À l'occasion de l'Aïd al-Adha, Mohammed VI a gracié 188 personnes liées au mouvement de protestation «Hirak».
Le roi Mohammed VI a gracié 188 personnes liées au mouvement de protestation Hirak condamnées à la fin juin. La grâce a été accordée à l'occasion de la fête religieuse de l'Aïd al-Adha, selon des sources au conseil national des droits de l'homme (CNDH).
Dans un premier temps, le CNDH avait fait état de 11 grâces pour des militants purgeant des peines de 2 à trois ans de prison à Casablanca (ouest) après leur condamnation fin juin au terme du procès-fleuve des meneurs du mouvement de contestation sociale qui a agité la région du Rif (nord), en 2016-2017.
Les autres grâces concernent des personnes condamnées en lien avec les manifestations qui ont agité cette région défavorisée pendant plusieurs mois, avec des sentences prononcées par les tribunaux de Nador (nord) et d'Al Hoceima (nord), la ville épicentre de la contestation, selon des informations publiées par la presse marocaine.
Les détenus du Hirak graciés sont immédiatement libérables. Le CNDH a commencé à se coordonner avec les autorités locales dans différentes villes pour préparer leur retour chez eux, selon un responsable du conseil.
Chefs du Hirak toujours en prison
Le 26 juin dernier, la justice marocaine a condamné à Casablanca un total de 53 activistes accusés de former le noyau dur du «Hirak» à des peines comprises entre un et 20 ans de prison. La sévérité du verdict avait suscité des réactions d'incompréhension et d'indignation sur les réseaux sociaux, suivies par des manifestations de protestation, avec de nombreux appels à la clémence du roi.
Le nombre total de condamnations liées au Hirak n'est pas connu. D'autres militants ont été condamnés par d'autres tribunaux à des peines allant jusqu'à 20 ans de prison après les manifestations qui ont conduit à plus de 400 arrestations, selon les mouvements des droits de l'homme.
Ni le leader du mouvement Nasser Zefzafi, condamné avec trois de ses compagnons à 20 ans de prison pour «atteinte à la sécurité de l'Etat» ni le journaliste Hamid el Mahdaoui, qui a pris trois ans ferme après sa couverture des événements, ne figurent parmi les personnes graciées.
La contestation dans le Rif avait été déclenchée par la mort d'un vendeur de poissons, broyé dans une benne à ordures en octobre 2016, alors qu'il s'opposait à la saisie de sa marchandise. Au fil des mois, la protestation a pris une tournure plus sociale et politique, pour appeler à davantage de développement et à la fin de la «marginalisation».