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Tabagisme à l'école : 6,5% des élèves marocains de 15 à 17 ans fument

Bien que les études nationales et internationales montrent que la prévalence du tabagisme a régressé chez les jeunes en milieu scolaire, ce fléau continue de toucher des milliers d’enfants et adolescents au Maroc, mettant leur santé en danger. Ce que fait le ministère de l'Education nationale pour les en dissuader.

(Le Matin) - La Journée mondiale sans tabac, célébrée le 31 mai de chaque année, est l’occasion de rappeler les dangers du tabagisme qui continue à prendre de l’ampleur dans le monde. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) le décrit comme une épidémie et l’une des plus graves menaces ayant jamais pesé sur la santé publique mondiale puisqu’il fait plus de 8 millions de morts chaque année. Les jeunes ne sont pas épargnés par ce fléau. Ils sont nombreux à consommer le tabac à un âge précoce, notamment dans le milieu scolaire. D’après l’Enquête mondiale sur le tabagisme chez les jeunes (GYTS), qui surveille la consommation de tabac des 13-15 ans, la prévalence du tabagisme chez cette frange de la population s’établit à 6% en 2016.

Au Maroc, l’Enquête nationale «MedSPAD», qui évalue l’usage de substances psychoactives et le comportement addictif des élèves scolarisés âgés de 15 à 17 ans, montre que la consommation du tabac semble avoir baissé par rapport aux années précédentes passant de 9,3% en 2009 à 6,5% en 2021. L’étude souligne également que le tabac est le produit psychoactif dont l’expérimentation est la plus précoce chez les élèves de 15-17 ans. Une autre étude publiée par le Conseil économique, social et environnemental (CESE) en 2022 a révélé qu’un demi-million de mineurs au Maroc fument.

Les actions du ministère de l’Éducation nationale pour lutter contre la tabagisme dans l'école 

Afin de combattre le tabagisme en milieu scolaire, le ministère de l’Éducation nationale adopte une approche "transversale, participative et intégrée" à travers des programmes et des plans d’action ainsi que des partenariats multisectoriels et communautaires qui rassemblent plusieurs intervenants. «Des activités sont organisées annuellement pour promouvoir la santé des élèves et lutter contre tout comportement à risque pouvant affecter leur bien-être et, par la suite, leur scolarité, en l’occurrence le tabagisme», déclare au «Matin» Dre Imane Cohen, chef de service de la santé scolaire et des programmes nationaux de prévention au ministère de l'Éducation nationale. «Le ministère adopte également une approche anticipative à travers les résultats des études mondiales et nationales ce qui lui permet de mettre l’accent sur un certain nombre de comportements malsains des jeunes élèves ainsi que des facteurs de risque pouvant accentuer ces comportements et, par conséquent, renforcer et focaliser les activités de sensibilisation entreprises dans ce sens», ajoute la responsable.

Dre Cohen souligne, par ailleurs, que le ministère procède à la sensibilisation des élèves aux dangers du tabagisme à travers les programmes scolaires et les activités parascolaires. «Cette sensibilisation passe par plusieurs mécanismes et approches. Le département de l’Éducation nationale met en place des clubs pédagogues thématiques, des cellules d’écoute et de médiation et des centres d’épanouissement. On accorde également une importance particulière à la lutte contre la violence et la promotion de la tolérance et l’appui aux comportements civiques en milieu scolaire comme facteurs déterminants des comportements addictifs chez les jeunes», explique-t-elle.

La surveillance et la sensibilisation essentielles pour lutter contre le tabagisme chez les jeunes 

Notre interlocutrice rappelle, en outre, que grâce à la coordination entre le département de l’Éducation nationale et le ministère de l’Intérieur à travers la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), des patrouilles des agents de police et de la brigade de motards sont chargées du ratissage du périmètre des établissements scolaires pour combattre toute sorte de comportements insalubres, dont le tabagisme, les tentatives de trafic de drogues, la violence… «Les alentours des établissements scolaires surtout dans les quartiers marginalisés constituent des terrains de chasse pour les trafiquants de drogues et les agresseurs qui préfèrent s’attaquer aux plus jeunes et fragiles de la société. Il est important de rappeler que la vente de tabac aux moins de 18 ans devrait être formellement interdite. D’où la nécessité de renforcer les mesures législatives concernant la vente de tabac aux mineurs», insiste Dre Cohen. Cette dernière rappelle également que le ministère a mis en œuvre, depuis 2007, le programme «Collèges et Lycées sans tabac». Des activités pérennes d’information, de sensibilisation et d’éducation sur les méfaits du tabac sont mises en place à travers ce programme de lutte antitabac au profit des adolescents. Ce programme vise également à offrir de l’aide et l’orientation pour ceux qui veulent renoncer au tabac. «En ce qui concerne le sevrage tabagique, le rôle des enseignants, du staff pédagogique et même de certains élèves est de conseiller et d'orienter les élèves et les enseignants fumeurs vers les établissements relevant du ministère de la Santé pour les aider à arrêter de fumer», indique la responsable. Et d’ajouter que «selon l’étude “GYTS” de 2016, on peut noter que 50% des élèves qui fument ont essayé d’arrêter durant 12 mois. On notera également que 60,3% des élèves ont voulu arrêter de fumer au moment de l’Enquête. Ces données révèlent la nécessité de renforcer les prestations en matière d’aide au sevrage tabagique dans une approche intégrée pour les mettre à la disposition des jeunes désirant arrêter de fumer».

L’usage de la cigarette électronique à l’école, un effet de mode inquiétant

La tendance de l’usage de la cigarette électronique se répand de plus en plus dans les établissements scolaires. L’étude «GYTS» a analysé, pour la première fois en 2016, l’usage de la cigarette électronique chez les jeunes. Ainsi, la prévalence de l’utilisation de la cigarette électronique durant les 30 jours précédant l’Enquête chez ces jeunes de 13 à 15 ans a été de 5,3% avec respectivement 6,3% chez les garçons et 4,3% chez les filles. En 2021, l’Enquête de «MedSPAD Maroc» a étendu, pour la première fois, sa portée aÌ€ la cigarette électronique. Ainsi, l’étude fait part d'une prévalence de 9,4% chez les garçons et de 2% chez les filles pour l’usage au cours du dernier mois par rapport à l’échantillon étudié des élèves de 15 à 17 ans.

L’effet de mode de ces cigarettes représente un risque majeur pour les adolescents, même si elles ne contiennent pas de tabac. D’après l’OMS, ces cigarettes, appelées également vapoteuses, sont particulièrement dangereuses quand elles sont utilisées par les enfants et les adolescents à cause de la grande quantité de nicotine qu’elles contiennent. Cette substance hautement dépendogène aura un impact sur le cerveau des jeunes qui continue à se développer jusqu’à 25 ans environ. La nicotine et les autres produits chimiques composant une e-cigarette peuvent aussi altérer les systèmes respiratoire ou cardiovasculaire des vapoteurs.
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Les conseils aux parents

  • Les parents doivent, tout d’abord, apprendre aux enfants à rester à l’écart des usagers de tabac, en leur signalant les dangers du tabagisme et en les incitant à toujours dire non à la première cigarette.
  • Il faut doter les enfants de toutes les informations scientifiques correspondant au tabagisme afin de les aider à acquérir les compétences et à prendre la décision de l’éviter.
  • Il faut inculquer à ses enfants les valeurs d’amour et d’appartenance à la famille ainsi que leur apprendre à avoir confiance en soi et se référer à la famille devant tout problème rencontré.
  • Il est important de contrôler ses enfants de façon à connaître leurs amis et leurs fréquentations et suivre leurs comportements à l’école par des visites récurrentes.
  • Toujours avoir l’esprit de dialogue avec les enfants et instaurer de bons fondements de communication. Il faut connaître tous les détails et les angoisses de leur vie quotidienne pour les accompagner.
  • Ne pas hésiter à discuter des sujets même sensibles avec les enfants pour assurer un climat de confiance et donner l’exemple à ses enfants en vue de ne pas apprendre à fumer.
  • Essayer de protéger l’enfant contre les mauvaises fréquentations et l’encourager à participer à des activités d’épanouissement selon ses tendances.
  • Montrer des photos réelles et choquantes des sujets fumeurs atteints de problèmes de santé graves à cause du tabac pour tenir compte des conséquences graves du tabac.
  • Conseiller aux enfants de ne pas fréquenter les endroits publics où le tabac est permis et interdire le tabac au niveau de la maison ou de la voiture.
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