
Maroc de la civilisation
Aziz Rabbah
Jeudi 23 janvier 2024
Cette fois, je souhaitais accompagner mon article d’une photo d’une famille occidentale, convertie à l’islam, qui a commencé à apprendre le Coran et la langue arabe. Une scène qui reflète la réalité de nombreux nouveaux musulmans à travers le monde.
Sur les cinq continents – Afrique, Asie, Amérique, Europe et Australie – l’intérêt pour l’islam ne cesse de croître, entraînant avec lui un engouement pour l’apprentissage de la langue arabe. Ce phénomène dépasse le cadre des musulmans eux-mêmes pour toucher les chercheurs, les diplomates et bien d’autres. Il s’étend également à certains Espagnols en Andalousie, qui redécouvrent leurs racines historiques et leurs liens profonds avec le Royaume du Maroc.
L’Andalousie et le Maroc : une civilisation qui traverse le temps
L’histoire de l’Andalousie et du Maroc invite à une réflexion approfondie pour découvrir les trésors de la civilisation marocaine et ses prolongements historiques. L’un de ces trésors, visible et incontestable, est le mélange arabo-amazigh qui a façonné l’homme marocain. Cet homme a, à son tour, construit une civilisation marocaine islamique rayonnante depuis les Idrissides jusqu’aux Alaouites.
Cette civilisation s’est étendue vers le sud, le nord, l’est et peut-être même vers l’ouest, selon certaines théories qui suggèrent une présence marocaine dans les Amériques avant Christophe Colomb. De plus, la marine marocaine était si puissante qu’elle naviguait sur tous les océans, imposant des tributs aux flottes étrangères en échange de leur protection contre les pirates. Cette même marine fut sollicitée par Salah ad-Din Al-Ayyoubi pour contrer les flottes européennes unifiées qui soutenaient les Croisés à Jérusalem.
L’arabe et l’amazigh : une complémentarité indissociable
La langue arabe n’est pas seulement une langue culturelle, mais aussi la langue de la révélation et du Coran. Les Amazighs, au Maroc et ailleurs, l’ont adoptée sans renier leur langue maternelle. Bien au contraire, ils ont contribué à son essor en préservant le Coran, en le récitant, en l’enseignant et en écrivant des milliers de livres dans cette langue.
✅ La majorité des Amazighs – à l’exception d’une minorité extrémiste – considèrent l’arabe comme faisant partie intégrante de leur identité culturelle.
✅ De la même manière, la plupart des Marocains arabes reconnaissent l’amazigh comme un élément essentiel de leur patrimoine national.
✅ De nombreuses voix appellent à l’utilisation de l’alphabet arabe pour écrire la langue amazighe, afin d’en faciliter l’apprentissage et la diffusion.
Faire face à l’extrémisme et renforcer l’unité
Séparer l’arabe de l’amazigh est aussi impossible que de dissocier les organes d’un même corps. Ce mélange civilisationnel marocain représente un rempart contre les tentatives des extrémistes des deux camps, qui cherchent à semer la division.
Pour relever ces défis, il est impératif de renforcer notre immunité intellectuelle et de promouvoir une identité nationale unifiée. Cela passe par :
- La valorisation du patrimoine commun : explorer les manuscrits amazighs écrits en arabe et mettre en lumière les contributions civilisationnelles partagées.
- L’amélioration de l’éducation : introduire des programmes qui soutiennent l’apprentissage de l’arabe et de l’amazigh dans les écoles, tout en mettant en avant leur importance pour l’identité nationale.
- Le lancement d’initiatives culturelles conjointes : organiser des festivals, des colloques et des événements artistiques reflétant cette richesse civilisationnelle.
- La lutte contre les influences extérieures : qui tentent de diviser et de soutenir les voix extrémistes dans l’un ou l’autre camp.
Le Maroc : un modèle mondial de coexistence
Le Maroc reste un exemple unique de coexistence, non seulement entre l’arabe et l’amazigh, mais également entre diverses cultures et religions. Cet héritage partagé est ce qui rend le Royaume attrayant, à la fois pour les nouveaux convertis à l’islam et pour ceux qui cherchent à comprendre les cultures humaines en profondeur.
En conclusion, la force du Maroc réside non seulement dans ses richesses naturelles ou sa position géographique stratégique, mais aussi dans la diversité et la complémentarité de ses composantes civilisationnelles, qui définissent son identité exceptionnelle.