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Sahara : levier de relance maghrébine et pont stratégique entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne

Par Pierre-Michel Nguimbi
Ancien ministre, ancien ambassadeur, président de l’OMA-Congo Brazzaville (Organisation Maroc Afrika)

Le Sahara occidental, longtemps perçu comme un enjeu conflictuel, pourrait désormais devenir une clé majeure pour la stabilité régionale, la relance de la coopération maghrébine et la reconnexion stratégique entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne.

La transformation en cours s’appuie sur une dynamique diplomatique nouvelle, portée par une proposition marocaine d’autonomie avancée pour le Sahara, et renforcée par le soutien explicite de grandes puissances. Pour Pierre-Michel Nguimbi, cette évolution offre une opportunité historique à saisir pour redéfinir l’avenir géopolitique du continent.

Une dynamique diplomatique sans précédent

Depuis 2007, le Maroc propose un plan d’autonomie élargie pour le Sahara, conçu pour concilier deux impératifs fondamentaux :

  • La préservation de l’intégrité territoriale du Royaume ;
  • L’épanouissement culturel, social et économique des populations sahraouies.

Ce projet, qualifié à plusieurs reprises par les Nations Unies de « sérieux et crédible », a récemment bénéficié d’une reconnaissance plus claire et plus assumée sur la scène internationale. Les États-Unis ont réaffirmé leur soutien ferme à ce plan, tandis que la France a franchi un cap diplomatique en déclarant officiellement que l’autonomie est « la base la plus sérieuse et crédible » d’une solution politique durable.

Cette reconnaissance internationale structurée marque un tournant stratégique. Elle crée un momentum politique que les pays africains et les organisations régionales doivent accompagner.

 

Trois défis à relever pour une autonomie effective

Mais cette avancée diplomatique, aussi encourageante soit-elle, pose trois questions clés à la communauté africaine et à ses partenaires :

1. Comment garantir une autonomie sahraouie réelle et vécue ?

La réussite de cette autonomie passe par un ancrage territorial solide :

  • Une gouvernance régionale efficace, basée sur la participation citoyenne, la transparence et la légitimité locale ;
  • Un investissement massif dans le capital humain sahraoui, pour former les élites, techniciens, entrepreneurs et acteurs civiques de demain.

Le développement d’institutions démocratiques robustes est essentiel pour éviter que l’autonomie ne demeure théorique ou instrumentalisée.

2. Comment éviter les blocages régionaux, en particulier de l’Algérie ?

La voie diplomatique reste indispensable. Le Maroc devra poursuivre une diplomatie patiente, inclusive et constante, tout en consolidant ses alliances africaines, arabes et internationales.
Toute tentative de blocage devra être rendue coûteuse politiquement, non pas dans une logique d'affrontement, mais par une mobilisation des soutiens autour d’une vision constructive et inclusive pour la région.

3. Comment s'assurer que les Sahraouis bénéficient directement de cette autonomie ?

L’autonomie ne doit pas rester un concept d’État, mais devenir un projet de vie pour les Sahraouis. Cela suppose :

  • Des investissements dans l’éducation, la santé, les infrastructures ;
  • La création d’emplois durables à travers l’entrepreneuriat local, notamment dans les secteurs stratégiques : énergie verte, agriculture intelligente, tourisme durable, etc.
  • Une implication des jeunes et des femmes, acteurs majeurs de la transformation sociale locale.

 

Vers un Sahara moteur de l’unité africaine

Pierre-Michel Nguimbi, en sa qualité de président de l’Organisation Maroc Afrika (OMA) – Congo Brazzaville, voit dans cette évolution une opportunité continentale. Trois convictions structurent sa vision :

  1. Le Sahara marocain peut devenir un moteur de transition énergétique pour l’Afrique du Nord, grâce à son ensoleillement exceptionnel et ses projets en énergie solaire et éolienne.
  2. Une autonomie réussie peut concilier souveraineté nationale et pluralité culturelle, devenant ainsi un modèle pour d’autres régions africaines confrontées à des revendications identitaires.
  3. La stabilisation du Sahara peut relancer la coopération maghrébine, longtemps paralysée, et ouvrir un corridor économique et politique solide entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne.

 

Une nouvelle ère pour l’Afrique

La stabilité du Sahara marocain ne concerne pas uniquement Rabat, ni même les seuls États du Maghreb. Elle constitue un enjeu panafricain, car elle participe à la redéfinition des alliances régionales, à la sécurité des routes commerciales, à la gestion migratoire, et à la solidarité continentale.

« En politique internationale, les grandes réussites sont celles qui réconcilient la justice, la stabilité et le développement », rappelle Nguimbi. Le plan d’autonomie porté par le Maroc incarne aujourd’hui cette ambition.

 

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