l'Observatoire de Genève pour la Paix, commentez-vous l'évolution de la participation des femmes dans les processus de paix depuis lors ?
Aicha Duihi : En tant que présidente de l'Observatoire de Genève pour la Paix, je constate que l'adoption de la résolution 1325 en l'an 2000 a marqué une avancée significative dans la reconnaissance du rôle des femmes dans la construction de la paix et de la sécurité. . Cependant, malgré cette reconnaissance et les recommandations qu'elle a formulées, la participation effective des femmes au processus de paix reste encore insuffisante.
Au cours de ces deux dernières décennies, nous avons vu un graduel, mais la pleine inclusion des femmes dans les processus de négociation et de réconciliation est loin d'être réalisée. Les chiffres ne mentent pas : un nombre restreint d'accords de paix intègre des dispositions relatives aux femmes et à l'égalité des sexes. De plus, les taux élevés de violence sexuelle dans les zones de conflit signalent un défi constant en matière de sécurité et de droits des femmes.
Maglor : Karima Rhanem, experte en communication, chercheuse en gouvernance et politiques publiques, et militante sociale, quels sont, à votre avis, les principaux obstacles à surmonter pour améliorer la participation des femmes dans les négociations et les processus de paix, malgré les progrès enregistrés, et quelles actions préconisez-vous pour y parvenir ?
Karima Rhanem : Les défis entravant la pleine participation des femmes aux négociations et aux processus de paix sont à la fois multiples et complexes. Parmi ces défis, on observe premièrement l'impact des normes culturelles et sociales qui souvent assignent aux femmes des rôles traditionnels, les écartant des sphères décisionnelles politiques. Les stéréotypes de genre limitent leur accès aux postes de pouvoir et aux processus décisionnels.
Deuxièmement, les femmes sont fréquemment victimes de violences sexuelles et de genre dans les zones de conflit. Assurer leur sécurité et protéger leurs droits sont des conditions préalables à leur pleine participation.
Enfin, un autre défi majeur réside dans la sous-représentation des femmes au sein des institutions officielles impliquées dans les négociations de paix. Ce manque de représentation impacte directement leur participation effective.
Pour améliorer leur implication, plusieurs mesures clés s'avèrent primordiales. Tout d'abord, l'instauration de lois et de politiques en faveur de l'égalité des sexes est essentielle pour garantir la participation des femmes. Des quotas et des mesures d'action positive peuvent jouer un rôle crucial en encourageant leur inclusion.
Ensuite, une sensibilisation croissante sur l’importance de la participation des femmes est primordiale. L'éducation sur les droits des femmes, la diversité et l'inclusion devrait être diffusée à tous les niveaux de la société.
Il est également crucial d'encourager et de promouvoir le leadership des femmes. Faciliter leur accès aux postes de décision, leur offrir des formations et un mentorat renforcera leur présence dans les processus de paix.
La garantie de la sécurité des femmes est un prérequis pour leur implication. Assurer une protection efficace contre la violence sexuelle et garantir leur sécurité sont des aspects cruciaux.
Ces mesures, combinées à des efforts continus pour éliminer les obstacles culturels, sociaux et institutionnels, peuvent grandement contribuer à une inclusion effective des femmes dans les processus de paix et de réconciliation.
Maglor : La résolution 1325 et ses succédanées visaient également à protéger les droits des femmes dans les zones de conflit. Comment évaluer la situation actuelle concernant la violence sexuelle et les droits des femmes dans ces contextes et quelles actions peuvent être entreprises pour y remédier ?
Aicha Duihi : La résolution 1325 et les résolutions ultérieures ont été cruciales pour accroître la protection des droits des femmes dans les zones de conflit. Cependant, la situation actuelle montre encore des défis considérables. Les femmes dans les zones de conflit restent vulnérables à la violence sexuelle et aux violations de leurs droits fondamentaux.
Des actions concrètes peuvent être des entreprises pour améliorer cette situation. Tout d'abord, renforcer la sensibilisation et la formation des forces de maintien de la paix sur la protection des femmes est crucial. Cela pourrait inclure des programmes de sensibilisation et des formations spécifiques pour identifier, prévenir et répondre aux cas de violence sexuelle.
Ensuite, établir des mécanismes pour assurer la protection et la sécurité des femmes est essentiel. Cela implique de renforcer les lois et les dispositifs de protection, d'assurer l'accès aux services de santé sexuelle et reproductive, et de faciliter l'accès à la justice pour les victimes.
Parallèlement, il est impératif de promouvoir l'autonomisation économique des femmes dans ces contextes. Des programmes visant à renforcer leur autonomie, leur accès à l'éducation et à l'emploi contribueront à réduire leur vulnérabilité et à renforcer leur résilience face à la violence et aux conflits.
Maglor : Karima Rhanem, commentez-vous les différentes initiatives prises par le Maroc pour renforcer la participation des femmes à la paix et à la sécurité ?
Karima Rhanem : Effectivement, le Maroc a réalisé des avancées significatives dans la promotion de la participation des femmes à la paix et à la sécurité. Le Programme National sur les femmes, la paix et la sécurité, conçu pour mettre en œuvre la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies, est une étape essentielle dans cette voie. Il a permis de renforcer la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies et de sensibiliser aux questions relatives aux femmes dans les zones de conflit.
Ces actions démontrent un engagement réel en faveur de l'égalité et de la participation des femmes dans les processus de paix. Cependant, pour consolider cet engagement, des mesures supplémentaires pourraient être prises.
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Nous tenons à exprimer nos sincères remerciements à Aicha Duihi et Karima Rhanem pour avoir partagé leurs idées, leurs expériences et leurs passions pour l'avancement des droits des femmes et la construction de la paix. Son dévouement à cette cause est une source d'inspiration pour tous ceux et celles qui œuvrent pour un monde plus équitable et pacifique.
Nous espérons que cet entretien stimulera des actions positives pour renforcer la place des femmes dans le processus de paix, et nous sommes reconnaissants à Aicha Duihi et Karima Rhanem pour leurs contributions essentielles à cette réflexion globale.