En présentant le Maroc comme une destination de choix pour le tourisme sexuel et les Marocaines, comme des femmes à vendre, une série saoudienne du Ramadan énerve les internautes.
L’humour saoudien irrite au Maroc. Diffusée pendant le Ramadan sur la chaîne publique SBC, la série saoudienne « Chir Chat » a été largement critiquée sur les réseaux sociaux, accusée de véhiculer des clichés sur la femme marocaine et porter atteinte à l’image du Maroc, selon plusieurs internautes marocains.
La femme marocaine y est présentée comme un objet facile à acheter avec de l’argent et le Maroc, comme la destination privilégiée pour « le mariage du plaisir » (Zawaj al-Moutaa, qui consiste à contracter un mariage pour une durée déterminée convenue entre les époux).
En effet, l’épisode 14, intitulé « Marrakech, le dernier voyage », raconte le voyage des trois comédiens saoudiens à Marrakech, première destination touristique du Maroc. Ces derniers cherchent à se marier avec des Marocaines selon le rituel du Zawaj al-Moutaa.
Dans une scène, plusieurs jeunes femmes présentées comme candidates à ce mariage défilent, pendant que les trois protagonistes saoudiens négocient avec un vieux Marocain une certaine somme d’argent pour en choisir une.
Cette scène a provoqué la colère et l’indignation des internautes marocains. Ces derniers ont dénoncé le fait que le Maroc soit présenté comme une destination du tourisme sexuel. D’autres se sont interrogés sur la réaction de l’Arabie saoudite si cette scène avait été tournée à Riyad, et que les candidates à ce mariage de jouissance temporaire avaient été saoudiennes. Plusieurs internautes saoudiens ont également dénoncé l’atteinte à l’image du peuple saoudien.
Devant l’ampleur de la polémique, l’acteur saoudien Hassan Asiri, un acteur principal de la série, s’est exprimé. Dans un entretien accordé à la chaîne Al Arabiya, l’acteur a contesté toute atteinte à la réputation du Maroc. Pour l’acteur, l’épisode « Marrakech, le dernier voyage » avait seulement comme objectif de plaire au spectateur en faisant de l’humour sans l’intention de chercher la provocation ou de susciter l’indignation. D’ailleurs, Hassan Asiri n’a pas manqué de faire la comparaison entre les productions saoudiennes et marocaines. L’acteur a déclaré : « Il ne faut pas exagérer et abuser de cette polémique. Les Marocains sont à fleur de peau sur ce sujet. Lorsqu’un réalisateur marocain a présenté Much loved [un film de Nabil Ayouch] présentant l’homme saoudien comme le plus sale et le plus pervers au monde, aucun Saoudien n’a rétorqué, il n’y a pas eu cette polémique. » « Je pense que les internautes se sont affolés en amplifiant les choses » a-t-il conclu. Mais les arguments de l’acteur saoudien n’ont toujours pas convaincu les internautes.
Texte de Safa Bannani (MEE)Relevés sur Twitter
« Quelle bassesse… Le Maroc est un grand pays dont vous avez fait une destination du tourisme sexuel. Comment peut-on produire une telle série qui nous humilie et insulte un pays arabe comme le Maroc ? »
« Imaginez si, dans une série marocaine, on ramenait vingt Saoudiennes et qu’un Marocain en choisisse une parmi elles pour le mariage du plaisir. Quelle serait la réaction du peuple saoudien ? Sauf que nous, on ne descendra pas à ce niveau de bassesse car ces gens vivent toujours à l’époque des esclaves. C’est une série abjecte »
« L’idée de cette scène est vraiment nulle. Elle porte atteinte à l’image du peuple saoudien. Cet épisode à Marrakech présente le peuple saoudien comme pervers, avec une seule préoccupation, celle d’assouvir son désir sexuel »
« On ne cessera pas de répéter que cette série n’a pas respecté notre société saoudienne, ni la société marocaine avec laquelle nous avons des relations fraternelles. Les responsables doivent présenter des excuses car leur bassesse ne nous représente pas »