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Vacanciers tués entre le Maroc et l’Algérie : une plainte déposée à Paris

L'affaire a désormais franchi la Méditerranée. Dans la soirée du 29 août, deux Franco-Marocains ont perdu la vie, tués par des gardes-côtes algériens alors qu'ils se trouvaient sur des jet-skis au large de la frontière algéro-marocaine. Ce mardi matin, selon nos informations, une plainte a été déposée à Paris par leurs proches.

Une plainte a été déposée contre X pour une série d'infractions graves, notamment « assassinat, tentative d'assassinat, détournement de navire et non-assistance à personne en danger ». Cette plainte, portée par l'avocat de la famille en France, Me Hakim Chergui, a pour objectif de faire la lumière sur les circonstances entourant la mort tragique de Bilal Kissi et Abdelali Mechouar, deux pères de famille originaires de Seine-Saint-Denis qui étaient en vacances au Maroc.

Parallèlement, le parquet de Paris a ouvert une enquête pour homicide volontaire, confiée à la brigade criminelle de la police judiciaire de Paris, selon les informations de l'AFP. Cette enquête vise à élucider les responsabilités dans cette affaire qui a bouleversé les familles des victimes.

Le récit des événements a été relaté par Mohamed Kissi, le seul membre du groupe à être sorti indemne de cette tragédie. Il explique que quatre hommes, dont deux frères, leur cousin et un ami, ont décidé de partir en jet-ski le 29 août aux alentours de 16 heures depuis la station balnéaire de Saïdia. Cependant, au cours de leur expédition, ils se sont égarés en mer et ont involontairement dérivé vers les eaux territoriales algériennes, leur réservoir d'essence étant presque vide.

Vers 19 h 47, ils ont été confrontés à des gardes-côtes algériens. Selon le témoignage de Mohamed Kissi, un Zodiac s'est approché rapidement du groupe. Les vacanciers ont tenté de communiquer leur situation précaire avant de faire demi-tour. C'est à ce moment que les gardes-côtes ont ouvert le feu, touchant mortellement deux d'entre eux et en bénissant un troisième. Mohamed Kissi a eu la chance de s'éloigner et de s'arrêter pour éviter d'être pris pour cible. Il a finalement été secouru par la marine royale marocaine.

En revanche, le Franco-Marocain Smaïl Snabé a été appréhendé par les gardes-côtes algériens et est actuellement détenu en Algérie, où il aurait été condamné en comparaison immédiate pour entrée illégale sur le territoire.

Le ministère des Affaires étrangères a été contacté pour obtenir des commentaires sur cette affaire, mais il a décliné toute déclaration en référence à une décision de justice. Toutefois, il a été précisé que le ministère suit de près la situation du ressortissant français détenu en Algérie, en collaboration avec sa famille. Le Quai d'Orsay a également indiqué qu'une visite consulaire serait organisée dès que les autorisations nécessaires seraient obtenues, conformément aux dispositions de protection consulaire applicables à tout citoyen français détenu à l'étranger.

Les autorités algériennes ont reconnu avoir ouvert le feu sur les deux victimes dans un communiqué du ministère de la Défense algérien. Le corps de l'un des défunts n'a été repêché que le lendemain de l'incident, suscitant des interrogatoires sur les circonstances de cette tragédie. Les autorités algériennes ont évoqué un "refus d'obtempérer" de la part des vacanciers et ont affirmé avoir procédé à des avertissements verbaux avant les tirs de sommation. Elles ont justifié leur action en invoquant la présence d'activités de trafic de drogue et de crime organisé dans la région. Cependant, l'avocat des proches des victimes, Me Hakim Chergui, a vivement réagi en soulignant la nécessité pour les autorités de justifier la proportionnalité de leurs actes. Il a qualifié cette tragédie d'exécution extrajudiciaire,

Les deux victimes, Bilal Kissi, âgé de 29 ans, et Abdelali Mechouar, âgé de 40 ans, étaient originaires de Seine-Saint-Denis. Bilal Kissi était commerçant à Clichy-sous-Bois, tandis qu'Abdelali Mechouar exerçait la même profession à Montfermeil. Les parents d'Abdelali Mechouar réclament le rapatriement de son corps afin de pouvoir lui offrir des funérailles dignes.

Du côté marocain, les autorités ont adopté une attitude prudente dans cette affaire délicate. Le Conseil national des droits de l'homme (CNDH), une instance officielle, a cependant d'énoncé l'utilisation d'une munition réelle par les gardes-côtes algériens dans les eaux territoriales orientales de la Méditerranée contre des citoyens non armés. Le CNDH a souligné que les autorités auraient dû agir conformément aux normes internationales et au droit international des droits de l'homme en portant secours et assistance aux personnes en détresse en mer, plutôt que d'opter pour une action qui constitue, selon eux, une grave violation des normes internationales.

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