Le Parlement marocain a définitivement adopté mercredi un projet de loi contre les violences faites aux femmes, en discussion au Maroc depuis 2013 et qui avait provoqué de vifs débats. Coïncidence, c'était aussi le jour de la Saint-Valentin, la fête des amoureux.
"Grâce à Dieu !", s'est félicitée sur sa page Facebook la ministre marocaine de la Famille, de la femme et de la solidarité, Bassima Hakkaoui issue du parti islamiste PJD qui conduit la coalition gouvernementale.
Le texte qui avait été initié en 2013, avec moults amendements depuis, a été définitivement adopté par le première chambre, avec 112 voix pour, 55 contre et une abstention, a précisé la ministre.
Le projet de loi incrimine pour la première fois "certains actes considérés comme des formes de harcèlement, d’agression, d’exploitation sexuelle ou de mauvais traitement", selon une note de son département.
Le texte durcit également les sanctions pour certains cas et prévoit des "mécanismes pour prendre en charge les femmes victimes" de violences.
Sur les réseaux sociaux, les commentaires notent avec amusement que le texte avait été adopté le jour de la Saint-Valentin.
Des associations féministes ont déjà jugé ce texte "insuffisant". "Le projet de loi passe sous silence le problème du +viol conjugal+", avait notamment déploré l'Association marocaine de lutte contre la violence à l'égard des femmes.
Au Maroc, médias et ONG tirent régulièrement la sonnette d'alarme sur le fléau de la violence subie par les femmes, en particulier le harcèlement dont elles sont victimes dans l'espace public, dans une société tiraillée entre modernité et conservatisme.
Le sujet avait été remis au cœur du débat en août dernier avec une vidéo montrant une agression sexuelle collective contre une jeune femme dans un bus de Casablanca.
En milieu urbain, 40,6% des femmes âgées de 18 à 64 ans, ont déclaré avoir été "victimes au moins une fois d’un acte de violence", selon une récente enquête publiée par le Haut-Commissariat au Plan (HCP), l'organisme statistique marocain.
Les lieux publics sont les endroits où la violence à l'égard des femmes est la plus manifeste, d'après l’Observatoire national de la violence faite aux femmes.