Maroc - La France a récemment pris une décision historique en reconnaissant officiellement la souveraineté du Maroc sur le Sahara, une initiative saluée par Rabat comme un acte de justice et de soutien à sa politique d'intégrité territoriale. Ce tournant marque non seulement un apaisement des relations entre les deux pays, qui avaient traversé une période de tensions diplomatiques, mais pose aussi les jalons d'un avenir où la position marocaine pourrait obtenir un soutien plus large en Europe.
Une décision au timing stratégique
La reconnaissance de la France intervient à un moment clé pour le Maroc, juste avant un jugement attendu de la Cour de justice de l'Union européenne sur les accords commerciaux incluant les produits issus des provinces du sud. D'après l'expert et ancien ministre Mustafa El Khalfi, cette décision française « réduit la portée de ce jugement », renforçant de fait la légitimité de la position marocaine avant même que de nouvelles pressions juridiques ne voient le jour. Pour El Khalfi, il s’agit d’un changement stratégique majeur, rééquilibrant les relations avec Paris et rappelant les décennies de lutte du Maroc pour l’intégrité de ses frontières.
Une influence étendue sur l'Europe ?
Outre les effets bilatéraux, cette reconnaissance française pourrait bien inspirer d’autres capitales européennes à emboîter le pas. Selon le politologue Mohammed Chiker, le poids de la France en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies et en tant que nation influente au sein de l'Union européenne confère une légitimité accrue au soutien à la marocanité du Sahara. Il note que cette décision pourrait « motiver des États comme l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas et même l’Allemagne à réviser leur position sur le dossier saharien ».
Ce soutien pourrait également encourager certains pays africains à revoir leur reconnaissance de la « République sahraouie », aujourd’hui fragilisée. L'Union africaine, où le Maroc cherche à renforcer son rôle diplomatique, pourrait aussi voir évoluer les positions de certains de ses membres sous l’influence de ce changement de cap européen.
Un contexte de compétition économique
La décision de la France n’est pas exempte d'enjeux économiques. En reconnaissant la souveraineté marocaine, Paris a obtenu de Rabat une série d’accords économiques et commerciaux avantageux, avec des investissements français dans des secteurs stratégiques marocains. Ce partenariat pourrait, selon Chiker, déclencher une « course diplomatique » parmi les partenaires européens. Le Royaume-Uni, par exemple, pourrait être incité à adopter une position similaire pour renforcer ses relations économiques avec le Maroc, surtout dans un contexte post-Brexit où Londres cherche à diversifier ses partenaires commerciaux.
Vers une pression accrue sur l’Algérie ?
Le soutien français pourrait aussi avoir des répercussions régionales, en particulier pour l’Algérie, principal soutien du Front Polisario, qui revendique l’indépendance du Sahara occidental. Ce revirement de la part de la France pourrait pousser Alger à revoir sa politique vis-à-vis de ce conflit de longue date. Selon des observateurs, la France pourrait utiliser son influence pour encourager les discussions autour d’une solution de compromis, telle que le plan d’autonomie proposé par le Maroc, comme base pour un règlement définitif du conflit.
Une étape décisive dans la diplomatie marocaine
En consolidant ses relations avec des alliés de poids comme la France, le Maroc s’assure un soutien stratégique au sein de la communauté internationale pour défendre la marocanité de son Sahara. Le Royaume pourrait ainsi franchir un pas décisif vers la résolution de cette question, fermant progressivement la porte à toute contestation de sa souveraineté sur ce territoire.
L'issue de ce repositionnement diplomatique dépendra en grande partie de la réaction des autres pays européens. Si certains, en particulier dans le sud de l'Europe, suivent l'exemple français, cela pourrait affaiblir encore davantage le Front Polisario et mettre un terme à l'un des conflits les plus anciens du continent africain.