Abandonné depuis les années 1990, l’avenir du théâtre Cervantes devrait bientôt être scellé. Après des années de négociations, le Maroc et l’Espagne sont parvenus à un accord. Sa signature est toutefois paralysée par des procédures bureaucratiques et administratives, souligne Yabiladi.
L’accord concernant la cession du mythique théâtre Cervantes à Tanger pourrait être bientôt bouclé. En effet, dans une réponse à un député espagnol, l’ancien gouvernement espagnol dirigé par le Parti Populaire (PP) avait affirmé qu’il existe bel et bien «un accord général avec les autorités marocaines sur les termes du protocole entre l'Espagne et le royaume du Maroc pour la cession du Grand théâtre Cervantes de Tanger», rapporte le site Periodistas.
Cependant, cette cession doit encore faire l’objet d’un vote parlementaire, qui donnera le feu vert pour la signature d’un protocole entre le Maroc et l’Espagne, qui en ait propriétaire depuis 1928. Si aucune décision n’a été rendue, c’est parce que certains désaccords subsistent entre les deux pays.
En effet, des frictions sont apparues concernant le rôle futur du théâtre une fois cédé au royaume, et au sujet de la commission mixte qui se chargera de la programmation. Si le Maroc a finalement accepté d’en faire un centre culturel pour la promotion de la culture espagnole ainsi que marocaine, la commission mixte n’a toujours pas été mise en place et sa validité temporelle est toujours discutée, précise la même source.
Un joyau architectural dont la restauration sera très coûteuse
La réouverture des portes du monument se précise, après plus de 30 ans à l’abandon et dont la restauration nécessitera un budget conséquent. Selon El Mundo, le coût des travaux pour rendre le bâtiment réutilisable, est estimé entre 3 et 5 millions d’euros hors coûts d’équipements et de gestion. Mais les autorités espagnoles avaient indiqué qu’elles ne pouvaient pas investir autant d’argent dans un bâtiment se trouvant hors Espagne.
La lente et longue détérioration du théâtre avait fini par faire réagir plusieurs militants associatifs et amoureux du monument. En 2010 déjà, une association d’étudiants et d’universitaires marocains et espagnols ont tenté de récupérer le théâtre mais le ministère espagnol des Affaires Etrangères avait estimé que même si leur projet culturel était bien ficelé, il ne s’accompagnait pas d’une viabilité économique. En 2013, plusieurs artistes espagnols, marocains et français ont signé un appel pour la récupération du théâtre qui devait être transformé en un centre d’ «innovation scénique de la Méditerranée».
Construit en 1913 par le couple Manuel Pena et Esperanza Orellana puis acquis par le gouvernement espagnol en 1928 pour diffuser la culture espagnole, le théâtre Cervantes est un «des joyaux architecturaux» du patrimoine marocain. Durant les années 1950 il était considéré comme le plus grand théâtre d’Afrique du Nord.
Faiza Rhoul Journaliste Yabiladi.com
Symbole de l’immigration espagnole, le théâtre Cervantes de Tanger a été fondé en 1913, avant de devenir la plus grande scène d'Afrique du Nord. Malgré sa situation actuelle alarmante, le Maroc et l’Espagne peinent à se mettre d’accord pour sauver ce magnifique édifice art nouveau.
Créé par un couple d’émigrés de Cadix à Tanger, le Gran Teatro Cervantes a longtemps représenté la relation entre le Maroc et l'Espagne. Après avoir accueilli le ténor italien Caruso, la comédienne française Cécile Sorel, ou la star égyptienne Youssef Wahbi, puis les plus grandes vedettes espagnoles, le prestigieux théâtre est devenu une salle de cinéma et de catch. Aujourd’hui à l’abandon, sa situation est plus que préoccupante. L’Espagne, toujours propriétaire des lieux, doit vite trouver un accord avec le Maroc pour préserver ce lieu mythique.
C’est en 1903 que Manuel Peña Rodríguez arrive sur la terre nord-africaine. Cet ancien pêcheur de Cadix émigre à Tanger en quête de fortune. Il s’installe dans cette ville internationale où toutes les religions sont pratiquées. La destination n’est pas choisie au hasard car il rejoint le riche oncle de sa femme, Antonio Núñez Reina. Il continue alors son activité en mer de l’autre côté de la Méditerranée, et se lance quelques temps après dans la vente de sangsues médicinales. Elles sont récoltées dans un puits situé dans son jardin potager surnommé « la Huerta del Señor Frasquito el Sevillano ». A la mort de l’oncle d’Esperanza Orellana, le couple acquiert toutes les propriétés en tant que seuls héritiers. Une idée germe alors dans la tête de Manuel Peña Rodríguez. Il va monter un théâtre à Tanger. Pour faire plaisir à sa femme passionnée de théâtre et pour mettre la culture espagnole au cœur de la ville de Tanger, il entreprend des travaux sur le terrain du potager. L’ancien pêcheur devenu riche commerçant cherche à faire peser la culture de son pays dans une ville également occupée par les Français et les Britanniques.