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Un nouveau corridor stratégique : le Maroc renforce sa connectivité sahélienne.

Maglor - Le projet de construction d’un point de passage routier reliant le Sahara marocain à Tindouf suscite des inquiétudes en Algérie et au sein du mouvement du Polisario. Cette initiative, qui permettrait de réduire considérablement la distance entre Tindouf et Laâyoune, représente un tournant majeur dans la dynamique régionale. Alors que les habitants des camps de Tindouf étaient jusqu’ici contraints d’emprunter des itinéraires longs et contraignants via la Mauritanie ou l’Espagne, cette nouvelle route ouvrirait une voie directe et rapide vers le Sahara marocain.

Un impact majeur sur la mobilité des populations de Tindouf

Actuellement, le trajet entre Tindouf et Laâyoune s’étend sur près de 2 950 kilomètres, forçant les voyageurs à contourner toute la Mauritanie. Avec ce nouveau corridor, cette distance serait réduite à seulement 870 kilomètres, facilitant ainsi les déplacements et renforçant l’attractivité du Sahara marocain pour les populations sahraouies vivant dans les camps. Ce développement inquiète particulièrement l’Algérie et le Polisario, qui craignent un départ massif des habitants de ces camps, remettant en question leur contrôle et leur influence dans la région.

Une dynamique d’intégration régionale accrue

Ce projet s’inscrit dans une vision plus large de développement et de renforcement des infrastructures de transport dans la région sahélo-saharienne. Dans le même esprit, le Maroc a récemment annoncé la création d’un passage frontalier avec la Mauritanie entre la ville de Smara et la localité de Bir Moghrein. Ce projet comprend l’extension de la route nationale RN17 sur 93 kilomètres, facilitant ainsi l’accès aux communes d’Amgala et de Tifariti.

En parallèle, la construction d’une station routière et la mise en place d’une ligne de taxis visent à fluidifier la circulation dans cette zone clé. Selon la présidente de la commune d’Amgala, Fatima Sayeda, cet aménagement s’inscrit dans l’Initiative atlantique, un programme ambitieux visant à doter les pays sahéliens d’un accès direct à l’océan Atlantique grâce au réseau d’infrastructures marocain.

Un levier stratégique et économique

Au-delà de la mobilité, ces nouvelles infrastructures ouvrent des perspectives économiques considérables. Elles faciliteront les échanges commerciaux entre le Maroc et ses partenaires sahéliens, renforçant ainsi l’intégration économique régionale. En désenclavant certaines zones isolées, ces routes permettront également un meilleur accès aux services et aux opportunités de développement, contribuant ainsi à la stabilité et à la prospérité de la région.

Une redistribution des équilibres géopolitiques

Ces avancées logistiques ne sont pas sans implications politiques. En facilitant les déplacements et en offrant des alternatives aux routes contrôlées par l’Algérie, le Maroc renforce son rôle de plaque tournante des échanges africains. Cette initiative remet également en question l’isolement stratégique imposé aux populations sahraouies vivant dans les camps de Tindouf, ce qui pourrait accentuer les pressions en faveur d’un règlement du différend autour du Sahara.

Alors que l’Algérie et le Polisario expriment leur inquiétude face à ces évolutions, le Maroc continue de déployer une stratégie d’intégration régionale ambitieuse, misant sur la connectivité et le développement économique pour renforcer son influence et consolider sa position sur l’échiquier africain.

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