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Le patronat tunisien rejette la décision du Maroc de réviser l’Accord de Libre Echange

Maher Ben Aissa, vice-président de la Chambre nationale des sociétés de commerce international en Tunisie, rejette la décision des autorités marocaines de révision partielle de l’accord de libre-échange avec son pays, estimant que le déficit commercial en faveur de la Tunisie n’est pas important.

Le patronat tunisien est vent debout contre la décision du Maroc de révision de l'accord de libre-échange avec la Tunisie, excluant des produits et soumettant d’autres à une taxe unique. Dans une interview accordée à une radio locale, Maher Ben Aissa, vice-président de la Chambre nationale des sociétés de commerce international, a appelé le gouvernement de son pays à saisir une nouvelle fois l’Organisation mondiale du commerce (OMC), comme ce fut le cas lors du différend portant sur les cahiers scolaires tunisiens.

Pour rappel, Rabat avait fixé en janvier 2019 des droits antidumping compris entre 15,69% et 27,71% sur ces produits. En juillet 2021, le recours à l’OMC a permis de donner raison à la plainte tunisienne mais le Maroc a fait appel en août dernier. Outre cette piste, il a invité «le pouvoir politique à entrer en action et soulever ce problème avec les frères marocains».

«Notre deuil est double. Le rêve du grand Maghreb et du marché maghrébin est en train de se volatiliser. La décision des autorités marocaines est un coup dur pour nous (les exportateurs, ndlr) et pour les jeunes tunisiens qui rêvent de voir un jour un marché maghrébin unifiée.» (Maher Ben Aissa)

Le responsable Tunisien reconnaît que son pays a pris les mêmes mesures

Maher Ben Aissa a par ailleurs, rejeté les arguments présentés par les autorités marocaines pour justifier la révision de l’accord de libre-échange avec son pays. Il a reconnu que la Tunisie exporte annuellement vers le royaume 708 millions de dinars (2,5 milliards de dirhams) contre des importations qui ne dépassent pas 307 millions de dinars (environ 983 MDH).

Néanmoins, il s’est refusé à donner des détails sur l’ampleur du déficit. «Certes, la balance commerciale est en faveur de la Tunisie mais cela ne justifie pas la prise de telles mesures. Par exemple, nous avons un déficit avec la Turquie qui dépasse les 3 milliards de dinars (…) Je répète qu’avec le Maroc, nous avons des relations historiques et un marché maghrébin» en suspens, a-t-il ajouté.

Ben Aissa a reconnu «les répercussions économiques» de la décision des autorités marocaines «sur les exportateurs tunisiens». Le vice-président de la Chambre nationale des sociétés de commerce international a également réitéré son appel au gouvernement de son pays à initier un dialogue rapide avec le Maroc en vue de parvenir à une solution de consensus sur ce dossier.

Il a cependant rappelé que la Tunisie a pris les mêmes mesures, en novembre et décembre derniers, pour limiter son déficit commercial aves ses partenaires internationaux, qu’il a estimé à 16 milliards de dinars (plus de 51 milliards de dirhams).

Après le départ du pouvoir de l’ancien président Moncef Marzouki, les relations politiques entre Rabat et Tunis sont froides. Depuis, aucun sommet n’a réuni les leaders des deux pays même si le roi Mohammed VI avait à maintes reprises convié feu Beji Caid Essebssi (2014 – 2019) à se rendre au Maroc. Une invitation adressée également à son successeur Kaïs Saïed, en janvier 2020.

Le Maroc a instauré, depuis le début de cette année, une taxe de 17,5% sur certaines de ses importations en Tunisie. L’année dernière, le royaume avait réclamé de la Turquie une révision de l’accord de libre-échange conclu en 2006.

Cet après-midi à la Chambre des conseillers, le ministre de l’Industrie et du commerce, Ryad Mezzour, a défendu le bienfondé de la conclusion des ALE mais a insisté sur la politique visant à les rééquilibrer.

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