Le vieux parti conservateur marocain Istiqlal se réserve la possibilité de basculer dans l'opposition au gouvernement islamiste d'ici au mois d'avril prochain. Un sentiment assez bien ancré au sein des troupes. L'hebdomadaire Jeune Afrique en est convaincu.
Le parti Istiqlal ira-t-il vers l’opposition ? L’hypothèse semble de plus en plus se manifester. Ce mercredi 7 mars, le nouveau secrétaire général du vieux parti nationaliste marocain Istiqlal, Nizar Baraka, était en effet invité au Forum de la MAP, l’agence de presse officielle marocaine. Élu à la tête de l’Istiqlal en octobre 2017, aussi président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), il a abordé différents sujets, parmi lesquels la manière dont il perçoit le parti dans le champ politique.
Nizar Baraka a rappelé que sa formation avait décidé d’apporter son soutien au gouvernement en octobre dernier, lors du Conseil national du parti. Ce dernier reste, pour le moment, fidèle à ses engagements. Mais Baraka précise que la formation s’est orientée vers un « soutien critique ». Et le secrétaire général de préciser qu’en avril prochain, le parti pourra toujours « passer à l’opposition constructive », à l’occasion du prochain Conseil national.
« Une majorité de militants veulent aller dans l’opposition », souffle en off un membre dudit Conseil. Les déclarations de Baraka sont-elles une indication de la direction que ses troupes doivent désormais suivre ? « Non », veut croire notre source, pour qui le secrétaire général prend, au contraire, en compte un sentiment bien ancré dans les bases de son parti.
Un difficile ralliement
Noureddine Mediane, député istiqlalien, avance prudemment : « Il est compliqué pour des militants de soutenir un gouvernement auquel il ne participe d’aucune manière et qui n’est pas spécialement enclin à prendre en compte leur point de vue… ».
En novembre 2017, plusieurs rumeurs courraient selon lesquelles le vieux parti conservateur pourrait rejoindre le gouvernement de Saadeddine El Othmani, islamiste du Parti justice et développement (PJD). Nizar Baraka avait même fait passer le message à ses troupes de ne pas s’en prendre trop durement à la majorité.
En juillet 2013, une crise politique avait paralysé l’action gouvernementale : des ministres Istiqlal s’étaient retirés du gouvernement, déjà emmené par le PJD. L’Istiqlal était alors dirigé par Hamid Chabat, qui siège toujours au Conseil national.
Ce dernier avait perdu face à Nizar Baraka par 924 voix contre 234 en octobre dernier. Le Conseil national avait alors été marqué par des accrochages physiques entre militants. « Personne ne sait exactement quelle sera la position du courant porté par Hamid Chabat », glisse une source istiqlalienne. Mais le PJD, lui, doit bien se rendre à l’évidence : l’Istiqlal est un allié fragile.
Source : Jeune Afrique
Le Parti de l'Istiqlal, en français, « Parti de l'indépendance ») est le tout premier parti politique marocain, fondé pour obtenir l'Indépendance du Maroc, et remplacer le protectorat colonial français par une monarchie constitutionnelle , il est de référentiel nationaliste .
La dénomination Istiqlal date de 1934, après la fondation du Comité d'action marocain par Allal El Fassi. Le parti prend officiellement le nom de « Parti de l'Istiqlal » le 10 décembre 1943 sous l'impulsion de Ahmed Balafrej, qui en est le secrétaire-général fondateur auquel succèderont Allal El Fassi qui prend le titre de « Zaim », puis M'hamed Boucetta, Abbas El Fassi.
Reconstruit au sortir de la seconde guerre mondiale par les vétérans de l'agitation nationaliste des vingt précédentes années, il est l'artisan de l'Indépendance du Maroc alors sous protectorat français. Parti nationaliste de droite, défenseur de l'Islam et du « Grand Maroc », il est le moteur principal dans les années 1950 de la réhabilitation d'une monarchie, compromise puis effacée par le protectorat français.
Le parti a été le creuset de ceux qui seront, après l'indépendance, des figures majeures de l'histoire du Maroc: Ahmed Balafrej, son fondateur, Allal El Fassi, son idéologue, Mehdi Ben Barka son organisateur avant de s'en séparer et son conseiller Abdelhadi Boutaleb leurs financiers qui en ont assuré la pérennité (Diouri, ou Laghzaoui).