Après l'indignation virtuelle, place aux actes : quelques milliers de manifestants ont défilé ce dimanche à Casablanca pour la libération des détenus du hirak.
Ce dimanche 8, plusieurs milliers de personnes, près de 5 000 selon le média en ligne Le Desk, ont manifesté à Casablanca pour dénoncer la condamnation des leaders du hirak jugés le 26 juin.
Cette marche, organisée à l'appel de la Fédération de la gauche démocratique (FGD), une alliance de petits partis de la gauche marocaine, intervient quelques jours après la décision des activistes de faire appel de leur condamnation. Ils avaient initialement annoncé qu'ils n'interjetteraient pas appel, mais les sollicitations de leurs familles et de leurs avocats ont eu raison de leurs réticences. Sur les 53 militants, seul Rabie El Ablaq, condamné à cinq ans de prison ferme, a maintenu son refus.
« Vive le peuple marocain et que Dieu bénisse la vie de mon peuple ! ». Détournement d'une acclamation appartenant au registre monarchique – « Que Dieu bénisse la vie de Sa Majesté » – ce slogan, tout comme les drapeaux qui ont été brandis, était expressif du ton général de la marche : militant et réactualisant outre les demandes de libération des prisonniers du hirak, des revendications politiques, économiques et sociales défendues par les mouvements sociaux qui ont percé çà et là au Maroc ces dernières années.
Le cortège de tête était constitué des mères des détenus du hirak et de Nabila Mounib, présidente de la FGD. « Nous considérons, à l’instar du peuple marocain, que ces jugements sont excessivement sévères, et visent à instiller la peur dans l’esprit des citoyens », a-t-elle déclaré au cours de la marche.
Au-dessus des têtes, naviguaient drapeaux palestiniens, amazighs et bannières du Mouvement du 20 février, brandillées par des activistes venus rappeler que si le mouvement s'est désagrégé, ses revendications – et la lame de fond qui l'a porté – demeurent.
En plus de la FGD et d'Annahj Addimocrati, la manifestation a vu la participation de citoyens engagés pour la cause du hirak et d'organisations estudiantines et syndicales proches de la gauche.
Elle a surtout été marquée par la désertion des autres formations politiques : celles représentées au Parlement, majorité et opposition inclues, ont été absentes. Et le mouvement Al Adl Wal Ihsane, un vaste mouvement islamiste non reconnu mais toléré par les autorités marocaines l'a boycottée.
Un jour plus tôt, Al Adl Wal Ihsane a publié un communiqué annonçant qu'il ne prendrait pas part à la marche, malgré les signaux encourageants envoyés par certaines personnalités politiques comme Mustapha Brahma, secrétaire national d'Annahj Addimocrati (parti politique marocain d'extrême gauche).
Dans une déclaration au site d'information Al Aoual, Brahma a invité Al Adl Wal Ihsane à se joindre à la manifestation, et a dit regretter que le mouvement politique ait décidé de ne pas battre le pavé aux côtés des autres soutiens du hirak.
Quoi qu'il en soit, la non-participation d'Al Adl Wal Ihsane semble être la conséquence logique des tiraillements qui existent entre le mouvement et la FGD. Le boycott d'Al Adl Wal Ihsane semble avoir eu des répercussions tangibles sur la marche. Le mouvement, qui dispose d'une assez respectable capacité de mobilisation, a souvent contribué à gonfler les rangs des manifestations.